Deutsche Bank est-elle en perdition ?
Autrefois fleuron de la finance allemande, le géant bancaire, un des plus importants de la planète par la taille de son bilan (1.600 milliards d’euros), n'en finit pas de s'effondrer en Bourse, plombé par ses errements passés et par des inquiétudes grandissantes sur sa santé.
L’action, qui vaut moins qu’en 2009 (au pire de la crise financière de la fin des années 2000), a perdu 89% depuis le sommet de mai 2007 et 50% depuis début 2016.
Un effondrement boursier qui alimente de fréquentes spéculations d'augmentation de capital.
L'établissement souffre durement des incertitudes liées au Brexit.
S'y ajoute la fragilité chronique des banques italiennes, qui sème le doute sur la solidité des autres acteurs européens.
Ces difficultés, communes à l’ensemble du secteur, se greffent sur des faiblesses propres à Deutsche Bank, récemment qualifiée de "source majeure de risque" par le Fonds monétaire international (FMI).
Le groupe allemand "apparaît comme le plus important contributeur net aux risques systémiques au sein du secteur bancaire international, devant HSBC et Crédit Suisse", a en effet averti le FMI.
Pour ne rien arranger, la filiale américaine de Deutsche Bank a échoué pour la deuxième fois consécutive à des tests de résistance organisés par la Réserve fédérale américaine (la banque centrale des Etats-Unis).

Il semble bien loin le temps où Deutsche Bank faisait la fierté de toute l'Allemagne, comptant parmi les fleurons de l'industrie financière mondiale et promettant un objectif de rendement de ses fonds propres de 25% sous l'ère de son ancien patron, Joseph Ackermann.
Une époque qui fut aussi celle de tous les excès.
Engluée dans près de 8.000 litiges judiciaires dans le monde, plombée par une très lourde restructuration, un environnement de taux au plus bas et un durcissement de la réglementation bancaire, Deutsche Bank a essuyé l'an dernier une perte de presque 7 milliards d'euros, là où sa compatriote Commerzbank, nettement plus modeste en taille, a engrangé un bénéfice de 1 milliard d'euros.

Comble de l'humiliation, Deutsche Bank a dû renoncer à verser un dividende à ses actionnaires pour l'exercice en cours et le suivant, ce qu'elle n'avait pas fait même au plus fort de la crise financière.
Au sein du géant allemand, l'ambiance s'en ressent.
Moins de la moitié des salariés est fier d'y travailler, selon un sondage récemment dévoilé par la banque elle-même.
Les départs se multiplient.
Mercredi, c'est le patron de la division de courtage sur devises, Ahmet Arinc, qui était donné partant par plusieurs médias.
 
"Il y a une vraie inquiétude sur les marchés concernant la banque. Elle a beaucoup de casseroles, elle a en outre des positions énormes sur le marché des dérivés. Beaucoup redoutent qu'elle ne devienne un nouveau Lehman (Brothers)", a déclaré à l'AFP une source financière francfortoise.

 En 2008, l'effondrement de la célèbre banque d'affaires américaine avait été le point de départ d'une crise financière mondiale, suivie à l'été 2011 d'une crise de la dette en zone euro.
A la tête de Deutsche Bank depuis un an, le Britannique John Cryan a promis de réaliser 4 milliards d'euros d'économies d'ici 2018, réduire drastiquement les coûts, tailler dans le bilan et améliorer la rentabilité.

Ce plan stratégique passe par la suppression de 3.000 postes et la fermeture de 188 agences sur le sol allemand.

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