Par Thibault Doidy de Kerguelen.
Nos voisins d’outre-Manche sont attristés de voir l’état déplorable de notre pays. Ils l’expriment sans modération à la suite des déclarations d’Andy Street, le PDG de John Lewis, l’équivalent des Galeries Lafayette au Royaume Uni.
Il y a déjà quelques temps, nous évoquions les saillies « discourtoises » du maire de Londres ou l’appel de David Cameron aux entreprises françaises, ou celui encore du Gouverneur du Mississipi.
Il y a eu aussi l’article de Newsweek ou les interventions « musclées » d’officiels allemands ou chinois…
Mais nous n’allons pas reprendre la longue litanie des articles de presse étrangers (russes, américains, allemands, danois, hollandais…).
Contentons-nous de la dernière.
C’est dans le Times, mais repris dans l’ensemble de la presse britannique, que nous avons pu lire les déclarations dévastatrices tenues par Monsieur Andy Street, à Londres, lors de la remise des prix du concours John Lewis de start-up entreprenantes.
Andy Street y évoque son dernier séjour à Paris, où il reçut une récompense « en plastique, ce qui est révoltant ».
Le PDG de John Lewis, l’équivalent des Galeries Lafayette au Royaume Uni, s’est écrié : « La France est finie ! »
Il a décrit notre pays comme sclérosé, nos décideurs économiques comme irrémédiablement pessimistes et a appelé les entrepreneurs britanniques présents sur le marché français à s’en dégager avant la chute finale.
Après avoir répété « La France est finie ! », il a ajouté :
« Je n’ai jamais vu un pays malade à ce point… rien ne fonctionne et tout le monde s’en fout ! [...] S’il me fallait la démonstration de ce qu’est un pays en déclin, je l’avais sous les yeux. À chaque instant que je voyais cela, je me disais : « Dieu aide la France ! » » Vraiment, si vous avez investi dans du business en France, récupérez les rapidement. La croissance de la deuxième économie de la zone euro est scotchée sous la présidence de François Hollande… »
Revenant sur son récent voyage, il évoque la gare du Nord « que je peux seulement décrire comme la fosse aux immondices de l’Europe », alors que la gare de St Pancras est « moderne et tournée vers l’avenir ».
Soyons clair, aussi choquants que puissent être ces propos, il faut comprendre qu’ils sont prononcés par quelqu’un qui, comme David Cameron, comme Boris Johnson, aime la France, y séjourne régulièrement.
Il ne s’agit pas d’un « France bashing » venant de francophobes comme il en existe tant et qui s’expriment si souvent dans des journaux comme le Daily Mirror, par exemple.
Ce sont aussi des propos révélateurs, tout du moins dans leur partie « politique », d’une opinion partagée par de nombreux Britanniques concernant la situation alarmante de la France, seconde économie de l’Union, mais une économie qui, sans croissance, risque d’être distancée par son voisin britannique et d’avoir du mal à rattraper son retard dans les réformes.
Il y a, dans l’écho que ses propos ont eu outre-Manche, une dimension qui très probablement avait échappé à Andy Street.
Ils ont été prononcés à trois jours de la visite du Premier ministre français à Londres… et il est certain que bon nombre de journalistes de la presse « sérieuse » ont trouvé là le moyen de dire tout haut par la bouche d’un tiers ce qu’ils pensaient tout bas et auraient trouvé discourtois d’énoncer par eux-mêmes.
En tous cas, l’image de la France telle que la reflète la presse étrangère n’est pas flatteuse.
Ce sont souvent les autres qui sont plus lucides sur nous-mêmes, n’est-ce pas ?
Mais rassurez vous, pendant ce temps, la presse française fait taire le miroir et vous montre de jolis « Rafale » en train de bombarder les djihadistes… qui vont entrer incessamment dans Bagdad !
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