Aucun ministre n’en parle, ou alors très bas, mais tous y pensent de plus en plus fort.
En effet, qui, des ministres composant le gouvernement, y siégera encore au lendemain de l’élection suprême ?
Là, deux cas de figure : ou bien Emmanuel Macron est battu par un – ou une – des candidats en lice et la question ne se pose plus. Ou bien il est réélu et sera évidemment tenté de faire balles neuves.
La situation est d’autant plus complexe que l’actuel Président n’est pas encore officiellement candidat à sa propre succession et qu’il n’a donc pas encore défini ses axes de campagne. Seule indication, cette indiscrétion issue de son proche entourage, parue dans Le Figaro de ce mardi 28 septembre : « La radicalité qui s’exprime bruyamment ne correspond pas aux attentes réelles du pays. »
Il est un fait qu’entre Sandrine Rousseau, battue au second tour des primaires écologistes par Yannick Jadot, et Éric Zemmour, candidat putatif, l’actuelle tendance serait plutôt à qui renverserait la table le plus fort tout en tirant très loin la nappe. Cité le même jour par Le Parisien, un « ministre régalien » aurait confirmé : « Si Macron est battu, la réponse est simple, on dégage tous. S’il est réélu, je crains qu’on ne soit pas mieux lotis. » Le brouillard est d’autant plus épais qu’il existe au moins deux sortes de macronistes : les ralliés de centre droit et ceux de centre gauche ayant rompu les amarres avec LR et le PS. Et, accessoirement, les macronistes pur jus issus de la société civile ou venus de nulle part, ayant été de longue date exfiltrés, tels la pétulante Sibeth Ndiaye ou le définitivement incontrôlable Joachim Son-Forget.
Si le sort des derniers paraît réglé, à quoi pourra bien ressembler celui des premiers ? À part rebondir aux élections législatives commençant dès la fin de l’élection présidentielle, on ne voit pas. Ce serait, ainsi, le cas de Jean-Michel Blanquer, ministre sorti essoré de son passage à l’Éducation nationale. Ou encore de Marlène Schiappa, blogueuse propulsée tout d’abord au « secrétariat d’État chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations » avant de devenir « ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, chargé de la Citoyenneté ».
Si Jean-Michel Blanquer fait à peu près consensus à droite comme à gauche, les états de service de Marlène Schiappa, correspondant à l’imaginaire politique des habitants des mégapoles mondialisées, suffiront-ils à convaincre les électeurs de province, pas forcément réceptifs à son progressisme « bienveillant et inclusif » mais un peu castrateur aussi ? Pas forcément.
Il faut aussi évoquer les inquiets : Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, dont la face de Carême et de repas sans vin n’est pas spécialement populaire dans cette fameuse France d’en bas, ou Amélie de Montchalin, la très transparente secrétaire d’État aux Affaires européennes, pas très « France qui se lève tôt », comme disait Nicolas Sarkozy. Sans oublier Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, respectivement ministres des Finances et de l’Intérieur. Eux brigueraient bien Matignon mais Emmanuel Macron, en cas de réélection, pourrait bien les donner en pâture aux lions puisqu’ils incarnent des rivaux potentiels au même titre qu’un Édouard Philippe, sèchement renvoyé malgré ses bons services.
Toujours cité par Le Parisien, un ministre de premier plan aurait reconnu : « Objectivement, Emmanuel Macron peut se passer de nous. » Vu les talents déployés par ce gouvernement, on le croit volontiers. Et on ne saurait véritablement lui en vouloir.
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