En ces derniers jours d’août, la conjoncture idéale pour une candidature d’Éric Zemmour semble prendre corps. Dans les esprits, dans les structures et dans les sondages.
Dans les esprits, la candidature Zemmour s’est imposée.
La publication annoncée de son prochain livre, qui est déjà un succès de librairie dans les réservations, et la série de cartes postales estivales aussi brèves que bien senties (« Nous n’avions rien à faire chez les Afghans et les Afghans n’ont rien à faire chez nous ») ont suffi à prolonger l’élan médiatique du printemps dernier. Désormais, la candidature Zemmour est dans tous les esprits. Et il n’y a que Robert Ménard pour oser affirmer que le Z est un bon débatteur mais n’a pas sa place comme chef de l’État.
Dans les structures, aussi, les choses bougent. Chez LR, Julien Aubert avait déjà lancé un appel à une participation d’Éric Zemmour aux primaires de son parti. Mais la dynamique semble s’accélérer. D’abord avec le renoncement de Laurent Wauquiez, jeudi, puis celui de Bruno Retailleau, vendredi, la droite filloniste et identitaire de LR est orpheline. Ensuite, des centaines de jeunes militants ou sympathisants LR viennent de publier, dans Le point, une tribune demandant au parti de se ranger carrément derrière lui. Un texte d’une lucidité rare sur l’état de cette droite qu’ils ne connaissent que trop bien. Sur la droitisation de l’électorat, l’absence de ligne, de leader, sur l’effondrement des militants (« En quelques années, les Républicains ont perdu les trois quarts de leurs adhérents »), sur le vieillissement et le rétrécissement de l’électorat, ils visent juste. Le Monde révélait, jeudi, que Sébastien Meurant, « sénateur et patron de la fédération du Val-d’Oise […] s’est attelé à construire un réseau d’élus de droite destiné à porter la candidature d’Éric Zemmour si la direction du parti venait à “s’asseoir sur la démocratie et les statuts” en se rangeant derrière Xavier Bertrand, considéré comme trop à gauche par la frange la plus radicale de LR. »
Surtout, ces LR ont bien vu qu’aucun candidat, que ce soit Pécresse ou Bertrand, ne s’imposait vraiment dans les sondages. Justement, le dernier sondage Ipsos-Steria pour France Télévisions et Radio France, publié vendredi, enregistre une entrée fracassante d’Éric Zemmour sur le ring. Il n’était pas testé en juin, il est donné à 7 %. Pour un coup d’essai… Surtout, ce socle électoral est gagné conjointement sur les autres concurrents de droite : Nicolas Dupont-Aignan lâche 1 point, de 5 à 4 % ; mais ce sont surtout les gros candidats qui sont menacés par une candidature Zemmour : Xavier Bertrand passe de 18 à 15 % et Marine Le Pen s’affaisse de 26 (ou 24, dans l’hypothèse Pécresse) à 21 % au premier tour.
Incontestablement, Éric Zemmour vient troubler le jeu à droite et renvoie les partis et les candidats installés à leurs faiblesses structurelles : flou et indécision chez LR, absence de concurrence au RN. Que l’on s’en réjouisse ou s’en agace, nul ne s’en étonnera. Et pour Éric Zemmour, c’est déjà une première victoire.
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