Translate

mardi 6 janvier 2015

Selfies aux Baumettes : la France est vraiment morte de rire…

                                                    


Le 06/01/2015



Aux Baumettes, pas moins de 900 téléphones sont saisis chaque année… sans compter les pas-vus-pas-pris.

C’est le quotidien La Provence qui l’a révélé autour de Noël.
 La presse nationale s’en est emparée hier.
 Semant la stupéfaction sur les réseaux sociaux.
De quoi s’agit-il ?
 D’une page Facebook intitulée « MDR o Baumettes » (comprenez « Mort de rire aux Baumettes ») sur laquelle les prisonniers marseillais ont benoîtement posté des selfies, tel le Japonais moyen en goguette à Paris, sur fond non pas de tour Eiffel, mais de mur carcéral. Parfaitement reconnaissables, ils montrent leur téléphone portable, font de la musculation, fument la chicha ou des joints, manipulent des liasses de billets de banque comme on étale sur Facebook ses recettes de cuisine.
 Et avec le sourire.
La page a été supprimée le 31 décembre, mais a eu le temps d’être « likée » près de 5.000 fois.

Moins « MDR » que les prisonniers, le personnel pénitentiaire, impuissant : « Ils ont tous des téléphones portables, le sport, l’école, des activités, la télévision avec en prime “Canal+”, alors que la majorité des gens à l’extérieur n’ont pas les moyens de se payer l’abonnement : ce n’est plus une prison, c’est un centre de vacances », lâche une responsable syndicale FO à La Provence, la plupart des détenus ne se sentent pas dans une « enceinte répressive ».


En février dernier, dans Le Figaro, un membre de l’administration pénitentiaire confiait déjà, écœuré :
Les personnels pénitentiaires n’ont pas le droit d’avoir leur téléphone sur le lieu de travail, mais s’ils veulent passer un coup de fil, ils trouveront toujours un détenu qui les dépannera pour un coup de fil moyennant un paquet de cigarettes. Un comble !

Il est vrai qu’aux Baumettes, pas moins de 900 téléphones sont saisis chaque année… sans compter les pas-vus-pas-pris.
Nettement moins « MDR » aussi, la France des réseaux sociaux, la France simple que l’on dit simpliste.
 Que l’on accuse si souvent d’être stupidement sécuritaire qu’elle finit elle-même par le croire, mais qui, cependant, à l’heure de la crise, des sans-dents, des grands froids meurtriers, se pose des questions : une prison à visage humain, oui… mais une prison quand même.
Pas un Center Parc.
Au-delà du confort, il y a la provocation.
 Une chose est d’avoir un portable en prison et de le planquer, preuve d’un restant de crainte et donc de coercition carcérale, une autre, de l’exhiber, goguenard, sur les réseaux sociaux, et de narguer ainsi publiquement l’administration pénitentiaire, la loi française et, partant, tout le pays.

Au-delà de la provocation, il y a le danger.
Qui dit Facebook dit Internet et donc communication avec l’extérieur, pression sur les victimes, préparation d’évasion.
 Ou d’attentat.
 Sur ces réseaux sociaux, une grande absente.
Une « serial tweeteuse », pourtant.
Que l’on aurait pu croire légèrement concernée : Christiane Taubira.

Jean-Marie Delarue, auditionné en février par la commission des lois de l’Assemblée nationale alors qu’il était encore contrôleur des lieux de privation de liberté, avait, lui, proposé, une solution très efficace à ce qu’il appelait le « puits sans fond » des portables en prison : brouillage, fouille, sanction ?
 Non : autorisation. « Facteur considérable d’apaisement » de la détention, selon lui.
Pas bête.

 Et pour éponger l’autre « puits sans fond » qu’est la surpopulation carcérale, pour apaiser tout à fait ces locataires nerveux… remise en liberté, aussi ?

Le candidat Hollande avait promis une France apaisée.

Il avait omis de dire qu’il s’agirait de celle-là.

 Mission accomplie, elle est vraiment MDR.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.