La mairie de Grenoble conseille à ses administrés de confectionner un sac à dos pour survivre en situation de crise.
On sait que la panique face à l’Est a le vent en poupe, ces temps-ci, au sein de la classe politique française. Le gouvernement va nous envoyer un guide de survie, dans les prochains mois. Il ne serait pas surprenant que la mode des abris antiatomiques revienne. Et maintenant, clou du spectacle : le sac de survie. La mairie de Grenoble, ordinairement peu suspecte de liens avec la mouvance survivaliste (plutôt marquée à droite), conseille à ses administrés de confectionner un sac à dos permettant de survivre en situation de crise. Le Dauphiné libéré du 21 mars 2025 consacre une page entière à l’interview d’un certain Antoine Back, adjoint au maire chargé des risques et de la résilience territoriale. Il a déjà tout prévu. Il a beaucoup d’idées. Écoutons-le !
Après plusieurs précautions oratoires qui semblent destinées à chasser tout sentiment de peur (c’est un comble !), l’adjoint au maire de Grenoble entre dans le vif du sujet : un sac par personne (au cas où les familles seraient séparées), de quoi avoir chaud en cas de nuit dans un gymnase, de quoi écrire, une gourde filtrante, des bouchons d’oreille, une radio à piles, des photocopies de vos papiers d’identité ou encore des doubles de vos clefs… La liste est longue. On peut même prendre des jeux de cartes, parce que « c’est important, la bienveillance », dans ce genre de situations.
À ce sujet — Les Français recevront cet été un manuel de survie : tremblez, braves gens !
En cas de crise... mais à cause de qui ?
Il est tout de même très curieux que ce sujet soit lancé, un beau matin de mars, dans les pages de la presse quotidienne régionale.
Curieux et même légèrement inquiétant, car il y a dans cet affolement « bienveillant » autant de perte du sens commun que d’incapacité à prioriser ce qui doit l’être. La Russie n’est certes pas un pays ami, mais les troupes de Vladimir Poutine ne sont pas à nos portes, c’est le moins que l’on puisse dire. En revanche, il y a, en France, tout plein de gens qui détestent notre pays, qui nous détestent et qui agressent gratuitement d'autres gens qui ne leur ont rien fait… juste parce qu’ils sont Français. Il y a, également, des gens qui haïssent nos compatriotes juifs, du seul fait de leur religion. Il y a aussi des trafiquants de drogue dont les activités représentent une part croissante de notre PIB. Bref, des menaces immédiates, quotidiennes, contre la France, des vraies, il y en a. Et celles-ci, on ne les arrêtera pas avec un petit sac à dos rempli de papier toilette, de jeux de cartes et de gants de jardinage.Survivalisme à la petite semaine
Au fond, on se demande à quoi rime cette passion soudaine de la municipalité de Grenoble pour ce retour de la mode apocalyptique. Derrière cette mobilisation volontairement anxiogène contre la menace fantôme des chars russes, n'y aurait-il pas surtout une volonté de ne pas s’attaquer à des problèmes qui, eux, sont bien réels ? Aucun adjoint au maire de Grenoble ne conseillera à personne d’emporter une matraque télescopique en rentrant chez soi, pour éviter de se faire dépouiller : il est plus simple de vous parler de bouchons d’oreille pour dormir dans les gymnases que de suggérer, par exemple, de traverser tel ou tel quartier sans arborer d’objets de valeur. Il vaut mieux parler jeux de cartes et bienveillance. C’est beaucoup plus confortable de faire du survivalisme à la petite semaine, en se prenant pour des survivants d’un monde qui s’est effondré sous les coups de boutoir d’une dictature surarmée. Ça parle beaucoup plus à l’esprit des gauchistes. Ils sont comme ça.
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