Régulièrement, le sénateur Claude Malhuret fait parler de lui : ses sorties dans les médias ou au Sénat sont qualifiées de drôles, d’ironiques, toutes en finesse et en subtilité.
Qualifié par RMC de star de l’humour, le sénateur est pourtant d’un naturel plutôt bilieux. Sa bête noire, depuis plusieurs mois ? Les déplorables qui manifestent le samedi contre le passe sanitaire : ici, le « vous n’aurez pas ma haine » ne s’applique pas.
Ainsi, à la tribune du Sénat, il y a quelques jours, il cinglait : « Alors que les résistants d’opérette s’exprimaient dans les rues avec leurs pieds, tous les autres Français se sont exprimés avec leur cervelle en se faisant vacciner », fustigeant ces « cortèges de pigeons menés par des ânes » aux « certitudes acquises à l’université Facebook, section fake news ».
Le week-end dernier, dans l’émission « C Politique », sur France 5 (service public), il a remis le couvert : « Les anti-passe ne sont surement pas la majorité. Il y a des anti-vax, les anti-système, les anti-Macron, il y a des antisémites, il y a des anti-tout. » « Comment le savez-vous, qu’il n’y a pas beaucoup d’anti-passe dans les manifestations ? », lui demande le journaliste . « Tout le monde le sait, tout le monde regarde la télévision. » Argument massue de qualité scientifique et journalistique irréprochable. Il conclut : « Ils continuent à être dans la rue, moi je pense qu’ils devraient être dans leurs caves. »
Anti-pass : « Ils continuent à être dans la rue, je pense qu'ils devraient être dans leur cave. » @ClaudeMalhuret, sénateur de l’Allier dans #CPolitique pic.twitter.com/kqj2stxlIo
— C Politique (@CPolF5) September 12, 2021
Rien ne va, dans ces diatribes à l’encontre de ces nouveaux réfractaires. Le mépris, d’abord : qu’un élu se permette de traiter ainsi les Français dont il est censé représenter la voix au Parlement en dit long sur la considération d’une partie de la classe politique pour… le peuple.
Les dissidents qui refusent, pour leurs enfants, le monde hygiéniste et contrôlé qu’on veut leur imposer sont les « classes dangereuses » du XXIe siècle. Comme en Chine, leur crédit social est égal à zéro. À leur encontre, tout est désormais permis. Y compris, pour le moment verbalement, les enfermer dans des caves. À quand, le bracelet électronique ou la prison ? Va-t-on bientôt leur retirer le permis de conduire, le droit de vote, l’autorité parentale, que sais-je encore ?
La négation de la plus élémentaire des libertés publiques, ensuite. L’interdiction de celle de s’exprimer, émise rageusement sur le service public, par le représentant d’une des plus hautes institutions françaises ne laisse pas d’interroger : à l’heure où on nous rebat les oreilles sur la méfiance grandissante des Français envers les institutions, la démonétisation de la parole publique, les fractures sociales qui traversent le pays, on se demande ce que cherche l’humoriste du Sénat. Cette attitude toute de mépris et d’arrogance des « sachants » est fort bien expliquée par Chantal Delsol, dans Le Figaro : « Avec quelle facilité joyeuse nos gouvernants sont prêts, dans cette affaire de vaccins, à considérer les réfractaires comme des séditieux inciviques, tout juste bons à subir l’infamie. L’être humain aime tyranniser. Il le fait plaisamment quand on ne l’en empêche pas. Il le fait triomphalement quand la légalité le lui permet. » Le meilleur de la nature humaine.
Mais qui est Claude Malhuret ? Médecin et sénateur, ex-président de Médecins sans frontières et fondateur de Doctissimo, ancien maire de Vichy, il est également ancien secrétaire d’État… aux Droits de l’homme du gouvernement Chirac, sous la présidence de François Mitterrand. Ancien LR, il a fondé le mouvement Agir de la « Droite constructive », qui regroupe cette grosse frange de LR passée à la Macronie. On peut lire, sur le site du mouvement : « Nous voulons une société de justice où la liberté et la solidarité ont pour contrepartie la responsabilité de l’individu. Chaque individu, quel que soit son âge, son origine, sa religion, son état de santé, ses qualités, doit pouvoir trouver sa place dans la société. »
Et pas à la cave.
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