31.03.2022
Le Royaume-Uni pourrait fournir prochainement à l'Ukraine des armes défensives, mais aussi offensives.
Du moins, c'est ce qu'affirme le quotidien britannique Times.
Il affirme se référant à ses sources que cette initiative a été avancée par le premier ministre britannique Boris Johnson lors d'une réunion du gouvernement. Si c'est effectivement le cas, cela pourrait indiquer que l'Occident ne croit pas à la productivité des négociations russo-ukrainiennes et s'attend à une escalade du conflit.
Le journal affirme que pendant la réunion du gouvernement, le 29 mars, Boris Johnson a proposé de livrer à l'Ukraine des "armes plus meurtrières" qu'auparavant.
Selon le Times, il s'agit de canons automoteurs AS-90 Vickers. Ce n'est pas une nouveauté de l'industrie militaire britannique. Les canons automoteurs étaient développés encore dans les années 1980. Mais il est à noter le fait en soi que le Royaume-Uni soit prêt à fournir à l'Ukraine une arme qui convient non seulement pour se défendre, mais aussi pour contrattaquer.
Le quotidien ne précise pas comment les Britanniques comptent acheminer ces canons en Ukraine. Il sera certainement impossible à le faire à l'insu de la Russie.
Les experts pensent que l'initiative du chef du gouvernement britannique est principalement liée aux évènements au Royaume-Uni même. L'enquête sur le scandale lié à une prétendue violation par le premier ministre des restrictions anti-Covid touche à sa fin. La police commence à infliger des amendes aux participants aux soirées dans la résidence de Boris Johnson organisées en plein confinement. Sur ce fond, le premier ministre cherche à améliorer son image. Il cherche à se positionner comme le partisan le plus systématique et radical de l'aide à l'Ukraine.
En même temps, jusqu'à présent du moins, l'Otan n'envoyait pas du tout à l'Ukraine les armements exigés par le président ukrainien Volodymyr Zelensky. L'Alliance n'y envoyait pas des chars ou des avions, mais plutôt des systèmes antichars. L'armée ukrainienne en a besoin aussi. Sachant que même des pays de la part desquels on ne s'y attendait pas du tout y envoient également des armes antichars.
En particulier, le gouvernement norvégien a annoncé avoir envoyé aux militaires ukrainiens 2.000 lance-grenades antichars M72 américains. Selon le ministère norvégien de la Défense, il s'agit d'une seconde cargaison pareille en Ukraine. La première avait été livrée début mars. Pour la Norvège, la remise d'armes à un pays en état de conflit armé est quelque chose de révolutionnaire. Le gouvernement norvégien se tenait depuis les années 1950 à la règle de ne pas fournir des armes à un État menant des activités militaires ou hors Otan. Mais comme l'a expliqué le ministre norvégien de la Défense Odd Roger Enoksen, il s'agit d'une situation extraordinaire. Selon lui, de la capacité de l'Ukraine à "défendre sa souveraineté" dépend le maintien de la "norme de règlement pacifique des conflits et de respect des frontières en Europe".
Plusieurs autres pays européens changent leur politique traditionnelle en matière d'armement à cause des événements en Ukraine. Notamment la Suède. Comme l'a récemment déclaré la première ministre de ce pays Eva Andersson, Stockholm transmet à l'Ukraine gratuitement 135.000 rations de combat, 5.000 casques, 5.000 gilets pare-balles et 5.000 armes antichars.
Curieusement, certains pays tentent de décentraliser le processus de soutien de l'armée ukrainienne. Adam Schiff, président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants des États-Unis, ainsi que 10 congressistes à la fois démocrates et républicains ont envoyé une lettre au Pentagone et au département d'État américain. Ils proposent d'accorder à la Garde nationale de la Californie le pouvoir d'apporter une aide à l'Ukraine. Il est proposé d'envoyer avec l'aviation à disposition de la Garde nationale des chargements humanitaires dans ce pays. Les législateurs ne précisent pas qui pilotera ces avions, des Ukrainiens ou des Américains. Par conséquent, les congressistes proposent de facto de fournir à l'Ukraine des avions. Ce à quoi la Russie a promis une "réaction adéquate".
Alexandre Lemoine
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