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mercredi 8 janvier 2014

Le Roi des Cons.

Ecrit le 8 jan 2014 à 1:50 par René-Pierre Samary   
       
Le Roi des Cons
 
 L’année 2013 est finie.
 
Déjà ? Comme le temps passe, dirait Allais – pas Maurice, Alphonse. Pas Boudard, Allais bien sûr.
Mais voilà que je m’embrouille.
A-t-on pensé à décerner le titre de Roi des Cons pour cette année morte et enterrée ?
Les prétendants ne manquent pas, mais il faut choisir.

Je vote pour Manuel Valls. Vous ferez ce que vous voulez.
L’occasion fait le larron, et Valls a perdu une bonne occasion de se taire, à propos de Dieudonné.
Dieudonné, rares sont ceux qui maintenant l’ignorent grâce à une excellente pub signée Valls, Dieudonné est l’un de ces amuseurs professionnels, qu’on se saurait appeler humoristes sans dévaluer ce mot.
Du genre Guillon, Porte, et autres.
 Des amateurs de grosses farces avec un fond de malice agressive.
Valls, confondant critique théâtrale et maintien de l’ordre, a décidé d’interdire les spectacles de Dieudonné.

« La Bataille du Landeau a valu à Valls le surnom, décerné par les méchants, de Manuel Gaz – je signale aux lettrés que gaz, en grec ancien, signifie ‘chaos’ ».

Ah ! Cet ordre public, si pratique pour disperser au gaz lacrymogène les poussettes qui roulent à droite !
 La Bataille du Landeau a valu à Valls le surnom, décerné par les méchants, de Manuel Gaz – je signale aux lettrés que gaz, en grec ancien, signifie « chaos ».
Encore faut-il que le trouble ait quelque apparence de réalité pour être réprimé.
 Klarsfeld le jeune, en bon petit soldat, n’a pas hésité à monter au créneau.
Il a promis de s’en charger, avec ses petits copains.

C’est si facilement troublé, l’ordre public.
Quelques gros bras, quelques alertes à la bombe, et voilà notre ordre public tout décontenancé.
 D’une timidité maladive, il est, l’ordre public.
 Le secret de la guérison ? Hop ! on envoie quelques CRS, et voilà Manuel tout guilleret, droit dans ses bottes conjugalement philosémites.

Car il a fallu que Manuel Valls, sous le coup d’une vertueuse indignation (indignation : toujours vertueuse, pcc Flaubert), cimente son courroux d’une touche toute personnelle : « Par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël. »
On connaît la chanson.
 L’appel aux sentiments pour faire frémir le bon peuple.
D’ailleurs, moi qui ait un arrière grand-père vigneron (côté femmes), je ne saurais admettre qu’on jette l’opprobre sur les alcooliques, les disciples de Bacchus, les adorateurs de la dive bouteille, sur le « jus de vigne qui donne la joie et l’oubli » .

Bon, vous voyez le genre « moi qui ».

Valls, donc, a épousé une juive.
 C’est bien son droit, et il parait que la vox populi leur attribue une intelligence exceptionnelle.
 Je n’exclue pas, de ma part, une pointe de jalousie.
Il parait que ce genre d’union culminerait en France à quelques quarante pour cent dans la communauté hébraïque.
Chiffre qui inquiète JSS News (1er janvier 2014), non en raison de sa modestie, mais au contraire pour son excès.
 Il exprimerait dans la diaspora un « facteur d’assimilation », qui serait « une menace stratégique pour la pérennité d’Israël ».
Valls, par son mariage, serait une menace pour la pérennité d’Israël ?
 Étrange contradiction, lui qui est lié de manière éternelle et coetera…
Passons.

« De même que les dirigeants nazis voyaient des Juifs partout, il y a des gens qui voient partout des antisémites. »

De même que les dirigeants nazis voyaient des Juifs partout, il y a des gens qui voient partout des antisémites, et qui alors montrent les dents.
Réaction canine, directement issue du cortex primitif, et qui transforme l’individu pensant en un automate imprécateur – et parfois destructeur (de la liberté de penser et de s’exprimer, déjà).
Pensée stéréotypée, fruit du « cerveau émotif », facile à suggestionner, qui peut transformer une société tout entière en un camp de concentration intellectuel indolore, comme l’exprime justement Arthur Koestler dans Le Cheval et la Locomotive.
Vaste sujet, sur lequel il n’est pas interdit de se pencher, si l’on n’est pas sujet au vertige.
Revenons à Valls, et à ses semblables .
Malgré le danger qu’il y a à être jeté en pâture aux molosses du prêt-à-penser, osons le questionnement.
Il y a quelques années, Dominique Strauss-Kahn, dans la revue Passages n° 35, écrivait : « Je considère que tout Juif de la diaspora, et donc c’est vrai en France, doit partout où il le peut apporter son aide à Israël.
C’est pour ça d’ailleurs qu’il est important que des Juifs prennent des responsabilités politiques ».
L’énormité d’une telle déclaration ne sera pas évidente, je le crains, pour les malvoyants qui pullulent aujourd’hui.

« Remercions encore une fois l’humble servante qui nous a épargné, à nous Français, un Président qui trouvait important de prendre des responsabilités politiques dans le but d’apporter son aide à Israël. »

Qu’un responsable politique d’une nation quelconque puisse affirmer sans vergogne que sa première préoccupation, ce n’est pas de se dévouer à sa patrie, mais d’apporter son aide à un autre pays quel qu’il soit, il y a de quoi s’interroger sur l’état de son équipement cognitif, qui peut être par ailleurs fort bien agencé.
Mais on sait que DSK avait aussi dans le cerveau un petit quelque chose normalement situé au-dessous de l’abdomen.
 Il n’est pas le seul, et l’amour rend aveugle, qu’il soit conjugal ou ancillaire.
Remercions encore une fois l’humble servante qui nous a épargné, à nous Français, un Président qui trouvait important de prendre des responsabilités politiques dans le but d’apporter son aide à Israël (ce qui peut être louable, dans la mesure où cela sert les intérêts de la France, ce qui reste à prouver).

Aux dernières nouvelles, Klarsfeld junior peut démobiliser ses troupes de choc.
 Le spectacle de Dieudonné serait maintenant interdit dans plusieurs villes de France.
Les prédateurs du fisc lui cherchent des poux.
On veut le virer du Théâtre de la Main d’Or.
Ils réussiront bien à en faire un martyr.

Ah, les cons !

Horreur ! Aveuglé par un vieux fond sexiste, j’oubliais de proposer une Reine des Connes 2013.
Mais voilà qu’en foule elles se pressent, les prétendantes.

L’énormité de la tâche m’accable.

 Qui reprendra le flambeau ?

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