Georges Michel
C’était donc cela la moralisation de la vie publique !
C’était donc cela, la moralisation de la vie publique !
Un Thierry Solère qui se fait tordre le bras pour quitter sa confortable questure de l’Assemblée nationale et un Olivier Dussopt, sorte de « Jean qui pleure et Jean qui rit », capable de voter à l’Assemblée contre le budget 2018 et d’aller défendre ce même budget quelques jours après au Sénat, une fois nommé au gouvernement.
Cette affaire de moralisation de la vie publique semblait pourtant bien partie.
Au début.
Apparemment.
On allait voir ce qu’on allait voir.
On se souvient même que c’était François Bayrou qui avait théâtralisé la chose le 22 février de cette année, lorsqu’il s’allia avec le candidat d’En Marche ! : « Je demande expressément que le programme qui sera présenté par Emmanuel Macron comporte en priorité une loi de moralisation de la vie publique », déclarait-il, solennel, dans une conférence de presse.
C’était en quelque sorte sa corbeille de mariée.
En fait, une corbeille de linge sale qu’il eut juste le temps de déposer sur la table du gouvernement avant de s’en retourner à ses chères études, accompagné de ses acolytes du MoDem…
Le projet de loi occupa les longues journées et soirées d’été de la nouvelle Assemblée.
Comme le mot « moralisation » sentait sans doute son moralisme d’un autre temps et que, peut-être, l’affaire Ferrand – qui, donc, n’en était pas une, si l’on a bien suivi – passa par là, on changea l’intitulé de ce projet de loi (en fait, deux lois : une loi ordinaire et une loi organique) et l’on parla désormais de la loi « pour la confiance dans la vie politique ».
Aurore Bergé se prenait pour Mirabeau et l’on vota cette loi dans l’exaltation d’une nouvelle nuit du 4 août.
Le fait qu’un député n’emploierait plus sa femme, son fils ou sa belle-mère comme assistant parlementaire allait subito rétablir la confiance des citoyens dans la vie politique.
Nous allions entrer dans une nouvelle ère.
Comme si le mal n’était pas plus profond.
Car où sont la moralisation de la vie publique, la confiance dans la vie politique, quand un Thierry Solère affiche un cynisme insolent ?
Dimanche soir, il n’était pas question qu’il démissionne de son poste de questeur.
La tradition veut qu’un poste soit réservé à l’opposition depuis 1973 ?
Foutaises, fadaises d’un autre temps.
C’est mon poste.
Point barre.
Aujourd’hui, sous la pression, toute honte bue, Thierry Solère annonce qu’il va démissionner de la questure avant la fin de l’année.
Sa morale ? Le rapport de force, c’est tout.
Et Richard Ferrand de saluer l’élégance du geste !
On peut s’étonner, du reste, que la presse ne retienne surtout que les propos violents qu’il avait tenus à l’égard d’Emmanuel Macron en 2014.
Toujours l’anecdotique au détriment de l’essentiel.
Car l’essentiel, c’est bien le budget.
Quel est l’acte central, majeur, déterminant de tout gouvernement, tant à l’échelon national que régional ou local ?
Le budget, évidemment.
Le budget qui est la traduction, en chiffres, d’une politique publique.
Voter contre le budget et le défendre moins d’une semaine après révèle le niveau de morale politique de M. Dussopt.
On notera avec intérêt que Bercy est devenu le haut lieu des ralliés de tous bords : Le Maire, Darmanin et maintenant Dussopt.
Pour faire bon poids, on devrait bien pouvoir y trouver une petite place pour Thierry Solère au prochain remaniement.
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