Frédéric Sirgant
L’enjeu est capital : des municipales gagnées à mi-mandat valideraient la politique réformatrice du Président et assurerait sa réélection en 2022.
Emmanuel Macron a surpris les droites par sa prise du pouvoir aussi méthodique qu’inattendue, l’an dernier.
Après cette période de lancement du produit réussie, toute l’entreprise est mobilisée sur les prochains objectifs : s’implanter localement et, donc, gagner les élections municipales de 2020.
L’enjeu est capital pour le parti présidentiel : des municipales gagnées à mi-mandat valideraient la politique réformatrice du Président et assurerait sa réélection en 2022. On comprend donc l’extrême attention avec laquelle il traite ce sujet personnellement, demandant des rapports précis sur telle ou telle ville.
Déjà, le 28 février dernier, il recevait une dizaine de maires de droite recrutés par M. Estrosi.
On sait aussi que le parti LREM s’est doté d’une équipe et d’une stratégie entièrement tournées vers ces municipales : analyse de la situation locale, contacts, repérages des personnalités macron-compatibles, mobilisation des relais locaux de 2017, mise en orbite de députés LREM.
Comme il y a un an, rien n’est laissé au hasard et la stratégie commerciale d’alors, gagnante, tourne à plein régime.
Au passage, cela devrait inquiéter la droite qui se perd en querelles de ligne et d’appareils au niveau national au lieu d’effectuer ce travail de terrain, dans les villes, non seulement pour ces municipales de 2020, mais aussi pour retrouver ses bases perdues.
La dynamique préparatoire macroniste peut devenir une véritable dynamite pour la droite qui se repose, à tort, sur ses « bastions » locaux.
Or, les sortants de droite sont usés et fragiles.
Certains par l’âge et le positionnement ambigu, comme MM. Juppé et Gaudin (qui ne se représente pas). D’autres par le besoin de renouveau de la population.
Tous, enfin, par le chamboulement politique engagé : si le PS est mort avec MM. Hollande et Hamon, LR bouge encore, mais étranglé entre le siphonnage macroniste et la poussée frontiste.
D’ailleurs, M. Macron a bien compris tout le parti qu’il pouvait encore tirer de cette droite fragilisée. Il l’a fait exploser au niveau national en nommant M. Philippe et d’autres membres LR au gouvernement.
Il poursuit ce dépeçage au niveau municipal.
Mais, après la phase « séduction », comme tout bon commercial, le Président impose ses conditions : plus question de double appartenance tranquille LR-LREM.
Il faudra que les élus de droite intéressés par un soutien des macronistes donnent « des gages », « des preuves d’amour », selon Le Figaro ! Le « en même temps » a ses limites.
Et les élus de droite intéressés devront adhérer à une « charte de valeurs et d’engagements » actuellement en préparation.
On parle même d’une adhésion obligatoire au nouveau parti.
LREM est un peu comme tous ces sites où vous êtes libres de venir, « sans engagement », mais où très vite, au moindre clic, on vous demande votre adhésion.
Chez les macronistes, on commence à s’agacer de la « duplicité » de certains maires de droite « bienveillants en apparence mais qui ne jouent pas le jeu » au niveau local.
Des noms ?
Le maire LR de Reims, Arnaud Robinet, celui d’Angers, Christophe Béchu, celui de Niort, Jérôme Baloge (UDI) ou encore de Nancy, Laurent Hénart (radical).
Pas facile de miser deux ans avant, en politique… Surtout quand on a des convictions assez floues.
Et surtout au moment où un sondage Elabe, pour Les Échos, indique que la popularité de M. Macron, forte chez les cadres (65 %), s’effondre dans les milieux populaires (27 %).
Ce qui est bon pour M. Griveaux à Paris ne l’est pas forcément à Reims ou à Agen…
Ce qui est sûr, c’est que l’activisme du Président Macron pour ces municipales devrait susciter un sursaut à droite.
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