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dimanche 31 juillet 2016

Philippe de Villiers : « Je pense que la civilisation européenne est en train de mourir »

Ancien secrétaire d’Etat à la Culture de Jacques Chirac, ancien candidat aux élections présidentielles, directeur du Puy du Fou, auteur d’une vingtaine de livres, romans, biographies ou essais, Philippe de Villiers sort rarement de sa retraite vendéenne pour commenter l’actualité politique.

Il reçoit l’Observateur du Maroc et d’Afrique pour donner sa vision des récents événements internationaux.
Propos recueillis par Olivier Stevens
 
L’Observateur du Maroc et d’Afrique :
 Depuis quelques mois, l’Europe est secouée par de nombreux attentats. Comment réagissez-vous à ces évènements ?

Philippe de Villiers :
 L’Europe, la vraie, celle des nations, est submergée de l’extérieur et effondrée de l’intérieur. Submergée de l’extérieur, parce qu’on a transféré notre souveraineté à des institutions obscures.
 J’ai entendu François Hollande dire : « On va faire ceci, on va faire cela…»
 Mais il sait très bien qu’il ment, puisqu’il n’a plus de pouvoir.
Quand le pouvoir n’a plus le pouvoir, il ne peut plus rien faire pour nous.
On a transféré les souverainetés nationales.
On est un protectorat américain.
La France est submergée de l’extérieur, puisqu’elle fait face à une invasion migratoire.
 Les gens qui viennent chez nous sont envoyés par l’État islamique, qui – c’est la vérité – nous avait promis en février dernier de nous expédier ces gens.
 C’était annoncé.
On a devant nous des envahisseurs.
Il n’y a pas de chrétiens parmi ces gens-là.
Les chrétiens restent chez eux et combattent pour leurs familles, leurs terres et leurs valeurs.

Quels sont selon vous les responsables ?

Les BHL de service, des Attali et consorts qui expliquent que la France est une tache ignominieuse sur la carte des points précieux de la planète.

Un pays qui n’a plus de contours et plus de compteurs ne reste plus et meurt.
 Les hommes politiques ont abattu les murs porteurs comme le caractère sacré de la vie, la filiation comme repère, la nation comme héritage, la frontière comme ancrage et le rêve français comme fenêtre sur le monde.

Vous ciblez particulièrement l’Union européenne…

Je dis que tous ceux qui ont dit la vérité sur l’Europe, par-delà leurs défauts ou leurs défaillances, et qui étaient peu ou prou souverainistes, c’est-à-dire qui pensaient que la France ne pouvait rien faire par elle-même si elle ne le faisait pas elle-même, sont partis ou sont morts.
Ceux qui restent et qui sont au premier plan sont tous des tricheurs et des menteurs.
 En fait les fédéralistes voulaient supprimer les nations et les frontières, non pas pour les remplacer par une super frontière ou par une superpuissance, mais pour fondre et diluer l’espace européen dans un grand marché planétaire avec une gouvernance mondiale dirigée par le capitalisme américain.

Selon vous l’immigration massive est responsable de l’insécurité…

J’avais longuement parlé de cette question avec le roi Hassan II qui était un grand homme d’Etat et un visionnaire.
Il avait la prescience des dégâts qui allaient être causés par l’immigration massive non seulement en Europe mais aussi en Afrique.
 «C’est une erreur d’analyse globale», m’avait-il dit.
Tout comme il ne se faisait pas d’illusions sur une prétendue «intégration» qui, selon lui, était un leurre.
Vous avez aujourd’hui énormément de jeunes européens et africains qui ont compris qu’ils ont été floués.
Ils en sont conscients.
Une société se sauve, non pas par des mises en garde, mais par des réalisations que l’on accroche à contre-pente.
Il y a donc des écoles parallèles, des médias parallèles, une culture parallèle, etc.
 Par la force des choses, on va avoir une contre-société, avec des pensées indépendantes, qui vont former des résistants attachés à la transmission.
En Europe comme en Afrique.
Ce que je vous dis, c’est ce que m’avait aussi prédit Soljenitsyne en 1996.
 C’est comme cela que les choses se sont passées dans les pays de l’Est sous la botte communiste et en Union soviétique.

