Un reportage diffusé en 2000 révèle une autre affaire ignoble à proprement parler (22).
Trois enfants, un frère et une sœur d’un côté, et une autre petite fille que les deux premiers ne connaissent pas, de l’autre, témoignent d’abus sexuels dont ils ont été victimes de la part, pour les deux premiers, de leur père, pour la troisième, de son père et de ses grands-parents paternels.
Tous trois auraient été emmenés dans un hôtel chic de la région parisienne pour participer à des cérémonies sectaires au cours desquelles ils étaient collectivement violés ainsi que d’autres enfants, dont certains auraient été décapités sous leurs yeux.
Les têtes étaient ensuite embrochées sur des piques.
Inutile de dire que tant les pleurs de ces pauvres enfants que les dessins qu’ils font pour décrire ces scènes sont insoutenables à regarder.
Aussi inconcevables que puissent paraître de tels témoignages, la crédibilité de ceux-ci sera pourtant attestée par un total de 3 pédopsychiatres, dont tous diront notamment qu’un enfant ne peut imaginer de tels faits.
S’ajoutera également un sociologue spécialiste des sectes qui confirmera la crédibilité de la description des cérémonies faite par les enfants, avec les codes typiques aux sectes.
Cependant, aucun de ces quatre experts ne sera entendu par la justice.
Les relations du père des deux premiers enfants seront alors examinées, mais aucune filature ne sera organisée, au prétexte qu’il n’y aurait « pas le temps » et que cela ne serait réservé qu’aux « gros trafiquants ».
Une confrontation entre les deux premiers enfants et les différents suspects, ayant pour la plupart des professions dites « respectables » (deux kinésithérapeutes, un enseignant, un journaliste etc.) sera tout de même organisée, au cours de laquelle les enfants ne pourront pas être assistés par l’avocate de leur mère, et surtout au cours de laquelle les suspects, passant leur temps à traiter les enfants de « menteurs », pousseront le vice jusqu’à faire mettre les enfants à genoux, reconstituant ainsi l’un des nombreux sévices dont ils avaient l’habitude d’être victimes.
Des écoutes téléphoniques du père permettront de révéler qu’il était informé par l’un de ses proches des avancées de l’enquête, en clair que des « fuites » avaient lieu.
Mais ladite enquête ne débouchera sur rien et les enfants n’ayant pas été crus, le père obtiendra par la justice l’autorisation de les revoir, malgré leur refus catégorique.
Au cours d’une seconde confrontation, les enfants seront assistés d’une avocate que leur mère n’aura pas pu choisir, et qui leur conseillera de se taire « pour qu’on les laisse tranquilles ».
Au final, aucun complément d’enquête ne sera accordé et la juge chargée de l’affaire conclura à un non-lieu.
Cela, bien que des écoutes du père eussent révélé sa passion avouée pour le « morbide » et le « sordide », ainsi que le fait qu’il « savait quelque chose » sur certains réseaux.
Des écoutes du père du troisième enfant donneront lieu à des trouvailles similaires, notamment sa participation à des « week-ends diaboliques ».
Mais malgré la troublante similitude entre le témoignage de cette petite fille et celui des deux premiers enfants, alors qu’ils ne se connaissaient pas, celui-ci sera traité différemment et aucun lien ne sera établi par la justice entre les deux affaires, malgré les demandes des deux mères.
Le débat suivant permettra de mettre au jour que des magistrats ont étouffé des affaires de pédocriminalité concernant certains de leurs collègues (ce dont nous reparlerons) et que des « snuff movies », c’est-à-dire des films montrant explicitement des tortures infligées à des enfants ainsi que leur mise à mort, existent et se vendent.
Ceci n’est pas sans rappeler la tristement célèbre affaire Marc Dutroux, pendant laquelle la thèse des réseaux fut largement envisagée, et avait même convaincu une grande partie de l’opinion publique, notamment en raison de la proximité de Dutroux avec Michel Nihoul, célèbre homme d’affaires médiatique Belge, notamment condamné pour escroquerie et trafic de drogue.
Pourtant, tout fut fait pour balayer cette piste, et de fait, Dutroux fut finalement condamnée comme un pédophile solitaire.
Dans un premier temps, le juge Connerotte, tendant un peu trop à envisager les liens du suspect avec ces réseaux, fut dessaisi de l’affaire, au profit d’un autre juge qui n’y croyait pas un seul instant, et qui limita son enquête au seul Dutroux.
Cela entraîna la grande « marche blanche » en hommage aux victimes que l’on connaît, ainsi que cette célèbre phrase du juge Connerotte : « On a touché au jouet des riches ».
De plus, chez Marc Dutroux, pas moins de 400 cassettes vidéo montrant des viols d’enfants furent retrouvées par la police, mais aucune d’entre elle ne fut exploitée.
Enfin, en 2010, le site Wikileaks lâcha une bombe en publiant un document de 1 200 pages contenant les détails de contacts hauts placés donnés par Dutroux lors de ses interrogatoires (23). Bien que preuve irréfutable des liens entre ce « chômeur marginal » et d’autres potentiels pédocriminels mieux lotis, cette liste ne convainquit pas davantage les enquêteurs de l’implication de réseaux.
Pendant cette affaire, des appels à témoins furent lancés par le juge Connerotte pour retrouver d’autres potentielles victimes.
