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mercredi 12 août 2015

Le terrifiant profil de l'agresseur de Colombes (92700)

Geoffroy Tomasovitch | 11 Août 2015, 20h09 | MAJ : 11 Août 2015, 20h09


 Colombes (Hauts-de-Seine). C’est tout près de son domicile que Priscillia, la première victime, a été laissée pour morte par son agresseur, le 7 août 2013. Elle a miraculeusement survécu. 
Colombes. Sandra, la seconde victime, a été attaquée et violée quelques instants plus tard. C’est notamment grâce aux caméras de surveillance que le suspect a été interpellé.
Le prévenu Sofiane Rasmouk, qui possède un lourd casier judiciaire, a été arrêté une semaine après les faits.

Colombes (Hauts-de-Seine). C’est tout près de son domicile que Priscillia, la première victime, a été laissée pour morte par son agresseur, le 7 août 2013. Elle a miraculeusement survécu.
Colombes. Sandra, la seconde victime, a été attaquée et violée quelques instants plus tard. C’est notamment grâce aux caméras de surveillance que le suspect a été interpellé.
Le prévenu Sofiane Rasmouk, qui possède un lourd casier judiciaire, a été arrêté une semaine après les faits.
(LP/Olivier Arandel.) (LP/Olivier Bureau.) (DR.)

Il y a deux ans, Sofiane Rasmouk agressait sauvagement deux jeunes femmes alors qu'il était en semi-liberté. Cet homme, psychopathe, devra répondre de ces crimes, qu'il nie, devant les assises.
 
Pour Priscillia et Sandra, ce devait juste être une belle soirée d'été.
 Ce fut le début d'un long martyre, par la faute d'un multirécidiviste en semi-liberté à la personnalité psychopathique que le destin a mis sur leur chemin, mais dont le suivi par l'institution judiciaire pose légitimement question.
 
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Il y a deux ans, le 7 août 2013, ces deux jeunes femmes qui ne se connaissaient pas étaient sauvagement agressées à quelques minutes d'intervalle à Colombes (Hauts-de-Seine).
 Priscillia d'abord, directrice de marketing de 31 ans, retrouvée entre la vie et la mort au pied de chez elle, le visage ravagé par des coups de poing.
Puis Sandra, 19 ans, pistée, violemment frappée, humiliée et violée entre deux voitures avant d'être détroussée de sa carte bancaire.

Deux ans après, Priscillia, dont le pronostic vital a longtemps été engagé, se remet très lentement et fait figure de miraculée.
Elle comme Sandra attendent le procès de Sofiane Rasmouk.
 Renvoyé aux assises pour tentative de meurtre et tentative de viol sur Priscillia et viol et vol avec violence sur Sandra, cet homme de 27 ans pourrait être jugé rapidement à Nanterre.

Filmé par des caméras de surveillance et trahi par son ADN, Sofiane Rasmouk avait été arrêté dès le 14 août.
A l'époque, son casier judiciaire mentionne 20 condamnations entre 2002 et 2012, autant pour des atteintes aux biens qu'aux personnes.
 Incarcéré pour la première fois en 2006, il a bénéficié par la suite d'une libération conditionnelle puis de sursis avec mise à l'épreuve, révoqués à cause de nouvelles condamnations et infractions, notamment en matière de stupéfiants ou pour agression sexuelle.


Au fil de l'instruction, Rasmouk a livré diverses versions, allant jusqu'à prétendre que Priscillia jouait les « nourrices » et qu'il avait « pété les plombs » parce qu'elle refusait de lui prendre son sac de drogue...
Il a, en revanche, toujours nié avoir voulu la tuer.
Pourtant, les coups de pied qu'il a avoués, répétés, ont été « si violents qu'ils ont fracturé les os du crâne et commotionné le cerveau », comme l'ont relevé les experts.
Selon les juges d'instruction qui ont ordonné son renvoi aux assises, il s'agit d'une « agression à but sexuel commise par surprise par un homme décidé qui n'a pas pu parvenir à ses fins du fait de la résistance de sa victime, frustration qu'il n'aurait pas supportée ».
Une thèse que confirment, selon les magistrats, l'agression et le viol de Sandra quelques minutes plus tard.
Là, il nie en bloc.

