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mardi 10 septembre 2013

Hollande a perdu un pari qu’il ne pouvait pas gagner


    
Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, c'est tous les jours à 8h25 sur RMC.
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Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, c'est tous les jours à 8h25 sur RMC. 

Il y a un an et un jour, le 9 septembre 2012, sur TF1, François Hollande promettait « d’inverser la courbe du chômage d’ici un an ». Vous voulez pointer cet échec.
  
On est obligé de supposer qu’il y avait, dans cette promesse de François Hollande, à la fois de la naïveté et de la rouerie.
 C’était naïf de penser que sa seule élection allait produire de la confiance, qui profiterait à l’économie – mais il l’a dit plusieurs fois pendant la campagne présidentielle, donc peut-être qu’il le croyait.
 Et puis c’était roué de formuler cet engagement en pensant que les mesures qu’il allait mettre en place (notamment une politique d’emplois aidés) suffiraient à enrayer la hausse du chômage.
 Dans les deux cas, c’était un pari.
 Et dans un sens ou dans l’autre, c’est un pari perdu.

Peut-on dire qu'il s'est trompé de politique pour l'emploi ou faut-il conclure qu'il n'aurait pas du prendre cet engagement ?

Ça fait sourire les économistes mais il semble que François Hollande croie dur comme fer à la théorie des prophéties auto-réalisatrices en économie : l’effet produit par une annonce positive qui est tel que l’annonce finit par se réaliser.
Cela dit, il a vite su qu’il s’était un peu trop avancé puisque 3 mois plus tard, dans ses vœux télévisés, il promettait encore d’inverser la courbe « en un an » – ce qui revenait à s’accorder 3 mois de délai.
 Tout le monde a fait semblant de ne pas voir le petit tour de bonneteau mais si le chômage ne baisse pas à la fin de l’année, on pourra dire qu’il aura 2 fois échoué : en septembre et en décembre…

Pourtant, les chiffres du chômage ont l'air de se stabiliser depuis quelques mois, notamment pour les jeunes (M. Sapin s'en est félicité). Est-ce que le gouvernement n'est pas sur la bonne voie ?

C’est difficile à croire.
 Il y a la sémantique et la statistique.
 La comm’ gouvernementale a inventé le concept de « ralentissement de la hausse » mais il vaudrait mieux une accélération de la baisse...
C’est vrai que le chômage des jeunes n’augmente presque plus, mais c’est l’effet des emplois aidés (ce qui n’est pas un mal mais pas non plus une politique de long terme). Alors que le chômage de longue durée augmente.
 Et la précarité explose, au point que si on ajoute ceux qui travaillent quelques heures par ci par là, on arrive à plus de 4 millions de chômeurs.
Et puis le mal de fond : on invente toujours plus de dispositifs mais on ne crée toujours pas d’emplois en France.

Donc le rendez-vous est manqué : est-ce un coup dur pour F. Hollande, au moment où son image semblait s'améliorer dans les sondages ?

Le chômage, c’est le point sur lequel François Hollande a demandé à être jugé par les Français.
 Son volontarisme était un atout, il ne serait pas illogique qu’il suscite de la déception. C’est surtout que les mesures qu’il a prises sont décevantes.
 Les contrats d’avenir n’en sont qu’à la moitié du rendement qui était prévu.
 Le crédit compétitivité-emploi est boudé par les entreprises.
Il y a une marge de progression mais pour l’instant, ce que François Hollande avait appelé sa « boîte à outils » contre le chômage ressemble plutôt à une trousse de secours.
Pour paraphraser De Gaulle, ça ne veut pas dire qu’il ait perdu la guerre sur le plan économique, mais sur le plan politique, il a perdu une bataille.

Hervé Gattegno

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