Les assistants "locaux" évoqués par l'ancien assistant parlementaire auraient travaillé au siège de l'UDF, puis du MoDem, à sa création en 2007. (THOMAS SAMSON / AFP)
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Un ancien assistant parlementaire européen, qui a passé cinq ans à Bruxelles au Parlement auprès d'un eurodéputé centriste, affirme avoir été le témoin d'un système d'emplois fictifs au sein du Mouvement démocrate.
C'est un témoignage exclusif qui pourrait de nouveau se révéler bien embarrassant pour le patron du MoDem François Bayrou.
Celui d'un ancien assistant parlementaire européen qui a passé cinq ans à Bruxelles, au Parlement, auprès d'un eurodéputé centriste.
Cet homme affirme avoir été le témoin d'un système d'emplois fictifs au sein du Mouvement démocrate, révélé par franceinfo.
Certains députés se sont plaints
Il ne veut pas que l'on dévoile son identité, mais il se dit prêt à livrer son histoire à la justice.
Ce qu'il a vu lorsqu'il était assistant parlementaire entre 2004 et 2009 l'a profondément choqué.
Selon lui, des eurodéputés MoDem auraient rémunéré avec des fonds européens des collaborateurs qui, dans les faits, n'auraient jamais travaillé pour l'Europe.
Cet homme nous a confié que certains députés européens du MoDem se plaignaient même de ne pas pouvoir disposer de ces assistants qui étaient pourtant censés être à leur service.
Lui-même a été prié par son eurodéputé de réclamer des preuves de travail à l'un de ses collègues qu'il n'avait jamais croisé.
Les élus avaient clairement conscience d'être dans l'illégalité, mais ils ne pouvaient pas refuser, nous a-t-il expliqué, sous peine de ne pas être investis aux prochaines élections.
"Il s'agissait bien d'emplois à temps partiels fictifs"
"On ne découvre rien du tout !"
Des menus travaux pour tromper les contrôles
"J'ai vu que des parlementaires, à plusieurs, finançaient des temps partiels d'assistants parlementaires qui ne fournissaient aucun travail pour le député", explique le témoin.
Aussi, les députés contraints à jouer le jeu se rendaient compte au bout de quelques mois de législature que l'assistant ne fournissait pas de travail.
"Les parlementaires, poursuit-t-il, conscients du risque juridique, réclamaient avec beaucoup de difficultés que l'assistant, de temps en temps, se manifeste, transmette une note sommaire sur un sujet ou une petite revue de presse, qui permettrait d'apporter une preuve qu'un travail a bien été effectué, au cas où il y aurait des contrôles."
Les assistants "locaux" évoqués par l'ancien assistant parlementaire auraient travaillé au siège de l'UDF, puis du Modem, à sa création en 2007.
Ils étaient, selon lui, des communicants, de jeunes militants ou des cadres du parti centriste.
Et, contrairement, aux dénégations du MoDem, dit encore ce témoin, les eurodéputés ont été sommés de se conformer à un système qui aurait permis au MoDem de faire d'importantes économies.
"Les budgets des assistants parlementaires servaient à financer le fonctionnement du parti politique, au moins en partie, explique-t-il. Les temps partiels qui étaient financés par l'Europe servaient les ambitions de François Bayrou. Il s'agissait bien d'emplois à temps partiels fictifs. François Bayrou ment quand il dit le contraire..."
Jusqu'ici, notre enquête a permis d'identifier une dizaine de salariés du MoDem qui étaient également payés en partie par le Parlement européen, principalement sur la période 2009/2012.
Ce que ce témoin affirme, c'est que le système préexistait sur la mandature européenne précédente, entre 2004 et 2009.
Et le MoDem n'est peut-être que la partie émergée de l'iceberg, selon le député Nouveau Centre Charles de Courson.
Pour cet élu, ancien conseiller de la Cour des comptes, il est temps que les masques tombent.
"On ne vas pas faire semblant : on ne découvre rien du tout ! Tout le monde le sait, tout le monde connaît ce système, explique Charles de Courson. Il suffit de faire un petit contrat à temps très partiel avec le parti et de faire payer le reste par le Parlement européen. Il y a d’autres courants politiques concernés. D’ailleurs, c’est une pratique qui ne concerne pas que les eurodéputés, elle peut concerner les parlementaires nationaux."
Jeudi, les enquêteurs de l'office anticorruption de la police judiciaire ont recueilli le témoignage de l'ancien responsable web du MoDem.
Cet ancien assistant de Jean-Luc Bennahmias affirme n'avoir jamais travaillé pour l'ex-député européen.
Il était le seul à le dire publiquement jusque-là.
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