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Un cadre de la SNCF estime être placardisé pour avoir dénoncé une fraude sur laquelle son employeur n'a jamais enquêté.FAYOLLE/SIPA©FAYOLLE/SIPA
À la suite d'un conflit avec son employeur, Charles Simon est payé 5 000 euros par mois pour rester chez lui en attendant une affectation qui ne vient pas.
En ces jours difficiles, beaucoup de Français pourraient envier la situation de ce cadre supérieur, ingénieur des mines et diplômé de l'Essec.
Quand bon lui chante, Charles Simon, 55 ans et salarié de la SNCF, sillonne la France (il ne paye pas le train) et rend visite à ses nombreux copains.
C'est qu'il a le temps : depuis douze ans, cet habitant de Saint-Quentin, dans l'Aisne, attend une affectation.
Et son employeur ne l'a jamais astreint à la moindre présence dans un bureau.
En clair, il est "placardisé", mais sans placard.
Pourtant, Charles Simon n'apprécie guère cette situation, même s'il perçoit en brut chaque mois 5 496,69 euros (y compris une indemnité de résidence et une prime de gestion).
La cause de sa mise à l'écart ?
Entré en 1991 à la SNCF, il a été détaché en 2003 auprès de sa filiale Geodis Solutions, société de transport et de logistique.
Là, il découvre "une fraude de 20 millions d'euros au préjudice de la SNCF".
Affecté à Saint-Denis, domicilié à Saint-Quentin
"Ces manoeuvres frauduleuses concernaient, entre autres, la dissimulation d'un rapport de la Cour des comptes relatif au chantier Éole (ligne E du RER) ainsi que des détournements de fonds lors de la construction du TGV Nord", détaille-t-il.
Charles Simon, qui est défendu par l'avocat William Bourdon, affirme qu'après avoir informé sa hiérarchie dans un rapport confidentiel il est mis à la disposition de la SNCF qui, depuis, ne lui a jamais proposé d'affectation.
Plus précisément, cet ancien lauréat de la Fondation de France est, certes, de temps à autre convoqué par la direction des ressources humaines pour évoquer sa carrière, mais ensuite aucun poste ne lui est proposé.
Tout cela, Charles Simon l'a expliqué dans une lettre à Guillaume Pepy, datée du 27 mai.
Le président de la SNCF, qui n'a pas trouvé le temps de lui répondre, a également reçu un courrier de l'ancien ministre socialiste Michel Delebarre qui le prie de "bien vouloir apporter des informations sur ce dossier".
Plus militante, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann présente Charles Simon comme un "lanceur d'alerte" et rappelle : "À la suite de la dénonciation de manoeuvres frauduleuses sur plusieurs ouvrages de la SNCF, il se trouve victime de discriminations."
Nicolas Dupont-Aignan demande à Guillaume Pepy "réparation du préjudice" subi par Charles Simon.
Pas de dommages et intérêts
"L'attitude de la SNCF n'est pas défendable. Soit il y a bien eu des agissements frauduleux, et il convenait de mener une enquête pour savoir où sont passés 20 millions d'euros. Soit je me trompe, et la compagnie ferroviaire avait largement le temps de prétendre depuis 2003 que tout était clean et qu'il n'y avait rien à voir. Elle ne l'a jamais fait", constate Charles Simon.
Curieusement, à 55 ans, son employeur aurait pu le mettre à la retraite, comme tout employé de la SNCF.
Il l'a laissé en "activité".
Interrogé par Le Point.fr, le service de presse de la SNCF nous a rappelés dans l'heure, prouvant que le sort de ce cadre "placardisé" était connu au plus haut niveau de l'entreprise.
"Charles Simon est bien employé de la SNCF. Il a déjà déposé une demande de dommages et intérêts, mais il a été débouté par le conseil des prud'hommes de Paris en 2011. Comme nous avons un lien contractuel avec lui, nous ne nous exprimons pas sur le reste", déclare une responsable du service de presse.
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