Pierre Le Vigan
Dans l’attitude de M. Laurent Fabius, il y a un problème de fond et un problème de forme.
« La crise en Crimée est la plus sérieuse depuis la guerre froide », vient de déclarer Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères.
Il demande à la Russie « d’éviter une escalade dangereuse. »
Il va pourtant falloir que les dirigeants français et M. Jean-Marie Colombani (« Le retour de la guerre froide », slate.fr, 3 mars 2014) s’y fassent : la Crimée, c’est une affaire finie.
Il ne fait guère de doute que l’immense majorité de ses habitants ont voulu la séparation d’avec l’Ukraine.
Et même ont voulu le rattachement à la Russie, car c’est la seule garantie pour que l’Ukraine ne remette pas la main sur la Crimée.
Il n’y a d’ailleurs pas de « crise en Crimée », mais une crise « à propos de la Crimée ».
Nuance. Poutine a rassuré les Tatars, conforté l’usage de la langue ukrainienne et assuré « ne pas vouloir la partition de l’Ukraine ».
Ce n’est pas rien quand on sait à quel point les habitants de Kharkov, de la région du Don et du bassin du Donetsk, de Lougansk, mais aussi d’Odessa, de la Transnistrie (soit l’ensemble de la région entre le Dniestr et le Boug) et du Boudjak ne se sentent pas ukrainiens.
Selon les autorités autoproclamées de l’Ukraine, ce pays a reçu « des coups inacceptables à son intégrité ».
« Le conflit entre dans une phase militaire », disent-elles encore.
C’est toujours assez maladroit de qualifier d’inacceptables des choses que l’on devra de toute façon accepter.
Viktor Ianoukovitch était certainement d’une grande impopularité, mais ceux qui l’ont remplacé sont d’une irresponsabilité qui finira vite par les rendre tout aussi impopulaires, mettant l’Ukraine dans une impasse.
Quoi qu’il en soit, M. Fabius menace de ne plus vendre des navires porte-hélicoptères Mistral à la Russie si « Poutine continue ce qu’il fait en Ukraine ».
Les porte-hélicoptères, c’est 1.000 emplois pendant quatre ans à Saint-Nazaire (non loin de chez M. Jean-Marc Ayrault).
Voilà une bonne idée qu’a eue M. Fabius.
La France n’ayant aucun problème d’emploi et, encore moins, de balance commerciale, quel besoin avons-nous en effet de vendre nos navires de guerre ?
Revenons sur terre : les échanges entre l’Union européenne et la Russie sont de plus de 320 milliards d’euros, l’Europe a besoin du gaz russe et la Russie a besoin des devises de l’Europe.
Voilà la réalité.
Dans l’attitude de M. Laurent Fabius, il y a un problème de fond et un problème de forme.
Le fond, ce sont les relations entre la France et la Russie.
La forme est presque aussi importante : M. Fabius sort de la ligne de Jean-Marc Ayrault.
On sait que M. Fabius ne fait pas grand cas du Premier ministre, mais il y a une logique des institutions que l’on n’aimerait pas voir bafouée d’une manière aussi indécente.
Au fait, le 27 mars 1854, il y aura tout juste 160 ans, la France et la Grande-Bretagne déclaraient la guerre à la Russie pour bloquer sa poussée vers le sud.
Objectif : stopper une expansion russe qui ne menaçait aucunement les intérêts français, mais gênait les intérêts britanniques.
La France roulait pour l’Angleterre.
À savoir : l’alliance anglaise ne nous fut d’aucun secours face à l’Allemagne en 1870-71.
Il demande à la Russie « d’éviter une escalade dangereuse. »
Il va pourtant falloir que les dirigeants français et M. Jean-Marie Colombani (« Le retour de la guerre froide », slate.fr, 3 mars 2014) s’y fassent : la Crimée, c’est une affaire finie.
Il ne fait guère de doute que l’immense majorité de ses habitants ont voulu la séparation d’avec l’Ukraine.
Et même ont voulu le rattachement à la Russie, car c’est la seule garantie pour que l’Ukraine ne remette pas la main sur la Crimée.
Il n’y a d’ailleurs pas de « crise en Crimée », mais une crise « à propos de la Crimée ».
Nuance. Poutine a rassuré les Tatars, conforté l’usage de la langue ukrainienne et assuré « ne pas vouloir la partition de l’Ukraine ».
Ce n’est pas rien quand on sait à quel point les habitants de Kharkov, de la région du Don et du bassin du Donetsk, de Lougansk, mais aussi d’Odessa, de la Transnistrie (soit l’ensemble de la région entre le Dniestr et le Boug) et du Boudjak ne se sentent pas ukrainiens.
Selon les autorités autoproclamées de l’Ukraine, ce pays a reçu « des coups inacceptables à son intégrité ».
« Le conflit entre dans une phase militaire », disent-elles encore.
C’est toujours assez maladroit de qualifier d’inacceptables des choses que l’on devra de toute façon accepter.
Viktor Ianoukovitch était certainement d’une grande impopularité, mais ceux qui l’ont remplacé sont d’une irresponsabilité qui finira vite par les rendre tout aussi impopulaires, mettant l’Ukraine dans une impasse.
Quoi qu’il en soit, M. Fabius menace de ne plus vendre des navires porte-hélicoptères Mistral à la Russie si « Poutine continue ce qu’il fait en Ukraine ».
Les porte-hélicoptères, c’est 1.000 emplois pendant quatre ans à Saint-Nazaire (non loin de chez M. Jean-Marc Ayrault).
Voilà une bonne idée qu’a eue M. Fabius.
La France n’ayant aucun problème d’emploi et, encore moins, de balance commerciale, quel besoin avons-nous en effet de vendre nos navires de guerre ?
Revenons sur terre : les échanges entre l’Union européenne et la Russie sont de plus de 320 milliards d’euros, l’Europe a besoin du gaz russe et la Russie a besoin des devises de l’Europe.
Voilà la réalité.
Dans l’attitude de M. Laurent Fabius, il y a un problème de fond et un problème de forme.
Le fond, ce sont les relations entre la France et la Russie.
La forme est presque aussi importante : M. Fabius sort de la ligne de Jean-Marc Ayrault.
On sait que M. Fabius ne fait pas grand cas du Premier ministre, mais il y a une logique des institutions que l’on n’aimerait pas voir bafouée d’une manière aussi indécente.
Au fait, le 27 mars 1854, il y aura tout juste 160 ans, la France et la Grande-Bretagne déclaraient la guerre à la Russie pour bloquer sa poussée vers le sud.
Objectif : stopper une expansion russe qui ne menaçait aucunement les intérêts français, mais gênait les intérêts britanniques.
La France roulait pour l’Angleterre.
À savoir : l’alliance anglaise ne nous fut d’aucun secours face à l’Allemagne en 1870-71.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.