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vendredi 12 juin 2015

« Le drame, c’est que nous avons renversé les islams « sous contrôle » »

Le 12/06/2015
Entretien avec



Historien, spécialiste de l'Afrique
Expert auprès du TPIR, conférencier au Centre des Hautes Etudes militaires, à l'Institut des Hautes Etudes de Défense nationale, il dirige un séminaire au Collège interarmées de Défense (Ecole de Guerre)
 


Comment analysez-vous les vagues de migrants qui déferlent en Europe et l’expansion de l’islamisme ?

Ce sont, entre autres raisons, les conséquences de décisions géopolitiques absurdes.
Sous l’influence des États-Unis, les dirigeants occidentaux ont commis une suite d’erreurs fondamentales : Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères BHL, ont fait tomber Kadhafi.
 La Libye, en pleine anarchie, est donc devenue l’entonnoir où s’engouffrent les flux qui, auparavant, étaient bloqués.
On notera qu’a contrario, le Maroc, vieille monarchie, tient encore son rôle de barrage.
 D’autre part, l’expansion islamiste est favorisée parce que nous avons arrêté de soutenir les régimes durs « nationalistes ».

On a lâché Ben Ali, alors que la « révolution » tunisienne n’était qu’une affaire de petits-bourgeois.
 On a ensuite tenté de faire chuter Assad en Syrie, comme on l’avait fait pour Saddam Hussein. Problème : ces dictateurs formaient un glacis empêchant l’islamisme universaliste de sortir de sa tanière.
Heureusement, en Égypte, l’armée a joué finement, et a su reprendre le contrôle, après avoir laissé les islamistes se ridiculiser au pouvoir.

Est-il possible que l’État islamique se soit infiltré parmi ces « migrants » ?


C’est une certitude, nos services sont au courant.
 Des agents « dormants » sont déjà chez nous.
 Le drame, je vous le répète, c’est que nous avons renversé les islams « sous contrôle ».
 L’islam universaliste propose un rêve : le retour à la Oumma mythique des premiers siècles.
Et les musulmans aiment qu’on leur raconte de belles histoires.
Seul les nationalistes à la Nasser freinaient cette tendance.
Daech veut détruire les « nations » arabes car ce concept même leur est odieux.

L’Iran a-t-il un rôle à jouer dans l’immense partie d’échecs ?


Absolument. Les chiites ne sont pas nos ennemis.
 Et il faut garder à l’esprit que nous vivons une lutte entre musulmans avant tout !
 Un Iran puissant en finirait rapidement avec le Qatar ou l’Arabie saoudite, qui sont des régimes fantoches ayant financé le radicalisme sunnite.

Un grand rééquilibrage est possible.

Propos recueillis par Joris Karl

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