Le 10/03/2015
Il fut un temps lointain où les politiques lisaient les philosophes, et un temps encore plus reculé où ils les comprenaient...
Dans une époque où on lit peu et où ne pas comprendre est encore la meilleure façon de se protéger de la réalité, il n’est plus extravagant de voir un Premier ministre monter en chaire médiatique pour sermonner un philosophe.
Le crime de Michel Onfray est d’une gravité extrême.
D’abord parce qu’il s’agit d’un crime contre la République.
De cette République qui n’en finit plus de pourrir sur pied comme une récolte dont nul ne veut plus.
En Ve République, l’intelligence est bannie de la cité.
Nul ne doit lui donner eau et pain.
Même l’évidence est jetée du haut des remparts avec les ordures et les cadavres.
Préférer une idée juste à une idée fausse n’est pas une erreur, mais un péché, un mal.
Tous les docteurs en républicanisme le savent : on reconnaît une idée juste au fait qu’elle est professée par un savant de gauche.
On reconnaît une idée fausse quand c’est un énergumène de droite qui cause.
Michel Onfray a eu la tranquille audace de dire préférer une idée juste d’Alain de Benoist à une idée fausse de Bernard-Henri Lévy.
Il aurait pu, cruel, ajouter qu’Alain de Benoist n’a jamais fait bombarder la Libye ni pousser à la guerre en Ukraine…
Émoi et vitupération du Premier ministre.
L’œil noir du corbeau tournoyant sur les charniers médiatiques.
Et pourtant…
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Hormis d’être de « droite », même si, sur le tard, il s’en défend, Alain de Benoist porte surtout la tare d’avoir mené, en dehors du tohu-bohu soixante-huitard, une œuvre puissante et immense.
Mais pour le condamner, encore faudrait-il l’avoir un peu lu.
Encore faudrait-il avoir le goût de la pensée, de l’analyse, de la confrontation, du débat.
Régis Debray, intellectuel de gauche, l’a compris qui a su parler avec Alain de Benoist.
Michel Onfray a raison sur un autre point : ce mince épisode médiatique pose la question de la gauche politique.
Celle-ci a coupé ses liens avec sa matrice métapolitique.
Pour des raisons différentes, mais dans un même but, il en était allé de même pour la droite dans les années soixante.
Alors, s’il n’y a plus de gauche, s’il n’y a plus de droite, et s’il y a de moins en moins de République, que reste-t-il à leurs orphelins ?
La liberté, le courage et le devoir.
Quand un cycle s’achève, l’année zéro approche.
Et, durant ce compte à rebours, il n’est pas interdit – encore ! – de penser que la lecture de Michel Onfray ou d’Alain de Benoist est d’une urgente nécessité.
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