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dimanche 24 juillet 2016

(In) Décence ?

 


Le 24/07/2016


Est-il interdit, dans la France de Hollande, de poser des questions sans se faire traiter de complotiste ?
 

Selon Libé, journal qui ne s’est jamais fait une spécialité de taper sur le pouvoir socialiste, le gouvernement aurait menti à propos du dispositif de sécurité installé à Nice, sur la promenade des Anglais, le soir du feu d’artifice : « La communication du gouvernement a, au minimum, travesti la réalité », affirme le quotidien, dont la une, éloquente et éclatante, affirmait : « Des failles et un mensonge. »
Commence alors un petit jeu, niveau cour de récré, sur le thème : « C’est pas moi, M’sieur, c’est lui. »
Le Premier ministre vole au secours de son ministre de l’Intérieur : « Le dispositif a été validé par la mairie », qui n’est donc pas fondée à se plaindre.
 Réponse de la mairie : « Pas du tout, la mairie obéit à la préfecture, en charge de la sécurité de l’événement. »
 Puis le ministre de l’Intérieur franchit une nouvelle étape : tout cela, c’est de la faute des journalistes ; Libé a publié des « contre-vérités » et l’on est en droit de s’interroger « sur la déontologie des journalistes qui ont signé ces articles ».
« Ces procédés, qui empruntent aux ressorts du complotisme, sont graves », dénonce la Place Beauvau.
Dans la journée, c’est le Président lui-même qui affirme publiquement conserver toute sa confiance au malheureux Cazeneuve.
Cette polémique minable ajoute de l’indécence à l’horreur de la tragédie de Nice.

Enfin, quoi !
Il y a 84 morts, une centaine de blessés graves, et le gouvernement vient dire, tout benoîtement, qu’il a fait ce qu’il devait faire.
Point barre.
 Pareil au Bataclan.
Pareil à Charlie.
C’est la résurgence de l’invraisemblable « responsable mais pas coupable ».
Pas un fonctionnaire viré.
Pas un ministre démissionné ou, mieux, démissionnaire.
Peut-être ne pouvait-on pas stopper le camion tueur, mais est-il interdit, dans la France de Hollande, de poser des questions sans se faire traiter de complotiste, comme dans un vulgaire Empire ottoman ?
Est-il interdit aux responsables politiques, qui n’ont absolument pas les réponses immédiatement, de refuser d’être péremptoires ?
Faut-il se ruer sur place dans les minutes de drames semblables pour féliciter « les forces de l’ordre », en général admirables, mais aux ordres ?
 Et si les « forces du désordre » campaient dans les palais nationaux ?
 Faut-il blâmer aujourd’hui Libé, que l’on encensait lorsqu’il s’attaquait à Sarko avec une violence inégalée jusqu’à maintenant ?
 On ne parlait pas, alors, de complotisme ou de manquement à la déontologie.
Alors, Monsieur Cazeneuve, calmez-vous : le rôle de l’outrageur outragé vous va mal.

Beaucoup de Français sont écœurés de ce théâtre en plein air, de ces postures, de ces gesticulations dérisoires.

 Pendant ce temps-là, des familles entières pleurent et se foutent pas mal, pour l’instant, de savoir si Cazeneuve a fait ceci, ou Estrosi cela.

Messieurs, un peu de décence, s’il vous plaît.

 Lorsque, au sommet de l’État, l’indécence rejoint le cynisme, il y a tout lieu de penser que la chute sera brutale.


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