Suivi dès 14 ans par un juge des enfants, Sofiane Rasmouk a été marqué par le décès de son père deux ans plus tard.
 Sujet à des problèmes d'alcoolisme, consommateur d'ecstasy à partir de 2013, l'accusé manifeste une « agressivité interne » qui n'a pas échappé à l'expert psychologue.
Il décrit une personnalité psychopathique qui associe des tendances transgressives répétées importantes, une incapacité à tirer des leçons du passé, des difficultés à établir des liens sociaux et affectifs stables, avec des conduites toxicomaniaques.
« Un psychopathe asocial, c'est écrit dans une expertise. Pour moi, il est irrécupérable », tranche la mère de Priscillia.
Certains experts envisagent une « réadaptabilité » à condition d'une abstinence totale assortie d'un suivi addictologique et psychothérapique de longue durée.

Le suivi, c'est l'autre sujet douloureux au coeur de cette affaire.
 En semi-liberté depuis le 13 mai 2013, Sofiane Rasmouk n'aurait pas dû être dehors, selon les familles des victimes.
« Ma cliente dit souvent, et à juste titre, qu'on lui a accordé un permis de massacrer », rappelle Me Gilles-Jean Portejoie, avocat de la mère de Priscillia.
Le détenu a multiplié les retards injustifiés à la maison d'arrêt et les comportements répréhensibles.
Il a été recadré, on lui a retiré des réductions de peine, et même envisagé de lui supprimer ce régime de semi-liberté pour la fin août.
Un mois où il était libre comme l'air en journée, puisque l'endroit où il devait travailler en restauration était fermé.
Trop de négligences et de défaillances dans le suivi, selon les familles des jeunes femmes.
La garde des Sceaux, Christiane Taubira, avait à l'époque ordonné une inspection dont les conclusions n'ont jamais été révélées, même si elles n'avaient pas vocation à être rendues publiques.

Débouté une première fois dans son action pénale contre l'Etat, Me Portejoie a déposé plainte contre X auprès des doyens des juges à Nanterre en mars.
« Nous ne lâcherons pas », prévient-il.
« La défense ne peut que souscrire à l'étonnement et à l'émotion des parties civiles quant au traitement judiciaire de M. Rasmouk avant les faits de Colombes », commente sobrement Me Francis Terquem, un des avocats de l'accusé.
 
Priscillia, victime miraculée

A 33 ans, Priscillia a regoûté depuis peu aux bonheurs simples, comme aller au cinéma ou faire les boutiques.
Jamais seule.
 « Elle est encore loin d'être autonome, elle gardera des séquelles, mais elle va mieux, c'est une miraculée », glisse sa mère, Ghislaine.
 La première victime de Colombes revient de si loin...
 Deux ans d'hospitalisation, dont de longues semaines dans le coma.
 Fin 2013, la jeune femme présentait des handicaps multiples sévères et une tétraplégie.
 Elle était mutique, avec des complications neurologiques irréversibles.
 Et puis son état de santé s'est doucement amélioré.
 « Même les médecins ne comprennent pas, reprend Ghislaine, émue. Ils l'ont filmée pendant sa guérison, notamment quand elle a marché de nouveau. Aujourd'hui, elle est rentrée à domicile. Elle se rend trois fois par semaine à l'hôpital pour continuer sa rééducation. Ce miracle, ce n'est évidemment pas à celui qui l'a massacrée qu'elle le doit. C'est d'abord grâce au travail formidable des réanimateurs, aux équipes médicales, et à ce long combat mené par ma fille. »

 Un combat — c'est le terme employé par les juges — engagé le 7 août 2013 quand Priscillia a tenté de lutter contre la férocité de son agresseur.
Un épisode de sauvagerie que sa mémoire a effacé.

« Ma fille n'a plus aucun souvenir des faits », confie Ghislaine.
Quand elle s'est sentie prête, avec l'aval d'une psychologue, Priscillia a demandé à sa mère de lui raconter en détail ce qui s'était passé.
 Puis elle a lu les articles, regardé les émissions sur l'affaire.
 « Elle s'est approprié cette histoire », résume sa mère qui juge « abject » qu'il ait pu décrire Priscilla comme une « nourrice* » : « C'est la salir davantage. »

Même sans souvenirs des faits, Priscillia ira au procès de Sofiane Rasmouk.
Pour témoigner des souffrances endurées, de celles à affronter.

 « Elle veut qu'il paye, insiste Ghislaine. Moi je veux qu'il prenne le maximum, une peine à la hauteur de ce qu'il a fait. »

 Sa fille tient aussi à être « au côté de Sandra », l'autre victime de Colombes, qui est venue la voir quand elle était dans le coma, une jeune femme encore très marquée par ce qu'elle a subi.

D'ici là, l'ex-directrice de marketing et communication réapprend à vivre à son rythme, entourée des siens et de ses amis.
Elle s'est replongée dans le Code de la route et espère reprendre un jour son travail, même à temps aménagé.

 * Mot d'argot désignant une personne chez qui la drogue est entreposée.

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