Le 29 septembre 2014
Eli Veugnol
Écrite en vitesse avec le secret espoir de diviser la droite, votée en urgence dans le but avoué de passer à autre chose, la loi Taubira revient dans le débat.
Pas étonnant, quand on sait toutes les ambiguïtés du texte. L’actualité récente s’est donc chargée de lever le voile sur les intentions cachées du législateur : la Cour de cassation a rendu un avis favorable aux adoptions, par deux femmes, d’enfants conçus à l’étranger par procréation médicalement assistée (PMA) ; l’Europe oblige, désormais, la France à reconnaître les enfants conçus par mères porteuses (GPA).
Pour les opposants à la loi, cela n’a rien d’une surprise, tant ils ont tenté d’alerter l’opinion publique sur cet engrenage inévitable.
On est, en revanche, en droit de se demander si François Hollande avait tout bien prévu, lui qui, l’an dernier encore, jurait ses grands dieux être opposé à la GPA, et à l’écoute du Comité national d’éthique sur la PMA.
Une fois de plus avec ce président, on oscille entre inconséquence et dissimulation.
Comme lui, les tartuffes de tous bords qui affirmaient être favorables au mariage homosexuel, mais opposés au reste, en sont pour leurs frais.
N’ont-ils vu, dans ce mariage, que la reconnaissance par la société de l’amour homosexuel, quand c’est toute la filiation biologique qui est remise en cause ?
Auraient-ils oublié que lors d’un mariage en mairie, l’essentiel des articles de loi cités concerne les enfants ?
Mais, au mensonge de la loi Taubira, s’est ajouté une violence supplémentaire : le mépris. Mépris d’un garde des Sceaux pour les droits de l’enfant ; d’un ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, faisant réprimer des familles à coups de gaz lacrymogène, de nasses, de gardes à vue.
Mépris d’un président de la République pour les idées de ses opposants, « si on peut appeler ça des idées… ».
Mépris total, dont personne n’est sorti vainqueur, surtout pas le chef de l’État.
Car oui, son masque est tombé à ce moment-là.
Malgré une vaste campagne médiatique d’abrutissement, bien des Français, parfois favorables au mariage et à l’adoption pour tous, ont été choqués par le traitement réservé à une opposition démocratique et pacifique.
La loi Taubira a joué le rôle de catalyseur.
Depuis, le fossé entre la France incarnée et celle des plateaux télé s’est changé en gouffre.
Fraude fiscale de plusieurs ministres, réformes absurdes, matraquage fiscal, vaudeville permanent à l’Élysée… : nombreux sont ceux qui ont pris conscience du cynisme dédaigneux de nos gouvernants. Ils ont pour nom « bonnets rouges », « gilets jaunes », « tondus », « sans-dents » ou autres.
Mais aussi Delphine Batho, Valérie Trierweiler, Aquilino Morelle, Cécile Duflot, Arnaud Montebourg…
La liste est longue, de ceux qui fustigent désormais un président qu’on croyait sympathique, à défaut d’être à la hauteur du poste.
Pour autant, il ne s’agirait pas d’attendre la fin du quinquennat pour commencer à réparer le passé et préparer l’avenir.
Les manifestations du 5 octobre, à Paris et à Bordeaux, sont l’occasion de nourrir la réflexion sur la manière de mettre fin aux dérives induites par un mauvais texte.
Aujourd’hui, les revendications des lobbies homosexuels s’appuient largement sur deux autorisations discutables en droit français : celle de faire appel à un donneur anonyme pour les couples infertiles ; celle d’adopter pour les célibataires.
Ces deux exceptions au droit de l’enfant à connaître ses parents et à être élevé par un père et une mère devraient être abrogées en même temps que la loi Taubira.
Ensuite, on pourra donner davantage de droits aux couples homosexuels, sans en retirer aux enfants.
Des droits pour tous, en somme.
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