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dimanche 2 juin 2013

La jeunesse corse se radicalise.



Une banque incendiée, vingt et un gendarmes et policiers blessés… Le bilan des affrontements qui ont éclaté à Bastia mercredi et jeudi soir est assez lourd. Avec une question clé: qui sont ces quelques 80 jeunes nationalistes s'étant battus pendant deux soirées avec les forces de l'ordre?

Agés de moins de 25 ans, ils se réclament de la Ghjuventu Indipendentista, la jeunesse indépendantiste corse. À l'origine, ce mouvement né à Corte en 1999 était un syndicat étudiant, œuvrant uniquement au niveau du campus de l'université de Corse. Mais depuis le début de l'année universitaire, cette organisation a opéré une sérieuse mutation. La Ghjuventu Indipendentista se définit à présent comme un groupe de jeunes nationalistes indépendantistes. Elle compte désormais très peu d'étudiants dans ses rangs, et avance des revendications politiques: préservation de la langue corse, défense du statut fiscal de l'île, libération des «prisonniers politiques»…
Appel à manifester

Ces jeunes militants, au profil encore peu expérimenté pour la plupart, sont de plus en plus actifs sur le terrain. Selon certains spécialistes, les membres de l'organisation agiraient de façon autonome, mais pour d'autres, ces faux électrons libres seraient en fait sous l'influence de leurs aînés nationalistes.

Mercredi et jeudi, ces jeunes ont en tout cas bien appelé à une manifestation devant le commissariat de Bastia en soutien aux huit personnes interpellées dans le cadre de l'enquête sur la tentative d'attentat à la voiture-bélier contre la sous-préfecture de Corte, le 1er avril 2012. Venus en nombre, ils ont d'abord manifesté dans le calme mais des heurts ont fini par éclater. Pendant deux heures, les policiers ont essuyé des jets de projectiles ainsi que des tirs de bombes agricoles, avant de réussir à disperser la foule à l'aide de gaz lacrymogènes.

Par ailleurs, un journaliste de France 3 Corse, qui filmait les affrontements, a été blessé jeudi soir par une grenade assourdissante des forces de l'ordre qui lui a endommagé le tympan de l'oreille gauche à 50 %, entraînant une perte d'acuité auditive et une incapacité temporaire de travail de dix jours.

«Nous n'admettrons jamais qu'un journaliste identifié comme tel avec sa caméra à l'épaule, excentré du lieu des affrontements, soit ciblé volontairement», a réagi la chaîne, qui a annoncé qu'elle déposerait plainte dès lundi matin au côté du journaliste. «Rien ne permet à ce stade d'établir l'origine du tir et encore moins d'affirmer que le journaliste a été visé volontairement», a répondu le ministère de l'Intérieur.

Si quatre des gardés à vue dans l'enquête sur la tentative d'attentat de Corte ont été relâchées, le climat reste très tendu. Attendu lundi et mardi en Corse, Manuel Valls a condamné ces troubles «avec une très grande sévérité».


Le 11e homicide depuis le 1er janvier

Le corps de François Masini, 48 ans, a été retrouvé vendredi matin à bord de sa voiture sur la commune de San Nicolao de Moriani, en plaine orientale. Touché à la tête et au thorax, l'homme, connu des services de police, aurait été pris pour cible par un ou plusieurs tireurs armés probablement de fusils de chasse. François Masini avait déjà échappé à une première tentative d'assassinat en 1993. Les enquêteurs ont également découvert un véhicule incendié à quelques kilomètres du lieu du crime.

Depuis le début de l'année, 11 personnes ont été assassinées en Corse contre 19 en 2012. Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a recommandé vendredi un «travail de fond» pour lutter contre les «systèmes mafieux».

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