Mieux vaut tard que jamais.
Dans un communiqué daté du 2 août, l’Ordre des médecins met en garde contre la limitation d’accès aux soins que pourrait constituer le passe sanitaire : « Les professionnels de santé quels que soient leurs modes d’exercice auront l’obligation déontologique de garantir à tous les patients des soins dans des conditions de sécurité optimale. »
De fait, la loi prévoit d’interdire l’accès aux hôpitaux aux patients dépourvus de passe sanitaire. Le Président Emmanuel Macron l’a lui-même annoncé sans ciller lors de son allocution télévisée. Sans plus de précisions. Au point qu’un certain nombre de médias – à l’instar de Nice-Matin – ont jugé utile de poser la question : « Une personne non vaccinée pourra-t-elle être prise en charge en cas d’urgence à l’hôpital ? » Oui, bien sûr, rétorquent en levant les yeux au ciel les porte-parole du gouvernement, c’est le 11e alinéa de l’article 1. Mais que l’on ait pu sérieusement s’interroger fait déjà froid dans le dos.
Du reste, dans les faits, est-ce si simple ? Qu’est-ce, au juste, qu’une urgence ? Combien de pathologies gravissimes permettent de dépister ou de prévenir, chaque année, les examens de routine programmés à l’avance ? S’ils étaient inutiles, pourquoi seraient-ils prescrits par le médecin, remboursés par la Sécurité sociale ? Les infections longue durée sont-elles considérées comme des urgences chroniques ou ceux qui en sont porteurs pourraient-ils aussi se voir congédier ?
Il y a quelques jours, une femme emmenée par une ambulance a été refoulée de la clinique où elle avait rendez-vous en cardiologie, faute de passe sanitaire (alors que la loi n’est pas passée). Un examen du cœur n’est pourtant pas tout à fait aussi accessoire qu’une verrue à brûler.
Dans les maternités – l’accouchement est bien une urgence, n’est-ce pas ? Convenons qu’il est assez difficile, en tout cas, de l’ajourner -, le premier soin prodigué aux femmes en travail est… un test PCR. Rien de plus pressé. Même pour celles qui se sont précipitées à l’hôpital après une rupture de poche des eaux, comme si le risque d’infection intra-amniotique ou de procidence du cordon, jadis urgences rouges, passait soudain au second plan.
Pourquoi une telle précipitation ? On n’envisage pourtant quand même pas de renvoyer celles dont le résultat n’est pas conforme à la maison ?
Le Covid fait-il perdre, en plus du goût et de l’odorat, toute once d’humanité ? A-t-on oublié que même le terroriste tunisien qui a assassiné trois fidèles dans la cathédrale de Nice a été pris en charge et emmené à l’hôpital par les pompiers… qu’il a même, étant positif, contaminés !
Comment peut-on prétendre accueillir et soigner sans distinction, sans faire le tri de leurs pathologies par le biais de l’AME, tous les étrangers, même ceux qui sont entrés clandestinement dans notre pays, et refuser à des Français ayant cotisé toute leur vie l’accès aux soins qu’ils ont eux-mêmes financés ?
Comment le concept même de protection universelle, socle de la Sécurité sociale, pourrait-il perdurer alors qu’à contributions égales, les droits sont désormais à géométrie variable ?
Oui, comment tout ceci sera-t-il digéré par les Français si le Conseil constitutionnel restait coi ?
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