Gabrielle Cluzel
Le monsieur, qui pressent que ça pue, prépare déjà sa reconversion...
Comment expliquer ?
C’est, mutatis mutandis, l’histoire d’un prof qui s’y prendrait comme un pied.
Chahut généralisé, bac raté, élèves délaissés, cagnotte de la classe envolée.
Les parents râlent, l’inspecteur blâme, le directeur de l’école songe à le virer.
Le monsieur, qui pressent que ça pue, prépare déjà sa reconversion et songe… au rectorat.
Il ne s’en cache pas et avance ses pions toute honte bue.
Il se verrait bien directeur académique, dans les hautes sphères, dans un univers feutrés de moquettes, de baies vitrées et de grands ficus, loin des chewing-gums collés sous les tables, du contact pénible des élèves, des copies à corriger et des conseils de classe, là où il pourrait faire profiter la plèbe des petits profs de toutes ses (mauvaises) expériences, et distribuer à son tour des satisfecit aux enseignants, ou des avertissements s’ils se révélaient aussi nuls que lui.
Et il compte, bien sûr, sur le directeur d’école qui cherche à se débarrasser de lui pour faire sa promo auprès des hautes instances.
Une histoire grotesque ?
C’est pourtant celle de Pierre Moscovici.
Alors que le 5 mars, depuis Bruxelles, le commissaire européen aux affaires économiques et financières tançait durement la France lui reprochant ses déplorables performances économiques, pointant du doigt une compétitivité, des déficits et une dette au plus bas dans le baromètre, la sommant de prendre des « actions décisives » pour inverser la vapeur et la reléguant avec les cancres de l’Europe, le ministre en première ligne, loin de se sentir concerné… prenait au contraire quelques heures plus tard des mines rougissantes de jeune fiancée pour évoquer tout le bonheur qu’il aurait à travailler dans ces hautes instances qui venaient, sans prendre de gants, de juger et condamner son œuvre.
« Un jour peut-être, je serais heureux de servir dans les institutions internationales ou européennes (…) Je me sens utile là où je suis et j’aime ce que je fais mais en même temps je suis à la disposition du président de la République. C’est lui qui choisit et les fonctions européennes sont des fonctions tout à fait nobles. »
Sauf que l’heure étant grave, les sondages de moins en moins brillants et le remaniement de plus en plus probable, il n’en est pas resté là. Si ses allusions avaient été trop allusives ?
Mieux vaut se répéter, au risque d’être lourd, que courir le risque de ne pas avoir été entendu.
Le dimanche 9 mars, il en a remis une louche : il ira à l’Union Européenne si Hollande juge que c’est « plus utile », espérant pour la France « un très grand portefeuille » dans la prochaine Commission « notamment économique ».
Et, tiens, justement le projet avance de regrouper les divers portefeuilles de la future Commission sous la houlette d’une demi-douzaine de « supercommissaires »…
Là, c’est bon, à moins d’être vraiment bouché, tout le monde a compris.
On a beau dire, l’avenir appartient vraiment aux audacieux. Et à ceux qui ne manquent pas d’air.
C’est, mutatis mutandis, l’histoire d’un prof qui s’y prendrait comme un pied.
Chahut généralisé, bac raté, élèves délaissés, cagnotte de la classe envolée.
Les parents râlent, l’inspecteur blâme, le directeur de l’école songe à le virer.
Le monsieur, qui pressent que ça pue, prépare déjà sa reconversion et songe… au rectorat.
Il ne s’en cache pas et avance ses pions toute honte bue.
Il se verrait bien directeur académique, dans les hautes sphères, dans un univers feutrés de moquettes, de baies vitrées et de grands ficus, loin des chewing-gums collés sous les tables, du contact pénible des élèves, des copies à corriger et des conseils de classe, là où il pourrait faire profiter la plèbe des petits profs de toutes ses (mauvaises) expériences, et distribuer à son tour des satisfecit aux enseignants, ou des avertissements s’ils se révélaient aussi nuls que lui.
Et il compte, bien sûr, sur le directeur d’école qui cherche à se débarrasser de lui pour faire sa promo auprès des hautes instances.
Une histoire grotesque ?
C’est pourtant celle de Pierre Moscovici.
Alors que le 5 mars, depuis Bruxelles, le commissaire européen aux affaires économiques et financières tançait durement la France lui reprochant ses déplorables performances économiques, pointant du doigt une compétitivité, des déficits et une dette au plus bas dans le baromètre, la sommant de prendre des « actions décisives » pour inverser la vapeur et la reléguant avec les cancres de l’Europe, le ministre en première ligne, loin de se sentir concerné… prenait au contraire quelques heures plus tard des mines rougissantes de jeune fiancée pour évoquer tout le bonheur qu’il aurait à travailler dans ces hautes instances qui venaient, sans prendre de gants, de juger et condamner son œuvre.
« Un jour peut-être, je serais heureux de servir dans les institutions internationales ou européennes (…) Je me sens utile là où je suis et j’aime ce que je fais mais en même temps je suis à la disposition du président de la République. C’est lui qui choisit et les fonctions européennes sont des fonctions tout à fait nobles. »
Sauf que l’heure étant grave, les sondages de moins en moins brillants et le remaniement de plus en plus probable, il n’en est pas resté là. Si ses allusions avaient été trop allusives ?
Mieux vaut se répéter, au risque d’être lourd, que courir le risque de ne pas avoir été entendu.
Le dimanche 9 mars, il en a remis une louche : il ira à l’Union Européenne si Hollande juge que c’est « plus utile », espérant pour la France « un très grand portefeuille » dans la prochaine Commission « notamment économique ».
Et, tiens, justement le projet avance de regrouper les divers portefeuilles de la future Commission sous la houlette d’une demi-douzaine de « supercommissaires »…
Là, c’est bon, à moins d’être vraiment bouché, tout le monde a compris.
On a beau dire, l’avenir appartient vraiment aux audacieux. Et à ceux qui ne manquent pas d’air.
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