Le 27/06/2015
À la terrasse d’un hôtel de Sousse, vingt-sept morts. Dans une usine proche de Grenoble, un seul mort, mais très proprement décapité. Tuer. Tuer. Tuer. Invoquer le Prophète, que Son nom soit béni et Allah le vainqueur, le miséricordieux.
Sur le moment, le choc est violent.
Puis l’émotion retombe, aussi vite qu’elle était montée.
Passent les jours et passent les semaines.
Le fameux « plan Vigipirate », passé à l’écarlate, est le fond de décor de notre paysage quotidien.
Les femmes doivent ouvrir leur sac à l’entrée des magasins, des cinémas et des musées. Les hommes passent comme des lettres – non chargées – à la poste.
Les portiques se multiplient, qui donnent aux rêveurs l’illusion de prendre un peu partout l’avion.
Devant les sièges des stations de radio et des chaînes de télévision, devant les ministères, devant les ambassades, devant les écoles, les églises, les mosquées et les synagogues, des policiers que leur gilet pare-balles ne protégerait pas contre un attentat semblent tout embarrassés de leurs vieux pistolets-mitrailleurs et tuent le temps, leur principal adversaire, en causant avec des vigiles désarmés.
Des soldats en patrouille arpentent les halls des gares et des aéroports.
Que de pas perdus…
De braves gens, qui font pourtant profession de condamner le terrorisme islamiste, vont répétant qu’après tout les journalistes de Charlie n’avaient pas volé ce qui leur est tombé dessus et, à défaut de faire revenir les morts, ne reculeraient pas devant l’idée de ressusciter le délit de blasphème.
Un savant fou croit pouvoir démontrer scientifiquement que les foules du 11 janvier étaient intégralement composées d’intégristes mal blanchis.
La vie continue, avec quelques passagers en moins.
On ne va pas en faire une maladie.
Le printemps explose.
L’oubli monte dans les esprits comme la sève dans les arbres.
L’Europe mettra-t-elle la Grèce en faillite ?
La Grèce quittera-t-elle la zone euro ?
Un jour oui un jour non, on se lasse des meilleurs feuilletons.
Les migrants affluent sur les rivages de la vieille Europe.
Faut-il les accueillir ?
Les refouler ?
Les regarder se noyer ?
Les bombarder ?
En faire porter tout le poids sur la Grèce et l’Italie ?
Au noble langage du cœur, qui ne coûte rien, s’opposent les arguments de la raison.
Le Barça bat la Juve.
Le Premier ministre aime le football.
Dominique Strauss-Kahn « is back » par la porte de service de Twitter.
Le mardi, les Kurdes mettent en déroute les djihadistes et menacent leur capitale syrienne, Raqqa.
Le mercredi, l’État islamique contre-attaque et reprend pied à Kobané.
On s’en fout.
C’est bien loin.
Dans la jungle sans loi du capitalisme, le combat fait rage entre chauffeurs de taxi, conducteurs de VTC et pilotes d’Uber.
Le ministre de l’Intérieur tient un langage de fermeté dont il n’a pas les moyens juridiques.
Le Premier ministre est à Bogota, où il surveille les affaires françaises comme le lait sur le feu.
Le président de la République est à Bruxelles d’où, à son habitude, il commente brillamment l’actualité.
Qu’importe !
Voici venu le temps des vacances.
En voiture, Simone, on fait les valises.
Destination la Corse, la Grèce, la Tunisie.
C’est l’été…
Tuer. Tuer. Tuer.
Au Koweït, vingt-cinq morts.
À la terrasse d’un hôtel de Sousse, vingt-sept morts.
Dans une usine proche de Grenoble, un seul mort, mais très proprement décapité.
Tuer. Tuer. Tuer.
Venger les frères tombés sous les bombardements de la coalition. Invoquer le Prophète, que Son nom soit béni et Allah le vainqueur, le miséricordieux.
Brandir le drapeau noir de l’État islamique.
Tuer. Tuer. Tuer.
Et surtout épouvanter.
Montrer que l’on peut frapper n’importe qui, à n’importe quel endroit, à n’importe quel moment. Nous rappeler, preuves à l’appui, que partout des cellules dormantes n’attendent qu’un signal, qu’une consigne, qu’un ordre pour passer à l’action.
Faire se courber les têtes et se dissoudre les volontés sous l’empire de la terreur.