Comment faut-il réagir au terrorisme islamique ?

Je n’ai pas peur des mots : les hommes politiques européens ont du sang sur les mains.
Je suis convaincu que si les relations diplomatiques avec la Syrie avaient été rétablies, on aurait eu les renseignements sur les cerveaux des attentats.
Et si le contrôle aux frontières avait été rétabli, on aurait empêché les allers et venues des kalachnikovs et des terroristes.

Comment analysez-vous les positions occidentales sur les dossiers syriens et libyens ?

Je pense que la position européenne calquée sur la position américaine repose sur un contresens. L’Europe écrit depuis la fin de la guerre son avenir sur le continent américain.
 L’OTAN nous entraîne dans des aventures partout dans le monde qui ne sont pas les nôtres. Aujourd’hui il faut faire une Europe confédérale, c’est-à-dire celle qui s’appuie sur les souverainetés nationales à l’Est comme à l’Ouest, qui s’élargisse à la Russie qui peut servir d’interface pour les hommes de la puissance de demain.
Il est absurde de considérer aujourd’hui Poutine et la Russie comme des ennemis.
La Russie est non seulement une alliée sur le plan historique, mais il y a des liens plus profonds – par exemple, Dostoïevski parlait français, écrivait en français.
Et moi qui connais bien la Russie, je peux dire que c’est une absurdité de ne pas vouloir réunir les deux chrétientés de l’Europe – celle de l’Est et celle de l’Ouest.
L’Europe ne doit pas continuer à se faire manipuler par l’Amérique qui elle est agressive, qui dépense deux fois plus pour son budget militaire que l’ensemble des nations du monde.
L’OTAN est en fait le bras militaire de l’Amérique.
Souvenez-vous du Kosovo, des «printemps arabes», de la Syrie, de l’Irak.
Il faut bien comprendre que le nouveau monde dans lequel nous sommes entrés n’est pas le monde de l’après-guerre.
L’OTAN a été créée pour contrer l’Union soviétique.
L’URSS est morte, le mur de Berlin est tombé, cela fait des décennies.
La décomposition de l’Europe va maintenant aller très vite depuis le Brexit
Il faut bien comprendre par exemple que Madame Merkel obéit à Monsieur Obama, obéit à l’OTAN quand elle se prosterne devant le sultan Erdogan parce que la Turquie est membre à part entière de l’OTAN et que c’est l’Amérique qui veut faire rentrer la Turquie dans l’Union européenne.
Quand vous confiez votre défense, c’est-à-dire l’essentiel de votre puissance régalienne, à une autre nation que la vôtre – en l’occurrence les Etats-Unis – alors vous n’êtes plus indépendant. Donc vous ne pouvez plus avoir une diplomatie propre. C’est tragique pour la France et c’est tragique pour l’Europe, pour l’Afrique et pour le Moyen-Orient.
Barack Obama a récemment appelé l’OTAN à agir contre Daesh, la Russie et le Brexit. Selon vous, pourquoi le président américain met ces trois phénomènes dans le même panier ?
Obama dit n’importe quoi.
Mais cela ne date pas d’aujourd’hui.
Mettre dans le même panier le Brexit, Daesh et la Russie, c’est montrer qu’on ne comprend rien en histoire, qu’on est inculte.
 On ne peut pas commenter une position comme celle-là.
L’Amérique a une vision du monde qui est la même, c’est-à-dire un monde mono-centré sur l’Amérique, alors que la Russie accepte le monde poly-centré et travaille pour cela.
 Dans la conversation que j’ai eue avec Vladimir Poutine en août 2014, il m’a dit qu’il ne voulait pas un monde centré-américain, mais un monde qui soit organisé en pôles régionaux.
C’est beaucoup plus sûr pour la paix.

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