L'audit de la Cour des comptes qui sera publié jeudi évoque un trou de 9 milliards d'euros dans le budget pour atteindre les engagements sur le déficit public fixés par François Hollande et Michel Sapin.
Par Sébastien Pommier, publié le
L'audit publié jeudi par la Cour des comptes évalue à 9 milliards le trou dans les comptes de l'Etat. Une mauvaise nouvelle et un casse-tête pour le nouveau gouvernement.
Il y a neuf mois, Michel Sapin et son "fidèle professeur de mathématique" Christian Eckert, n'étaient pas peu fiers de présenter les grandes lignes du dernier budget du quinquennat Hollande.
Au dernier étage de Bercy, les deux anciens locataires jonglaient alors entre attaques contre le programme de la droite, et défense d'une trajectoire budgétaire enfin des clous de nos engagements européens.
Seulement, si le Budget 2017 devait permettre "à la France de sortir de la procédure de déficits accumulés depuis 2008", et donc de repasser sous la barre fatidique des 3% de déficit public, il semblerait bien que les projections du dernier gouvernement étaient particulièrement optimistes.
Les prévisions "insincères" de l'équipe Hollande
En effet, selon Le Canard Enchainé de cette semaine, l'audit commandé par le nouvel exécutif à la Cour des comptes sur la situation budgétaire du pays -rapport qui doit être publié jeudi- acte un manque de 9 milliards d'euros pour atteindre la prévision de déficit 2017 à 2,8% du PIB.
Ce "trou" atteindrait même 17 milliards d'euros en 2018, en raison notamment de dépenses de la dernière année qui s'annoncent supérieures de 10 milliards à ce qui avait été prévu.
Photo d'illustration: le président de la Cour des comptes Didier Migaud le 10 février 2016.REUTERS/Charles Platiau
"Des hauts fonctionnaires du Trésor et du Budget ont alerté les magistrats", précise Le Canard enchaîné, qui indique que l'audit de la Cour des comptes qualifie d'"insincères" les prévisions budgétaires présentées à la fin du quinquennat Hollande.
Les deux ministres de l'Economie et du Budget auraient même sous-évalués les notes des hauts fonctionnaires de Bercy et leurs "sombres constats (qui) ne cadraient pas avec le désir d'afficher une situation budgétaire qui s'améliorait", selon un magistrat de la Cour.
Les chiffres repris par l'hebdomadaire satirique confirment ainsi plusieurs estimations (et rumeurs) publiées ces derniers jours, évaluant le déficit public à 3,2% cette année, soit un dérapage de 8 à 9 milliards d'euros par rapport au cap des 2,8%.
Un engagement pourtant reformulé début avril lors de la présentation du programme de stabilité envoyé à Bruxelles.
Un engagement pourtant reformulé début avril lors de la présentation du programme de stabilité envoyé à Bruxelles.
De nouveaux arbitrages dès cet été?
Le nouveau gouvernement, qui comme le veut la tradition a commandé ce rapport à la Cour des comptes afin de disposer d'une publication "transparente", n'a pas fait mystère de cette situation, multipliant ça et là les messages alarmistes.
"Il faut que l'Etat, les collectivités locales, les dépenses sociales, chacun fasse un effort", a indiqué Bruno Le Maire sur le plateau de TF1 lundi soir.
Le Premier ministre Edouard Phlilippe avait sous-entendu dans L'Express la semaine dernière qu'un serrage de vis budgétaire serait possible dès 2017 selon la situation exacte des finances publiques.
"Il faut que l'Etat, les collectivités locales, les dépenses sociales, chacun fasse un effort", a indiqué Bruno Le Maire sur le plateau de TF1 lundi soir.
Le Premier ministre Edouard Phlilippe avait sous-entendu dans L'Express la semaine dernière qu'un serrage de vis budgétaire serait possible dès 2017 selon la situation exacte des finances publiques.
Durant la campagne électorale, Emmanuel Macron s'est lui engagé à ramener le déficit sous la barre des 3% cette année, ce qui impliquerait de trouver "seulement" 4 à 5 milliards d'euros pour boucler le budget 2017.
Alors que les premières feuilles de routes ont été envoyées aux ministères, que se profile toujours la promesse de la suppression de la taxe d'habitation pour 80% des Français (8 milliards), de l'allégement des cotisations patronales et salariales (entre 3 et 4 milliards) ou encore de la transformation du CICE en baisse de charges (20 milliards), la nouvelle équipe gouvernementale devra faire des choix dès cet été sur les réformes qu'elle juge nécessaire... et celles qui peuvent attendre.
Alors que les premières feuilles de routes ont été envoyées aux ministères, que se profile toujours la promesse de la suppression de la taxe d'habitation pour 80% des Français (8 milliards), de l'allégement des cotisations patronales et salariales (entre 3 et 4 milliards) ou encore de la transformation du CICE en baisse de charges (20 milliards), la nouvelle équipe gouvernementale devra faire des choix dès cet été sur les réformes qu'elle juge nécessaire... et celles qui peuvent attendre.
Car dans son programme, souvent jugé déséquilibré malgré de réelles volontés d'économies, les dépenses prévues en début de quinquennat par le président Macron seront nombreuses.
Hausse du budget de la Défense (3,5 milliards), ouverture de l'assurance-chômage aux démissionnaires et aux indépendants (4,8 milliards), transformation de l'ISF (2 milliards)...
Soit autant de manque à gagner pour les caisses de l'Etat qui devrait une nouvelle fois couper dans les dépenses pour entrer dans les clous.
Entre la gestion du solde de l'héritage Hollande et le financement du programme Macron, il devrait y avoir du travail cet été pour les fonctionnaires de Bercy.
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Hausse du budget de la Défense (3,5 milliards), ouverture de l'assurance-chômage aux démissionnaires et aux indépendants (4,8 milliards), transformation de l'ISF (2 milliards)...
Soit autant de manque à gagner pour les caisses de l'Etat qui devrait une nouvelle fois couper dans les dépenses pour entrer dans les clous.
Entre la gestion du solde de l'héritage Hollande et le financement du programme Macron, il devrait y avoir du travail cet été pour les fonctionnaires de Bercy.
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