C’est la guerre.
Mécréants insensés qui vous faisiez une fête de partir en vacances, comme si de rien n’était, sachez que l’été sera meurtrier.
Puis l’émotion retombe, aussi vite qu’elle était montée.
Passent les jours et passent les semaines.
Le fameux « plan Vigipirate », passé à l’écarlate, est le fond de décor de notre paysage quotidien.
Les femmes doivent ouvrir leur sac à l’entrée des magasins, des cinémas et des musées. Les hommes passent comme des lettres – non chargées – à la poste.
Les portiques se multiplient, qui donnent aux rêveurs l’illusion de prendre un peu partout l’avion.
Devant les sièges des stations de radio et des chaînes de télévision, devant les ministères, devant les ambassades, devant les écoles, les églises, les mosquées et les synagogues, des policiers que leur gilet pare-balles ne protégerait pas contre un attentat semblent tout embarrassés de leurs vieux pistolets-mitrailleurs et tuent le temps, leur principal adversaire, en causant avec des vigiles désarmés.
Des soldats en patrouille arpentent les halls des gares et des aéroports.
Que de pas perdus…
De braves gens, qui font pourtant profession de condamner le terrorisme islamiste, vont répétant qu’après tout les journalistes de Charlie n’avaient pas volé ce qui leur est tombé dessus et, à défaut de faire revenir les morts, ne reculeraient pas devant l’idée de ressusciter le délit de blasphème.
Un savant fou croit pouvoir démontrer scientifiquement que les foules du 11 janvier étaient intégralement composées d’intégristes mal blanchis.
La vie continue, avec quelques passagers en moins.
On ne va pas en faire une maladie.
Le printemps explose.
L’oubli monte dans les esprits comme la sève dans les arbres.
L’Europe mettra-t-elle la Grèce en faillite ?
La Grèce quittera-t-elle la zone euro ?
Un jour oui un jour non, on se lasse des meilleurs feuilletons.
Les migrants affluent sur les rivages de la vieille Europe.
Faut-il les accueillir ?
Les refouler ?
Les regarder se noyer ?
Les bombarder ?
En faire porter tout le poids sur la Grèce et l’Italie ?
Au noble langage du cœur, qui ne coûte rien, s’opposent les arguments de la raison.
Le Barça bat la Juve.
Le Premier ministre aime le football.
Dominique Strauss-Kahn « is back » par la porte de service de Twitter.
Le mardi, les Kurdes mettent en déroute les djihadistes et menacent leur capitale syrienne, Raqqa.
Le mercredi, l’État islamique contre-attaque et reprend pied à Kobané.
On s’en fout.
C’est bien loin.
Dans la jungle sans loi du capitalisme, le combat fait rage entre chauffeurs de taxi, conducteurs de VTC et pilotes d’Uber.
Le ministre de l’Intérieur tient un langage de fermeté dont il n’a pas les moyens juridiques.
Le Premier ministre est à Bogota, où il surveille les affaires françaises comme le lait sur le feu.
Le président de la République est à Bruxelles d’où, à son habitude, il commente brillamment l’actualité.
Qu’importe !
Voici venu le temps des vacances.
En voiture, Simone, on fait les valises.
Destination la Corse, la Grèce, la Tunisie.
C’est l’été…
Tuer. Tuer. Tuer.
Au Koweït, vingt-cinq morts.
À la terrasse d’un hôtel de Sousse, vingt-sept morts.
Dans une usine proche de Grenoble, un seul mort, mais très proprement décapité.
Tuer. Tuer. Tuer.
Venger les frères tombés sous les bombardements de la coalition. Invoquer le Prophète, que Son nom soit béni et Allah le vainqueur, le miséricordieux.
Brandir le drapeau noir de l’État islamique.
Tuer. Tuer. Tuer.
Et surtout épouvanter.
Montrer que l’on peut frapper n’importe qui, à n’importe quel endroit, à n’importe quel moment. Nous rappeler, preuves à l’appui, que partout des cellules dormantes n’attendent qu’un signal, qu’une consigne, qu’un ordre pour passer à l’action.
Faire se courber les têtes et se dissoudre les volontés sous l’empire de la terreur.
C’est la guerre.
Mécréants insensés qui vous faisiez une fête de partir en vacances, comme si de rien n’était, sachez que l’été sera meurtrier.
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