Le 03/03/2016
Dans le texte qui suit Didier Beauregard estime que Hollande a compris et prépare désormais sa sortie.
Le processus de recomposition politique en cours, dont nous avions présenté le scénario en 2012 dans les colonnes de Polémia (1), vient de franchir une étape décisive, avec la mise sur orbite de la réforme du Code du travail.
En effet, il est difficile d’imaginer qu’un vieux briscard comme François Hollande, qui connaît les moindres nuances idéologiques et émotionnelles du PS et de la gauche, qui, depuis toujours, est un expert de toutes les coteries, courants et sous-courants, influences visibles ou occultes du Parti socialiste – c’est même son seul vrai talent – ait pu se laisser piéger par une fausse manœuvre aussi grossière, qui dresse la moitié de la gauche contre lui.
Vieux crocodile d’un marigot dont il sait toutes les ressources et les dangers, il a, en toute logique, agit sciemment pour provoquer une crise qu’il prévoyait, en s’attaquant à quelques-unes des vaches sacrées les plus emblématiques de la gauche.
Quelle logique, alors, a pu animer sa démarche qui, à priori, lui ôte toute chance, non seulement d’être réélu, mais probablement même d’être candidat ?
Hollande choisit sa sortie.
Cette logique est simple, elle est celle du réalisme le plus élémentaire : François Hollande sait désormais que ses chances sont quasi nulles, que non seulement les Français, mais également le Système, c’est-à-dire les forces socio-économiques dominantes, ne veulent plus de lui.
La campagne récente lancée sur le thème il faut une primaire à gauche a été la manœuvre la plus visible pour le déstabiliser, mais très certainement, dans les coulisses, les coups sont tout aussi vicieux.
Il est probable que François Hollande ait pensé que la nomination de Valls à Matignon, puis celle de Macron à Bercy, lui permettaient de reprendre la main pour mener à bien un jeu subtil de billard à trois bandes : d’un côté, je donne des gages aux milieux économiques pour lesquels Macron est le nouveau prophète de la modernité libérale assumée ; de l’autre, je fais de la surenchère dans le sociétal pour occuper la galerie de gauche (d’où l’importance qu’avait Taubira) ; et, d’un troisième, je fais du symbolique émotionnel (je compassionne et je commémore) pour émouvoir le bon peuple et j’agite du disciplinaire verbal avec les coups de menton de Valls.
Cette équation, pertinente sur le papier (2), s’est abîmée sous le choc du réel.
On ne peut rejouer tous les mois « Je suis Charlie», face à la dérive ascendante du chômage, la crise agricole ou la violence combinée du terrorisme et du tsunami migratoire.
Face aux temps d’angoisse que nous vivons, en dépit de la propagande anesthésiante du Système médiatique, les Français sont en quête d’un message d’autorité et de volonté.
Le débarquement de Taubira avait, de fait, signé l’échec de cette stratégie, soumise à trop de tiraillements.
François Hollande n’a pas les épaules pour porter cette rupture attendue et tout son parcours et sa personnalité font de lui un homme ligoté par les compromis inavoués et les arrangements à la petite semaine.
Il ne peut rompre avec le Système qui lui a permis d’exister pour affronter un destin qu’il ne peut pas même imaginer en dehors de ce Système.
Et, dans ce cadre, ses capacités de manœuvre se réduisent dangereusement.
L’axe Juppé/Macron droit devant S’il ne peut bousculer le cours de l’histoire, il peut, en revanche, agir sur sa propre histoire.
Il peut décider, face à l’évidence de la défaite, de choisir sa façon à lui de quitter la scène.
Au lieu de s’enliser dans une campagne présidentielle où tous les coups sont à prendre, il peut vouloir sortir par le haut, en prenant lui-même l’initiative d’une rupture à gauche qui lui permet de se draper dans la toge du réformateur audacieux que la médiocrité de l’appareil politique et de ses apparatchiks n’a pu comprendre.
Un dégagement à la Schröder, en quelque sorte !
Dans cette logique, les choses prennent sens, et François Hollande, préparant sa sortie en beauté, finit d’achever un PS qu’il aura instrumentalisé pour assouvir ses ambitions, comme Mitterrand l’avait fait avant lui, tout en ouvrant la voie à une recomposition sociale libérale menée par un Juppé plébiscité par le Système : un recentrage que dans son for intérieur il approuve, mais qu’il n’a pas été capable de mener à bien.
Mitterrand, également, avait vu d’un bon œil la victoire de Chirac en 1995.
Macron fera l’interface idéale entre la gauche recentrée et la « droite » juppéiste pour cimenter cette nouvelle majorité.
Un futur poste de premier ministre attend Emmanuel Macron, dans un futur gouvernement Juppé. Peut-être pas dès 2017, mais probablement assez rapidement.
La gauche archaïque, qui feint encore de croire que ses valeurs morales forment le socle de sa raison d’être, jouera jusqu’au bout le rôle de la vertu trahie et bafouée, avec une Martine Aubry dans le rôle d’une mère fouettard usée jusqu’à la corde, dont les coups de gueule n’impressionnent, ni n’intéressent plus grand monde.
Pour décrypter Hollande, il ne faut jamais oublier que ce dernier est, d’abord et avant tout, un bébé Mitterrand.
L’élève reproduira, immanquablement, les schémas tactiques qui sont la griffe du maître et qui ont tant marqué sa vision de l’action politique ; quelques crans en dessous, toutefois, dans l’art de la mise en scène.
