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lundi 20 janvier 2014

Au début, Manuel Valls, je l’aimais bien. Au début… (vidéo)

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Le 19 janvier 2014

  

L’ambition de Valls se fortifie auprès du fauteuil à peu près vacant de l’Élysée.

Je vais vous faire une confidence : je l’aimais bien, Manuel Valls, au début.
À l’époque, il m’aurait presque réconcilié avec une certaine gauche. C’est vrai, un immigré espagnol qui vote avec la droite un délit d’outrage au drapeau tricolore et à l’hymne national, c’était assez courageux.
 Un maire d’Évry qui exprime son « désaccord total » avec la dépénalisation du cannabis proposée par Daniel Vaillant, c’était plutôt responsable.
 Un socialiste bon teint qui veut déverrouiller les 35 heures, c’était même suicidaire.

Alors oui, je l’aimais bien, Manuel, et je trouvais même les siens sévères avec lui.
 Martine Aubry voulant l’exclure du parti pour lui faire payer son soutien appuyé à Ségolène Royal, lors du congrès de Reims, en 2008.

Ou encore les cris d’orfraie suite à ses propos off, lorsqu’il estima qu’il manquait « quelques blancs, quelques white, quelques blancos » à la brocante d’Évry.
 Le PS ne le mérite pas, me disais-je enfin, quand il fit 5,6 % à la primaire socialiste de 2011, loin derrière tous les caciques.
Alors pourquoi cette répulsion presque physique aujourd’hui, dès que je l’entends ou le vois par média interposé ?
 Eh bien, depuis 20 mois, Manu et moi, on a appris à se connaître.
 Ça a commencé pendant la campagne de Hollande. Directeur de sa communication, il y a gagné le surnom de Kommandantur, tant il a régenté la vie du candidat, allant jusqu’à lui redresser sa cravate, avec une sollicitude infantilisante qui fait un peu froid dans le dos…
 En lui offrant l’Intérieur au nez de François Rebsamen, hollandais pur sucre, le chef de l’État ne se rendait sans doute pas compte à quel point il mettait le loup dans la bergerie…

Depuis, on voit en effet ses dents rayer avec constance les parquets de la République, à tel point que lorsque Montebourg et Taubira veulent bien se taire, on n’entend plus en bruit de fond que les oukases de la Place Beauvau.

Regard noir, mâchoires serrées, bouche pincée, rouge aux joues, sueur aux tempes, index pointé, Manuel traque tantôt l’ennemi à combattre, tantôt le moulin à vent à abattre.

 Corse, Marseille, affaire Méric, Roms, voile…
 Un dossier a chassé l’autre, avec des résultats inversement proportionnels à la communication déployée, le tout laissant déjà voir un fossé grandissant entre discours à la tribune et réalité du terrain, et une vision binaire du monde qui n’est pas sans rappeler un certain Bush fils.
L’épisode Manif pour tous, bien sûr, en a dessillé plus d’un : interdiction sans fondement des Champs-Élysées ; proposition moqueuse de défiler entre Corbeille et Évry ; gaz lacrymogènes sur des familles piégées par le dispositif policier ; policiers en civil provoquant des heurts au nez de journalistes aussi sagaces que lors de la dernière conférence de presse de François Hollande ; photos retouchées par la préfecture ; arrestations par milliers, gardes à vues par centaines, et condamnations comptées sur les doigts d’une main.
Puis ce fut, pendant la trève des confiseurs, la chasse à la quenelle.
 Très bien de faire des heures sup’ pendant que les autres détellent, mais à condition de servir son pays davantage que des intérêts personnels, voire communautaires.
Sur ce coup-là, sa façon de tordre le bras à la justice a été largement désavouée par l’opinion publique ― perte de 6 à 7 points dans les derniers sondages ―, nombre de juristes, la Ligue des droits de l’homme, et des figures de gauche, tels Jack Lang, Pierre Joxe.
Sans oublier Edwy Plénel, dont le site Mediapart vient de mettre le doigt sur une histoire pas jolie jolie : le Valls président de communauté d’agglomération a attribué en avril 2011 à son ex-compagne, Sybil Cosnard, naguère directrice générale de l’urbanisme de la ville d’Évry, un marché public de 450.000 euros, dans des conditions fort douteuses.

Sous ses airs de redresseur de torts, Manuel ne serait-il pas meilleur que d’autres ?
Mais on commence à connaître le bonhomme, et je mettrais bien une piécette sur l’instrumentalisation des manifestations de ce début d’année pour faire oublier ce petit conflit d’intérêt…
Outre ces ennemis visibles de la République, Valls a surtout dans le viseur ceux de l’intérieur, embusqués sur les chemins du pouvoir. Matignon, il n’en est plus question, Valls étant à Hollande – en pire – ce que Sarkozy fut à Chirac.
 Mais l’Élysée…
Aura-t-il le temps de tuer le père d’ici 2017 ?
 L’étendue du discrédit de François Hollande en décidera.

 Car oui, l’ambition de Valls se fortifie auprès du fauteuil à peu près vacant de l’Élysée.
 Sans oublier le lit !
 Selon Le Canard enchaîné, il aurait qualifié la bagatelle du chef de l’État avec Julie Gayet de « comportement d’adolescent attardé ».

 On est nombreux à le penser, bien sûr.

 Mais on n’est pas tous ministres.

Vidéo postée par un lecteur.
 

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