Abdelaziz El Harrouf veut, "par tous les moyens", régler ses problèmes de voisinage. (Photo PIERRE SALIBA)
"Le quartier est devenu invivable."
Des voisins se plaignent d’incivilités et de menaces, les responsables du lieu de culte répondent par des actions d’apaisement. Ils misent tout sur le civisme des pratiquants.
Le jour de l’inauguration, le président de l’association qui gère la mosquée, Abdelaziz El Harrouf, avait dit sa joie d’offrir ce nouveau lieu de culte à ses fidèles : "Il y a beaucoup de gens, de retraités, qui ne peuvent pas conduire ou s’éloigner du centre-ville. C’est pour ça que l’on avait insisté pour avoir une mosquée ici. C’était très important."
"Cette rue tranquille est devenue infernale à vivre"
Mais cette mosquée ne fait pas que des heureux. Des voisins, installés dans la rue depuis des années, ne voient pas d’un bon œil la venue de tout ce monde. "Si nous réagissons de la sorte, témoigne un riverain, c’est parce que cette rue tranquille est devenue infernale à vivre. Nous avons été agressés verbalement, insultés, menacés de mort.
Nous n’en pouvons plus.
Il faut que l’on trouve une solution pour que nous puissions quitter ce quartier."
Des plaintes ont été déposées auprès du commissariat de Béziers pour de nombreuses raisons. Du côté de la mosquée, on a pris très au sérieux ce problème. "Nous ne sommes pas installés là pour ennuyer nos voisins. Nous sommes là pour prier, pour éduquer nos enfants", insiste Abdelaziz El Harrouf.
Mais les voisins persistent. "Nous ne pouvons pas rentrer dans notre garage, assure l’un d’eux, sous couvert d’anonymat. Ou nous sommes empêchés d’en sortir. Leurs véhicules sont sous nos fenêtres, moteurs tournants. Il faut s’enfermer, même quand il fait chaud.
Le quartier est devenu invivable.
Nous voulons vendre, mais notre maison a perdu toute sa valeur depuis que la mosquée est là."
En mairie, on reconnaît que des signalements ont été faits pour des nuisances importantes, des agressions verbales. Depuis, la police municipale est envoyée très souvent sur place pour verbaliser ceux qui ne sont pas à leur place.
"Les responsables de la mosquée ont proposé aux voisins de leur payer une barrière antistationnement devant leur garage, ajoute Fatima Allaoui, conseillère municipale. Il y a eu un accord entre les deux parties, mais la mairie a dû refuser par mesure de sécurité. Cette installation aurait été un obstacle à la circulation d’éventuels secours."
Le jour de l’inauguration de ce lieu de culte, qui peut accueillir pas loin de 500 personnes, toutes ces problématiques ont été évoquées.
Depuis, deux personnes sont en charge de faire circuler au plus vite tous ceux qui viennent en voiture pour ne pas troubler la quiétude des riverains.
"Il n’y a pas tant de véhicules que ça dans cette rue"
"Même moi, dès que je le peux, je demande aux pratiquants de ne pas rester sur place. Mais ce que je ne comprends pas, c’est qu’environ 90 % des gens viennent à pied pour prier, il n’y a pas tant de véhicules que ça dans cette rue", assure encore le président de l’association cultuelle.
À la mosquée, on reconnaît que cinq fois par jour, il y a du monde qui circule dans cette rue. Mais on veut tout mettre en œuvre pour régler au mieux ce conflit de voisinage, sans qu’il n’y ait d’invective. Les responsables assurent donc travailler le plus sérieusement du monde pour des relations de voisinage apaisées. Mais les riverains ont toujours du mal à accepter ces allers et venues quotidiennes dans la rue Raspail.
JEAN-PIERRE AMARGER
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