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jeudi 29 février 2024

Migrants d’Afrique de l’Est : Mayotte, Roissy et finalement le château de Grignon


195 ressortissants africains ont trouvé, le mardi 27 février, un point de chute au château de Thiverval-Grignon, dans les Yvelines. 

Des personnes venues d’Afrique de l’Est via Mayotte, puis Roissy, et enfin Grignon. 

Un château dont les mésaventures de ces dernières années ont déjà été évoquées par BV. Classé monument historique, datant du XVIIe siècle et berceau de l’agronomie française depuis le XIXe siècle, il a été le siège de l’école d’ingénieurs AgroParisTech pendant une longue période. Depuis, plus de résidents ni de visiteurs. Comment, d'ailleurs, ne pas évoquer, au passage, le scandale du mobilier d'époque bradé en 2022.

Déjà en novembre 2022

Déjà en novembre 2022, 200 migrants avaient trouvé refuge pendant plusieurs mois. Ils sont aujourd’hui presque autant à être accueillis par les travailleurs sociaux d’Emmaüs. Ces sans-papiers venus d’Afrique de l’Est, principalement des femmes seules et des familles, ont tenté leur chance à Mayotte pour y trouver une vie meilleure. Sur les 718 individus destinés à quitter Mayotte, 195 trouveront finalement cette chance d'être hébergés dans un château des Yvelines. Ils ont obtenu le statut de réfugié. L’État a parfaitement orchestré l'opération : un avion a été dépêché depuis l’île où la moitié de la population est en situation irrégulière pour prendre 310 passagers à bord et les déposer à l’aéroport de Roissy où un car attendait 195 d'entre eux pour les conduire jusqu’au domaine.



Témoignages sur place

BV s'est rendu sur place et a pu interroger un visiteur de migrants qui nous a précisé que c’est précisément à la résidence Ratineau, dans l’ancien internat des élèves, que les nouveaux arrivants sont logés (à 300 mètres du château). Selon un habitant, depuis l'arrivée de ces migrants, ce matin du 27 février, où le préfet était présent, presse et visiteurs ne peuvent plus pénétrer dans l’enceinte du château.

Les nouveaux arrivants seront, sur décision de la préfecture, hébergés jusqu’à la mi-mars avant d’être redirigés vers un lieu stable. « Beaucoup de réfugiés ukrainiens ont déjà été accueillis dans la ville », nous confie Nadia*. Non informée par l’arrivée des migrants fraîchement débarqués, elle trouve que leur proportion est trop importante par rapport à la population du village (1.100 habitants). Le maire sans étiquette Nadine Gohard n’a, elle, pas eu son mot à dire : c'était « sans négociation possible », précise-t-elle.

Michel*, un autre habitant de la commune, salue cette arrivée d’immigrés : « Accueillis dans des lieux structurés pour un hébergement et une restauration à grande échelle, au sein d’un domaine vaste et totalement clos. J’ai seulement croisé les immigrés dans le bus du secteur pour aller à la gare, et aucun accueilli n’a été aperçu dans le village lors de la dernière vague de migrants restée deux mois. Je n’ai pas eu connaissance d’impact négatif. »

Nadia* avoue qu'elle aurait préféré que la mairie se concentre sur les possibilités d'offrir des services publics adaptés à ses administrés, à commencer par l’école pour les enfants et les soins pour les personnes au parcours difficile. Elle craint le ras-le-bol des habitants.

Un « mobilier d’époque » bradé à des prix défiant toute concurrence, des migrants ballottés, des habitants et leur maire non consultés : tout cela apparemment sans rapport. Si, peut-être : un concentré de l'impéritie et légèreté de notre État.

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