Par Ian Hamel, à Neuchâtel (Suisse)
Le groupe État islamique recrute des hackers et la cyberguerre qu'il prépare risque d'être plus meurtrière encore que les attentats-suicides.
Les Anonymous sont un collectif de hackers particulièrement doués qui défend par des actions spectaculaires le droit à la liberté d'expression sur Internet.
Depuis l'attaque contre Charlie Hebdo, cette communauté virtuelle a déclaré la guerre au terrorisme.
Pourtant, l'un de ses membres, un ingénieur informaticien suisse, converti à l'islam, a rejoint Daech, révèle Jean-Paul Rouiller, ancien des services secrets helvétiques, et fondateur du Geneva Centre for training and analysis of terrorism (GCTAT).
« Actuellement, 80 % des ressources informatiques des terroristes sont dévolues à leur communication, à la diffusion de leur vision du monde, au recrutement. La capacité de nous frapper, de casser nos réseaux est encore réduite. Mais ils s'activent aujourd'hui pour recruter des hackers », ajoute Jean-Paul Rouiller.
Alors qu'Al-Qaïda utilisait des téléphones portables ordinaires, et des cartes prépayées, Daech sait parfaitement crypter ces appareils depuis 2013, tout comme les courriers électroniques.
Récemment, une note des services de renseignements français révélait qu'un groupe d'informaticiens aurait été constitué afin d'aider les djihadistes à communiquer le plus discrètement possible.
Ces experts titulaires de diplômes universitaires fonctionneraient comme une « cellule d'assistance informatique ».
Le jour où les terroristes auront la capacité de s'attaquer à nos réseaux, et donc à tous les objets connectés (il y en a aujourd'hui 18 milliards, il y en aura 50 milliards en 2020), les dégâts seront inimaginables.
Beaucoup plus meurtriers que ne peuvent l'être les attentats-suicides.
Clouer au sol toute l'aviation
Ces spécialistes de la cybercriminalité relatent que lors du conflit qui opposait Moscou à Tbilissi, la Russie a réussi, grâce à l'informatique, à clouer l'aviation géorgienne au sol.
Plus récemment, les Iraniens ont pu intercepter un drone américain qui survolait leur territoire.
Il suffit pour cela d'intercepter le flux entre le centre de commandement et le drone.
Le problème, c'est que les particuliers, comme d'ailleurs les chefs d'entreprise, n'ont toujours pas saisi que des hackers mal intentionnés savent bloquer votre voiture, couper votre chauffage, vider votre compte en banque.
Ils peuvent aussi s'en prendre aux pacemakers des personnes souffrant de problèmes cardiaques…
Un faux loup solitaire
Pendant longtemps, Mohamed Merah a été présenté comme un loup solidaire, qui se serait radicalisé seul, derrière son ordinateur.
Jean-Paul Rouiller, l'ancien membre des services secrets suisses, rappelle que le jeune terroriste franco-algérien a été formé en 2011 dans les montagnes pakistanaises par le Tunisien Moez Garsallaoui, longtemps résident dans le canton de Fribourg.
Marié à Malika el-Around, veuve d'un des assassins du commandant Massoud, Moez Garsallaoui (tué depuis par un drone américain) était l'un des précurseurs de la communication informatique des terroristes.
« Sur ses sites internet, il y avait des salons privés, qui n'étaient accessibles qu'aux initiés, où par exemple le numéro 2 de l'organisation, Ayman al-Zawahiri, a pu discuter du sort d'otages retenus dans le désert avec des dirigeants d'Aqmi. »
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