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jeudi 23 septembre 2021

Green Pass en Italie : la France, à côté, c’est Woodstock !


 
 
 

C’est arrivé dans la région de Viterbe, dans le Latium.

 Lundi dernier, une maîtresse d’école élémentaire a été renvoyée chez elle manu militari, au beau milieu d’un cours, sous les yeux ébahis de ses élèves. 

Que s’est-il donc passé ? Dans les colonnes d’Il Messaggero, elle raconte : « Par choix, j’ai décidé de ne pas me faire vacciner. Mes horaires me permettent de m’en sortir avec deux tests par semaine. » Un test fait lundi matin lui permet de passer le contrôle mercredi et de commencer son cours à 8 h 10. Une demi-heure plus tard, sur ordre de la directrice, elle est sommée de quitter sa classe et l’école. Elle a à peine le temps de prendre ses affaires, même pas de refermer ses livres éparpillés sur son bureau ni de parler à une collègue. Son tort ? La durée de validité de son test (48 heures) et, donc, son passe sanitaire avaient expiré. « Je me suis sentie humiliée, discriminée, frustrée », dit-elle. On le serait à moins.

Ce fait divers symbolique de la « nouvelle normalité » montre qu’elle va bien au-delà de l’aspect réglementaire, elle est un bouleversement moral et anthropologique. Cet incident décrit le climat de défiance que les Italiens, peuple autrefois fraternel et joyeux, nourrissent désormais les uns envers les autres, mais aussi à l’endroit d’une bureaucratie absurde et tatillonne, jamais avare d’incohérences, qui a pris le visage d’un Moloch. Le jour de la rentrée scolaire, on a pu assister à des scènes surréalistes : les parents d’enfants non vaccinés et non testés n’ont pas pu entrer dans l’école et accompagner leurs enfants. Même ceux de trois ans.

Les Italiens, traumatisés tout autant par la crise du Covid gérée par un gouvernement et un système de santé défaillants que par la peur de la maladie fortement instrumentalisée par un opaque conseil scientifique, sont en effet soumis par Mario Draghi et son gouvernement à un passe sanitaire des plus contraignants.

La France, à côté, c’est Woodstock.

Il n’y a pas jusqu’au Vatican, tout à son zèle de s’impliquer et de peser dans les affaires civiles, qui n’ait pas imposé le « green pass » : dès le 1er octobre, en effet, vous ne pourrez pénétrer dans l’enceinte du Vatican si vous n’êtes munis du papier vert, sauf pour les cérémonies liturgiques.

Cela vaut pour les visiteurs comme pour ceux y travaillent. Le pape François s’est d’ailleurs prononcé très fermement en faveur du vaccin. De retour de Bratislava, il regrettait : « Même dans le collège cardinalice, il y a quelques négationnistes (sic) et l’un d’entre eux, pauvre homme, est hospitalisé avec le virus. Ironie de la vie. Ils ont peur, on doit expliquer avec sérénité. Au Vatican, tout le monde est vacciné, à part un petit groupe, on cherche comment les aider. » Douceur bergoglienne… La vérité oblige à dire que l’archevêque métropolite de Presov, Ján Babjak, qui avait concélébré une messe avec le pape est aujourd’hui en quarantaine, malade du Covid (d’après Libero). Qu’on se rassure, vacciné, il ne faisait heureusement pas partie de ce « petit groupe ». Ironie de la vie…

Mais revenons à l’Italie : à partir du 15 octobre, tous les travailleurs, que ce soit dans le secteur public ou le secteur privé, devront avoir le green pass. Sachant qu’en Italie, les tests sont payants, il s’agit d’une obligation vaccinale déguisée mais non assumée.

Selon le journaliste Giorgio La Porta, reprenant les chiffres de la RAI, plus de 4 millions de travailleurs ne sont pas encore vaccinés, quand 13,6 millions le sont. Que se passera-t-il quand ils ne pourront accéder à leurs lieux de travail ? Leurs employeurs ne pourront pas les licencier, mais ne les paieront pas. « Sommes-nous à la veille de la plus grande grève de l’Histoire ? » s’interroge le journaliste.

Provoquant de forts remous politiques, notamment au sein de la Ligue, le green pass « à la Draghi » est appliqué seulement en Italie au prétexte que le pays ne peut se permettre une nouvelle vague épidémique et, donc, un nouveau confinement.

C’est oublier que le confinement, comme toutes les autres privations de libertés, est avant tout une décision politique.

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