Didier Beauregard29/02/2016
Le processus de recomposition politique en cours, dont nous avions présenté le scénario en 2012 dans les colonnes de Polémia (1), vient de franchir une étape décisive, avec la mise sur orbite de la réforme du Code du travail.
En effet, il est difficile d’imaginer qu’un vieux briscard comme François Hollande, qui connaît les moindres nuances idéologiques et émotionnelles du PS et de la gauche, qui, depuis toujours, est un expert de toutes les coteries, courants et sous-courants, influences visibles ou occultes du Parti socialiste – c’est même son seul vrai talent – ait pu se laisser piéger par une fausse manœuvre aussi grossière, qui dresse la moitié de la gauche contre lui.
Vieux crocodile d’un marigot dont il sait toutes les ressources et les dangers, il a, en toute logique, agit sciemment pour provoquer une crise qu’il prévoyait, en s’attaquant à quelques-unes des vaches sacrées les plus emblématiques de la gauche.
Quelle logique, alors, a pu animer sa démarche qui, à priori, lui ôte toute chance, non seulement d’être réélu, mais probablement même d’être candidat ?
Hollande choisit sa sortie.
Cette logique est simple, elle est celle du réalisme le plus élémentaire : François Hollande sait désormais que ses chances sont quasi nulles, que non seulement les Français, mais également le Système, c’est-à-dire les forces socio-économiques dominantes, ne veulent plus de lui.
La campagne récente lancée sur le thème il faut une primaire à gauche a été la manœuvre la plus visible pour le déstabiliser, mais très certainement, dans les coulisses, les coups sont tout aussi vicieux.
Il est probable que François Hollande ait pensé que la nomination de Valls à Matignon, puis celle de Macron à Bercy, lui permettaient de reprendre la main pour mener à bien un jeu subtil de billard à trois bandes : d’un côté, je donne des gages aux milieux économiques pour lesquels Macron est le nouveau prophète de la modernité libérale assumée ; de l’autre, je fais de la surenchère dans le sociétal pour occuper la galerie de gauche (d’où l’importance qu’avait Taubira) ; et, d’un troisième, je fais du symbolique émotionnel (je compassionne et je commémore) pour émouvoir le bon peuple et j’agite du disciplinaire verbal avec les coups de menton de Valls.
Cette équation, pertinente sur le papier (2), s’est abîmée sous le choc du réel.
On ne peut rejouer tous les mois « Je suis Charlie», face à la dérive ascendante du chômage, la crise agricole ou la violence combinée du terrorisme et du tsunami migratoire.
Face aux temps d’angoisse que nous vivons, en dépit de la propagande anesthésiante du Système médiatique, les Français sont en quête d’un message d’autorité et de volonté.
Le débarquement de Taubira avait, de fait, signé l’échec de cette stratégie, soumise à trop de tiraillements.
François Hollande n’a pas les épaules pour porter cette rupture attendue et tout son parcours et sa personnalité font de lui un homme ligoté par les compromis inavoués et les arrangements à la petite semaine.
Il ne peut rompre avec le Système qui lui a permis d’exister pour affronter un destin qu’il ne peut pas même imaginer en dehors de ce Système.
Et, dans ce cadre, ses capacités de manœuvre se réduisent dangereusement.
L’axe Juppé/Macron droit devant S’il ne peut bousculer le cours de l’histoire, il peut, en revanche, agir sur sa propre histoire.
Il peut décider, face à l’évidence de la défaite, de choisir sa façon à lui de quitter la scène.
Au lieu de s’enliser dans une campagne présidentielle où tous les coups sont à prendre, il peut vouloir sortir par le haut, en prenant lui-même l’initiative d’une rupture à gauche qui lui permet de se draper dans la toge du réformateur audacieux que la médiocrité de l’appareil politique et de ses apparatchiks n’a pu comprendre.
Un dégagement à la Schröder, en quelque sorte !
Dans cette logique, les choses prennent sens, et François Hollande, préparant sa sortie en beauté, finit d’achever un PS qu’il aura instrumentalisé pour assouvir ses ambitions, comme Mitterrand l’avait fait avant lui, tout en ouvrant la voie à une recomposition sociale libérale menée par un Juppé plébiscité par le Système : un recentrage que dans son for intérieur il approuve, mais qu’il n’a pas été capable de mener à bien.
Mitterrand, également, avait vu d’un bon œil la victoire de Chirac en 1995.
Macron fera l’interface idéale entre la gauche recentrée et la « droite » juppéiste pour cimenter cette nouvelle majorité.
Un futur poste de premier ministre attend Emmanuel Macron, dans un futur gouvernement Juppé. Peut-être pas dès 2017, mais probablement assez rapidement.
La gauche archaïque, qui feint encore de croire que ses valeurs morales forment le socle de sa raison d’être, jouera jusqu’au bout le rôle de la vertu trahie et bafouée, avec une Martine Aubry dans le rôle d’une mère fouettard usée jusqu’à la corde, dont les coups de gueule n’impressionnent, ni n’intéressent plus grand monde.
Pour décrypter Hollande, il ne faut jamais oublier que ce dernier est, d’abord et avant tout, un bébé Mitterrand.
L’élève reproduira, immanquablement, les schémas tactiques qui sont la griffe du maître et qui ont tant marqué sa vision de l’action politique ; quelques crans en dessous, toutefois, dans l’art de la mise en scène.
Didier Beauregard29/02/2016
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