Translate

mercredi 6 avril 2016

Ils imposent leur loi a l'école

Le sujet est sensible, surtout en France.
Mais la radicalisation gagne du terrain.
 Elle transpire jusque dans des écoles maternelles où sont scolarisés des enfants de 3 à 6 ans.
Dans une commune proche de la frontière genevoise, à Ville-la-Grand au nord d’Annemasse, l’école des Pottières «subit» depuis plusieurs mois les pressions d’un certain nombre de familles musulmanes françaises «radicalisées» – on parle d’une douzaine – qui dictent leur loi dans les classes.
Elles conseillent, pour ne pas dire imposent, des listes de lectures «autorisées», de même que certaines sorties scolaires.
«Inadmissible qu’une minorité impose sa loi à une majorité», tonnent des parents d’élèves qui ont alerté la direction, la mairie et même l’Education nationale et sa ministre, Najat Vallaud-Belkacem. En vain.
 
Pas de sapin prévu
 
Le dernier exemple concret en date remonte au mois de décembre 2015.
 A quelques jours de Noël, aucun sapin, aucune décoration dans la petite école, contrairement à d’autres, dans la région.
 Et la sortie au théâtre pour voir «Petit Pierre et le bonhomme de neige» – un joli conte de Noël – n’a pas l’heur de plaire à tout le monde.

 Des parents s’interrogent.
Font part de leurs inquiétudes à la mairie et à la direction de l’établissement scolaire qui finit par dire oui aux étoiles et autres décorations scintillantes aux Pottières, du moment que ce sont les parents qui s’en occupent.
Le beau sapin est finalement installé au dernier moment, sans doute pour éviter les problèmes.
 Le jour de la venue du Père Noël, des parents sont présents devant l’école afin d’intervenir en cas d’incidents.
«Tout ça, ce sont des histoires, parce que ces gens sont racistes», assure une maman de confession musulmane.
Vraiment?
 Les décos de Noël seraient presque un non-événement s’il n’y avait pas eu d’autres épisodes auparavant.
 Une note interne aux services français existe.
 Elle résume ce qui se passe aux Pottières.
 Une source nous assure ainsi que des parents radicalisés sont opposés au fait que les garçons et les filles fassent la sieste dans la même pièce, que les enfants se rendent dans une ferme voir des animaux (et donc des cochons), que leurs gamins donnent la main à certains de leurs camarades qui ne sont pas musulmans ou que les menus de la cantine contiennent du porc.
«Ils ont réclamé de la viande halal. Comme cela a été refusé, ils demandent désormais des menus végétariens», confient des parents, estimant que la directrice est «sous pression», «poings et mains liés» et ne peut pas faire grand-chose.
 Cette dernière n’a pas retourné les appels du «Matin».
Pas davantage que les services régionaux de l’Inspection d’académie.

Tenu à l’écart des infos

Raymond Bardet, maire de Ville-la-Grand depuis plus de trente ans et qui va bientôt remettre son mandat, affirme pour sa part ne pas être au courant de ce qui se passe dans cette école maternelle, pourtant située sur sa commune.
Ce qui ne l’empêche pas de s’offusquer du fait qu’un journal suisse s’intéresse à cette histoire.
«Ici, le patron c’est moi», se contente-t-il de lâcher, précisant encore, avant de raccrocher, que «la police municipale n’est au courant de rien».
Ancien adjoint de Raymond Bardet passé dans le camp adverse avec le mouvement Ville-la-Grand autrement, Daniel De Chiara constate seulement qu’«en tant qu’élu de l’opposition, on est malheureusement tenu à l’écart de ce genre d’informations».

Enseignement laïc

L’inquiétude de ces mères et de ces pères n’est de loin pas nouvelle.
 Il y a deux ans, ils avaient déjà interpellé les autorités scolaires.
 Dans un courrier datant de l’été 2014, un haut fonctionnaire répond aux craintes en rappelant simplement le principe de la laïcité, «une des valeurs de la République française. (…)
 En milieu scolaire plus qu’ail­leurs, les exigences de la laïcité s’appliquent avec la plus grande vigilance.»
 Et de promettre un nou­veau règlement proposé aux conseils d’école dès fin 2014 pour permettre aux enseignants de prendre leurs décisions dans un cadre sécurisé, «de nature à garantir la sérénité indispensable au bon déroulement de l’action éducatrice».

Pourtant, rien n’a changé à l’école des Pottières de Ville-la-Grand.

Devant le portail de l’établissement, où l’on signale quelques cas de varicelle, est affichée (depuis 2013) la charte de la laïcité et ses quinze articles, rappelant qu’effectivement, en France, l’enseignement est laïc, «notamment afin de garantir aux élèves l’ouverture la plus objective possible à la diversité des visions du monde».

TEXTE: VALÉRIE DUBY
valerie.duby@lematin.ch
              
PHOTOS: YVAIN GENEVAY

source

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.