Un mineur de 17 ans qui tombe pour proxénétisme, voilà qui est peu commun.
C'est pourtant l'exact mais troublant constat fait par les enquêteurs, qui ont démantelé un réseau qui sévissait à Marseille depuis 2015.
Après des mois de calvaire, Aurélie (1), 21 ans, a fini par se résoudre à tout raconter aux policiers.
Et notamment comment elle était retenue et obligée de se livrer à la prostitution.
Elle était frappée si elle s'y opposait
La jeune femme, qui avait quitté le domicile familial à la suite de difficultés relationnelles avec sa mère, s'était retrouvée dans un foyer de la Croix-Rouge (13e).
Elle avait accepté de suivre à son domicile un certain Redha Haftari, 20 ans, qui lui avait proposé de l'héberger dans un hôtel de Belsunce (1er).
Dès son arrivée le 21 octobre 2015, elle avait été présentée comme une fille facile et il l'avait forcée à avoir des relations sexuelles avec un certain Mohamed, un mineur de 17 ans.
Dès lors, elle avait dû faire ce que les deux hommes lui imposaient de faire.
Si elle s'y opposait, elle recevait des gifles, était tirée par les cheveux, subissait des actes humiliants, jusqu'à être aspergée par un extincteur.
Ils l'avaient aussi inscrite sur un site de rencontres pour la prostituer.
Elle avait enfin fait la connaissance d'un nommé Yacine Ouazene, 29 ans, qui avait d'abord feint de jouer les protecteurs, avant de réitérer les mêmes menaces et actes sexuels contraints que les deux autres.
Il l'aspergera de gaz lacrymogène et lui portera des coups de taser sur le corps.
Aurélie devra même tourner des scènes érotiques destinées à être mises en ligne.
La perquisition au domicile de Yacine Ouazene a mis au jour un véritable arsenal de munitions et d'armes de tous types.
Les enquêteurs saisiront des fiches clients mentionnant la nature, la durée des prestations et les grilles tarifaires appliquées.
Dans une ordonnance du 17 octobre, le juge Clara Grande a renvoyé les deux majeurs devant le tribunal correctionnel pour "proxénétisme aggravé", le mineur devant le tribunal pour enfants.
Pour Me Alain Lhote, partie civile au nom des Équipes d'action contre le proxénétisme, ce dossier "est emblématique de certains hommes qui ne sont pas que des porcs mais au-delà de toute humanité, des êtres profondément ignobles".
(1) Son prénom a été changé, afin de préserver son intimité.
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