Que l’on aime ou pas le style Trump, il faut admettre une chose : le républicain applique son programme à la lettre.
En revenant au pouvoir, Donald Trump a musclé le jeu même contre les partenaires de longue date de Washington.
L’instauration d’une taxe de 25 % sur les voitures importées en est le parfait exemple. « Nous allons faire payer les pays qui font des affaires dans notre pays et prennent notre richesse », a-t-il encore prévenu, il y a peu. Avant même son arrivée au pouvoir, Donald Trump avait prévu une hausse massive des produits importés. Rien de surprenant à cette politique protectionniste agressive. Même chose pour le Groenland. Alors que les dirigeants européens jouent les vierges effarouchées, Trump ne cache pas ses intentions depuis… 2019.
Contrer les avancées sino-russes
Le président américain n’a qu'une seule idée en tête : briser les avancées sino-russes dans l'océan Arctique - inquiétant, au passage, Vladimir Poutine. Depuis plusieurs années, Chinois et Russes investissent massivement, en Arctique. En 2019, la seule Fédération de Russie avait un plan d’investissement de 185 milliards de dollars dans le cadre de son exploitation pétrolière. Les Chinois, eux, investissent massivement dans des entreprises en échange d’accès aux ressources. Pour le Groenland, cette injection massive d’argent représente la possibilité de s’extraire un peu plus de la tutelle danoise et, donc, de gagner en autonomie.
L’Union européenne - qui joue les ingénues - ne semble s’intéresser à l’Arctique que depuis que Donald Trump avance ses intérêts. Chaque année, les investissements européens représentent - seulement - entre « 35 à 40 millions d’euros » pour la transition énergétique ou l’éducation, rappelle Alexandre Taithe, chercheur spécialiste de l’Arctique, à nos confrères de Ouest-France. Loin des réalités et des enjeux internationaux. En janvier dernier, Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, n'excluait pas l’envoi de troupes européennes au Groenland « si nos intérêts de sécurité sont en jeu ». Une réaction d’apparence disproportionnée qu’ose la France avec les États-Unis - mais pas avec l’Algérie, qui lui cause pourtant plus de tort.
Des dirigeants européens victimes de leur idéologie
Pour des élus européens issus de la commission des Affaires étrangères, les chefs d’État et de gouvernement européens ne sont pas au niveau des enjeux. Contacté par BV, Claudiu Richard Târziu, eurodéputé roumain du groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR), estime que « les dirigeants européens » ouvertement hostiles à Washington « ne peuvent être soupçonnés de naïveté ». Toute approche pragmatique est rejetée et « la politique du président Donald Trump [l'est] pour des raisons strictement idéologiques », regrette l’élu, qui souhaite avant tout que l’UE reste « dans un partenariat lucratif, pragmatique et mutuellement bénéfique avec les États-Unis ».
Même constat, côté allemand. « L'UE fait tout de travers : elle est militairement impuissante, démographiquement à bout de souffle, mène une politique de désindustrialisation et pense également pouvoir donner des leçons au reste du monde », affirme, auprès de BV, Tomasz Froelich, député européen Alternative für Deutschland (AfD), du groupe L’Europe des nations souveraines (ENS). En adoptant une posture outrancièrement défensive - voire ouvertement hostile à Trump -, l’UE se marginalise « dans un monde multipolaire », souligne l’élu, qui considère que les pays européens sont aujourd’hui trop « faibles » face aux « autres puissances hégémoniques ». Trump avance ses pions là où l’Europe se cherche une stratégie qui caresse dans le bon sens du poil ses idéaux progressistes.
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