Mis à jour le 06/03/2014 à 21:26
Publié le 06/03/2014 à 18:35
FIGAROVOX - Après avoir une nouvelle fois épinglé son manque de compétitivité et le niveau élevé de sa dette, la Commission européenne a décidé mercredi 5 mars de placer Paris sous surveillance renforcée. Pour le politologue Marc crapez, François Hollande continue pourtant à éluder les vrais problèmes.
Marc Crapez est chercheur en science politique associé à Sophiapol (Paris-X). Son dernier ouvrage, Un besoin de certitude a été publié chez Michalon. Vous pouvez également retrouver ses chroniques sur son blog.
L'Élysée multiplie les effets d'annonce, sans se préoccuper d'apporter des réponses à des problèmes spécifiques.
Le pacte de responsabilité s'enlise.
La dernière initiative de François Hollande visait à rassurer les entreprises étrangères, suite à la publication d'un mauvais chiffre sur les investissements étrangers en France.
Cela consiste à apporter une réponse médiatique aussi rapide qu'éphémère, au lieu de mettre en œuvre des décisions réfléchies.
C'est la technique du haricot sauteur, qui multiplie les prouesses de façade et s'emploie à faire l'intéressant. Il s'agit de retenir l'attention en sortant des lapins d'un chapeau. Hollande sait pouvoir compter sur une certaine mansuétude médiatique. Ses paroles ne l'engagent à rien.
«Mon premier objectif: inverser la courbe avant la fin de l'année», affirmait-il au journal de 20 heures, le 28 mars 2013.
Deux poids et deux mesures
Au lieu de repasser en boucle cette promesse non tenue, les médias ont instruit le procès de l'UMP, coupable de ne pas assez soutenir le pacte de responsabilité.
Comme si l'on pouvait y croire.
Alors même que l'appellation «pacte de responsabilité» semble reprocher aux entreprises une irresponsabilité.
D'aucuns ménagent Hollande tout en attaquant l'UMP.
Hollande s'est ainsi vu décerner le terme flatteur de «social-libéral», sans que l'UMP soit parallèlement qualifiée de libérale-sociale.
Les termes social-libéralisme et libéralisme social ont pourtant été forgés en parallèle.
Pour dédramatiser le clivage gauche-droite.
Montrer que l'affrontement n'est plus entre socialisme et libéralisme, mais entre des compromis tempérés et réformistes.
Or, loin d'être qualifiée de libérale-sociale, avec une connotation positive, l'UMP est, au contraire, négativement soupçonnée d'ultralibéralisme ou de droitisation.
Un échec prévisible
Le gouvernement n'a pas de prise sur l'économie.
Les stimuli économiques qu'il tente de mettre en œuvre ne fonctionnent pas.
Parce que se télescopent déjà trop d'incitations, qui finissent par s'annuler les unes les autres.
Ils n'ont pas d'effet sur l'investissement privé, qui tourne au ralenti.
Ils n'épaulent pas spécifiquement les PME.
Le seul moyen de débloquer ce système serait de sabrer dans la dépense publique.
Cet échec est imputable à l'inexpérience du tandem exécutif Hollande-Ayrault (dépourvus l'un comme l'autre d'expérience ministérielle), à la pénurie de ministres compétents (beaucoup restent influencés par l'extrême gauche intellectuelle), à un déficit de hauts fonctionnaires chevronnés (ceux formés sous Jospin ayant souvent bifurqué dans le privé), enfin au clientélisme d'un Parti socialiste dont les barons, y compris ceux qui se targuent de modernisme comme le maire de Lyon, ont consolidé un clientélisme local d'emploi public (fonctionnaires territoriaux) et parapublic (permanents d'associations).
Le régime des intermittents du spectacle est en déficit d'un milliard par an, soit le quart du déficit total de l'Assurance-chômage.
Lors de sa campagne, Hollande avait complaisamment qualifié ce statut d' «utile pour les bénéficiaires» (sic).
Un groupe de sénateurs à dominante de gauche ayant proposé des réformes, le Medef vient également de faire des propositions.
Aussitôt, Aurélie Filippetti l'a accusé de vouloir faire des intermittents un «bouc émissaire» afin de «tuer la culture».
Langage typique d'une gauche qui n'ose pas déplaire à l'extrême gauche.
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