Plusieurs personnes ne se connaissant pourtant pas feront des témoignages concordants, affirmant notamment avoir, lorsqu’elles étaient jeunes enfants, assisté à des faits comparables à ceux évoqués dans le documentaire cité précédemment, à savoir des viols en réunion d’enfants kidnappés ou amenés par leur propre famille, ainsi que des mises à mort dans des endroits sordides.
Le plus célèbre de ces témoignages est sans doute celui du témoin « X1 », une jeune fille, témoignage révélateur à plus d’un titre : non seulement, bien des médias auront vite fait de faire passer cette jeune fille pour folle, mais en plus, les magistrats ne jugèrent pas ses dires crédibles et cesseront rapidement l’enquête en ce sens.
Pourtant, dans les années 80, plusieurs corps avaient été retrouvés dans les endroits qu’elle avait décrits, d’ailleurs très précisément, corps sur lesquels apparaissaient les traces de différents types de sévices dont elle avait parlé (24).
C’est au même moment qu’éclatait l’affaire des CD-ROM de Zandvoort.
En 1998, alors qu’un trafiquant d’enfants et pédocriminel néerlandais vient d’être assassiné en Italie par un de ses « confrères » qui le soupçonnait de vouloir quitter le milieu, la police retrouve à son domicile de Zandvoort-aan-Zee aux Pays-Bas, un premier CD-ROM contenant des milliers de photos d’enfants, y compris des bébés, violés ou torturés.
Une enquête indépendante menée par un chasseur de pédocriminels belge dénommé Marcel Vervloesem permettra de révéler que c’est en fait pas moins de 20 CD-ROM qui furent retrouvés, et que le nombre de photos se comptait en centaine de milliers.
Ces CD, les polices néerlandaise, belge et française, ainsi que la justice respective de ces mêmes pays les auront rapidement en leur possession, sans pour autant mener d’enquête (25).
En France, l’affaire fut révélée en l’an 2000 dans le journal L’Humanité, sous la plume de Serge Garde, puis sera relayée par Le Figaro.
Des parents dont les enfants avaient disparu demanderont à consulter lesdites photos, et plusieurs reconnaitront leurs enfants.
Au total, 81 enfants seront identifiés.
Certains par leurs proches, d’autres par des pédopsychiatres qui les avaient en charge, et qui purent témoigner que les enfants en question leur avaient affirmé avoir été eux-mêmes victimes ou avoir assisté à certains actes montrés sur ces photos, avec, comme pour le reportage évoqué plus haut, des dessins le prouvant.
Sur ces photos furent reconnues deux des disparues de l’Yonne, ainsi que plusieurs enfants victimes du réseau pédophile d’Angers (26).
Pourtant, aucune enquête approfondie ne fut lancée.
Dans le documentaire de Karl Zéro et Serge Garde, on peut voir le procureur chargé de l’affaire oser nous dire avec un grand sourire que la plupart des enfants sur ces photos n’étaient pas français, que certaines dataient des années 70, et… que certains de ces enfants ainsi que leurs parents étaient consentants !
On en tombe des nues !
L’ignominieuse vérité se découvre devant nos yeux !
Mais le scandale ne s’arrête pas là.
En 2003, malgré le nombre important d’enfants identifiés sur ces photos, la juge française en charge de l’affaire aboutira à un non-lieu total.
Et depuis, silence médiatique total, tout le monde semble avoir oublié, sauf les victimes ou leurs familles, l’affaire des CD-ROM de Zandvoort.
Le comble, c’est que Marcel Vervloesem fut condamné pour agression sexuelle sur mineur, alors que la victime reconnut plus tard avoir été payée pour l’accuser, et pour… détention de matériel pédopornographique !
L’existence d’un grand réseau pédophile était donc ainsi purement et simplement niée par la justice française.
Et pourtant, au même moment, au Portugal éclatait un scandale de mœurs sans précédent : l’affaire de la Casa Pia (maison pieuse).
En 2002, suite à des témoignages faits par des victimes, l’opinion publique apprenait que pendant une trentaine d’années, des enfants handicapés mentaux, sourds, muets et orphelins admis dans cette institution, y avait été violés par des personnalités de haut rang : stars du show-biz, notables, diplomates et surtout un ancien ministre socialiste, Paulo Pedroso.
Là aussi, on apprit que des témoignages avaient déjà été effectués, dès les années 70, mais que les enquêtes avaient été étouffées par la police ou la justice, que des preuves matérielles, notamment des photos, avaient été détruites, et que même le président de la République Antonio Eanes avait fermé les yeux.
Bien évidemment, comme dans l’affaire du Coral en France 20 ans plus tôt, il y eut un large mouvement de soutien aux accusés, qui se traduisit concrètement par un renforcement de la présomption d’innocence dans le code pénal.
Au final, 6 accusés seront condamnés à des peines allant de 5 à 18 ans de prison, mais d’autres seront acquittés malgré les preuves accablantes contre eux, dont Paulo Pedroso, qui sera ensuite réélu parlementaire.
Cette affaire a, comme on peut s’en douter, complètement ébranlé la confiance que pouvaient avoir les Portugais dans leurs institutions (27).
A suivre…
source
25. « Les faits Karl Zéro – Zandvoort – Le fichier de la honte » https://www.youtube.com/watch?v=z4Y0kLc346Y
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