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jeudi 10 décembre 2015

Nicolas Sarkozy : la machine à perdre ?

                                                    
Le 10/12/2015
 
Pendant sa retraite, il a manqué l’opportunité de faire le bilan de son quinquennat, qui lui aurait peut-être permis de revenir sur le théâtre politique sans être sifflé dès les premières scènes.
   
À trop tirer sur l’élastique, il risque de vous claquer dans les doigts.
C’est pourtant le jeu auquel semble se plaire le président des Républicains.
Comment rassembler les centristes, dont une partie penche à gauche, et la droite dure ?
 C’est ce qu’a tenté de faire Nicolas Sarkozy au premier tour des régionales : il se présentait comme le meilleur rempart contre le Front national. Clac !
 Ça fait mal !
 Près de 20 % de ses électeurs de 2012 auraient voté pour les listes de Marine Le Pen.
Sa colère était visible, lundi soir, au 20 heures de France 2. David Pujadas, qui voulait mimer le journaliste impartial, avait même du mal à en placer une.
On connaît les résultats : le Front national en tête dans six régions et susceptible de l’emporter dans quelques-unes.
Dans le camp des Républicains, on commence à se poser des questions sur les primaires et sur la légitimité de Nicolas Sarkozy : le vaincu de 2012 est-il le meilleur candidat pour 2017 ?
« Le vrai perdant de la soirée, c’est lui, et il le sait », aurait dit l’un de ses anciens ministres.
La droite n’a plus de « leader officiel et légitime », regrette Éric Woerth.
Décidément, on ne peut plus compter sur ses amis : les Républicains attendent l’issue du second tour pour régler leurs comptes.
 Et si Sarkozy était usé, s’il avait fait son temps ?
Alain Juppé se frotte les mains et retrouve ses ambitions de jeune homme.
Il se verrait bien face à Marine Le Pen au second tour des présidentielles.
 Lui aussi est un adepte du grand écart : mais plus à gauche.
 Il a déjà montré sa souplesse en plaçant dans son équipe municipale un ancien de La Manif pour tous et un militant LGBT.
Et celui qui estimait que Benoît XVI était un autiste qui « [commençait] à poser un vrai problème » s’emploiera à coup sûr à séduire l’électorat catholique : l’Élysée vaut bien une messe !

De plus, cet expert dans le mariage entre la carpe et le lapin est assuré du vote socialiste au second tour.
De méchantes langues laissent même entendre qu’il serait le meilleur des candidats socialistes.
Sans compter qu’il ne trouvera pas François Bayrou sur son chemin.
 Quant aux autres postulants LR, ils vont bientôt donner de la voix : François Fillon, Bruno Le Maire…

De plus en plus, Nicolas Sarkozy est considéré, à tort ou à raison, comme une machine à perdre.

 Ce ne sont pas ses appels du pied aux électeurs du Front national, comme en 2007, qui le rendront plus crédible : ils ne se laisseront pas deux fois rouler dans la farine.
Pendant sa retraite, il a manqué l’opportunité de faire le bilan de son quinquennat, qui lui aurait peut-être permis de revenir sur le théâtre politique sans être sifflé dès les premières scènes.
Plusieurs têtes de listes LR ont d’ailleurs préféré s’abstenir de sa présence à leur meeting d’entre les deux tours : elles veulent être autonomes.
 On les comprend.
Il est pour le moins incertain que son soutien à Virginie Calmels, le 8 décembre à Rochefort, porte chance à la candidate de la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente.
En 2009, Nicolas Sarkozy était venu en Aquitaine épauler l’un de ses ministres aux municipales, maire sortant : il fut battu de quelques voix.

 Quels que soient les résultats du second tour, surtout si le Front national l’emporte dans quelques régions, l’ambiance sera chaude au LR.

Nicolas Sarkozy sera confronté à une mission impossible : convaincre les Français que la machine à perdre peut se transformer en machine à gagner.

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