Le film-catastrophe Ruée incontrôlée sur l’Europe vient de s’enrichir ces jours-ci d’une séquence particulièrement éprouvante.
C’est Le Figaro du 20 novembre qui nous la dévoile par un article de Jean-Marie Leclerc d’abord intitulé : « Nice s’érige en verrou de la frontière sud », titre anodin par rapport à un contenu explosif. Le chapeau dit : « La police fait face à une seconde vague migratoire venue de Tunisie et d’Algérie qui inclut nombre de repris de justice ».
La lecture de l’article donne plusieurs raisons pour tomber de sa chaise : flottilles de petits bateaux indétectables par les radars et chargés de délinquants relâchés des prisons surpeuplées du Maghreb, débarquements clandestins d’islamistes qui, à la différence des subsahariens, ne se laissent pas relever les empreintes et refusent l’aide des bénévoles de la Croix-Rouge pour ne pas se faire détecter.
Tout ça en aggravation de l’interminable et ridicule partie de ping-pong entre policiers français et policiers italiens qui se renvoient les migrants de Menton à Vintimille et de Vintimille à Menton.
« La solution ne saurait être seulement policière »
Il faut reconnaître que le président de la République et le ministre de l’Intérieur ont posé des actes forts contre les islamistes : le premier a lâché des ballons multicolores dans le ciel de Paris le 13 novembre, le second allume des bougies à sa fenêtre.
L’exemple australien ?
Il faut reconnaître aussi qu’ils « se tiennent au courant heure par heure de la situation ».
Mais se tenir au courant d’une situation n’est pas intervenir.
Alors, M. Macron l’autoritaire et M. Collomb tolérance-zéro-comme-à-New-York, on se décide, on fait quelque chose ?
Un attentat gravissime, une voiture piégée devant les vitrines de Noël sur les Grands Boulevards, un ou plusieurs des malfaiteurs ayant transité ces jours-ci par une plage de Sardaigne ou de Sicile, et c’en est fini de vos carrières.
Vous iriez allonger la longue liste des disparitions politiques de 2017.
L’article très détaillé de Jean-Marie Leclerc se termine par une phrase sidérante : « une chose est sûre, la solution ne saurait être seulement policière ».
Et l’auteur s’arrête, terrifié à la pensée du lynchage médiatique qui s’abattrait sur lui s’il allait au bout de sa pensée.
Preuve que la gauche morale dicte encore les limites de ce qu’on peut dire ou ne pas dire, même à un journaliste courageux du Figaro.
Personne, strictement personne, dans les journaux et médias où l’on signe ses opinions de son nom, personne n’ose mettre les pieds sales du réalisme dans le plat mal cuit et douceâtre de la bien-pensance.
Alors allons-y, posons.
La seule façon d’arrêter la ruée exponentielle vers l’Europe est la force militaire.
Il me semble qu’il existe une marine militaire française en partie basée à Toulon.
Il me semble que, dans les auto-stops de ma jeunesse, je me suis retrouvé sur une haute colline dominant le port italien de Tarente et qu’il y avait des cuirassés à perte de vue dans la rade.
Je suppose qu’il existe une flotte militaire espagnole en Méditerranée.
A quoi servent-elles ?
A repêcher quelques migrants dans le cadre de l’opération Frontex et à intimider Bachar Al-Assad en stationnant au large des côtes de Syrie.
Il faut désormais que ces flottes arrêtent manu militari toute embarcation qui se dirige du sud au nord, et ramènent au bercail africain leurs passagers.
C’est ainsi que les Australiens, aidés par d’autres territoires, reconduisent en Indonésie les embarcations égarées dans le détroit de Torrès.
Les plus courageux des faiseurs d’opinion nous disent : oui, il faut arrêter ce déferlement incontrôlé, et la meilleure manière d’y parvenir, c’est de développer l’Afrique.
Voilà une idée parfaitement colonialiste et raciste puisqu’elle suppose que les Africains sont incapables de résoudre leurs problèmes eux-mêmes.
Certes ils doivent lutter contre deux calamités gigantesques qui appauvrissent leur continent et l’empêchent d’avancer : l’hypernatalité et l’hypercorruption.
Le président Macron lui-même, qui n’est pas aveuglé par les œillères idéologiques de son prédécesseur, a déclaré que 8,2 enfants par femme, c’était beaucoup trop pour permettre le développement.
La Méditerranée oui, le Mali non
Quant à l’hypercorruption, l’exemple du Mali n’incline pas à l’optimisme.
On se souvient peut-être des « châteaux de la sécheresse », ces splendides demeures construites à Bamako dans les années 1970 avec les dons destinés à secourir les victimes des violentes sécheresses qui avaient affamé le Sahel.
Voilà que Le Monde, oui Le Monde, le journal phare de la pensée correcte, a publié le 17 novembre un article consternant de Christophe Ayad qui a pour titre « Le Mali est notre Afghanistan ».
Article consternant, non par les qualités d’analyse de ce journaliste mais par ce qu’il révèle.
Et on se demande comment ces révélations ont bien pu passer sous les radars du rédacteur en chef.
D’abord, la présence de l’armée française « accélère la corruption, l’irresponsabilité des élites et les manipulations de la classe politique ».
Ensuite, l’armée française, comme l’armée américaine en Afghanistan, unifie et mobilise contre elle ceux qu’elle était venue combattre, elle construit sans le vouloir la rébellion au lieu de la détruire. Enfin le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta a « détourné l’argent prévu pour la reconstruction de cette région sinistrée (le nord sahélien du pays), et il n’a rien fait pour reconstruire l’armée malienne ».
Malgré tout son sable, ce pays est devenu pour nous un bourbier, et je me demande quel imbécile y a poussé l’armée française.
Si l’on attend le développement de l’Afrique pour arrêter les navigations clandestines en Méditerranée, l’Europe sera depuis longtemps dans les fers de régimes dictatoriaux impitoyables, ou dans les feux des guerres civiles, ou les deux à la fois.
L’automne 17 est un printemps
Terminons sur une note plus gaie.
Cette fin 2017 me semble montrer les signes précurseurs d’une mutation idéologique qui nous débarrasserait enfin des tabous et des a priori du politiquement correct.
La gauche française est dans un état de décomposition avancée sur le plan politique comme sur le plan syndical.
Le tweet antisémite de Gérard Filoche, un homme avec un riche passé d’inspecteur du travail et de tueur d’entreprises, prouve que la débâcle atteint maintenant les idées.
La gauche se noie, eh bien maintenons-lui fermement la tête sous l’eau.
L’automne 17, automne forcément révolutionnaire, me paraît être en réalité un printemps de la pensée conservatrice.
Conservatrice au sens finkielkrautien de protection de ce qui est beau, fragile et menacé, comme la France et l’Europe aujourd’hui.
Partout s’épanouissent les Cent Fleurs de la pensée conservatrice et salvatrice.
Je ne citerai pas le nom des Français, bien connus de tous et particulièrement des lecteurs de Causeur, mais je tresserai une couronne de lauriers bien verts et tout juste coupés à Mathieu Bock-Côté, notre cousin québécois, magnifique essayiste et écrivain, preuve vivante de la vigueur du français d’Amérique.
Il vient de publier dans un grand journal du matin un bel article sur la pédagogie de l’admiration, mais c’est lui qui est admirable.
Admirable de courage, de lucidité et de vigueur de style.
A tous les Français, surtout à ceux de mon âge qui se rongent les sangs et craignent le pire pour notre pays, je conseille de lire Mathieu Bock-Côté, c’est meilleur pour la santé et plus efficace que l’alcool ou les anxiolytiques.
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