Le 30 août 2014
Thibaut d'Arcy
Nous sommes livrés pieds et poing liés à nos bourreaux ; et quelle que soit l’ignominie de leurs actes, ils en seront quittes pour une garde à vue – si jamais ils sont pris.
Dans certains cas, la substitution forcée de la langue française par un néologisme anglais semble avoir une réelle utilité pour le pouvoir en place : elle atténue la gravité des faits, en leur donnant une tournure presque ludique.
« Car-jacking », « scoot-jacking », « bike-jacking » : le Français moyen serait bien en mal de dire exactement de quoi il s’agit, et s’il le sait, il ignore souvent la gravité de ces nuisances.
Ce ne sont pas d’ineptes « défis Facebook » lancés par des « teenagers », mais des vols de véhicules assortis de violence et parfois d’assassinat.
Je me demande bien ce qui peut traverser l’esprit d’un ministre de l’Intérieur, théoriquement chargé de notre sécurité, lorsqu’il entend parler de l’augmentation des « home-jacking », jeu dangereux fort divertissant que nous pourrions décrire en français comme un « cambriolage avec séquestration ».
Durant ce mois d’août, plusieurs familles de France ont vécu cette effrayante épreuve : à Gignac-la-Nerthe, à Saint-Sébastien-sur-Loire, à Pierrelatte, à Narbonne, à Wissant…
Des hommes masqués et armés font irruption dans votre maison, la nuit tombée.
Vous dormiez déjà.
Ils vous sortent brutalement du sommeil, vous rouent de coups, vous ligotent, puis ils menacent votre femme, vos enfants.
Ils veulent vos clés de voiture, vos bijoux, vos cartes bancaires.
Vous devez tout leur donner, tout de suite, réduit à l’impuissance, mourant de peur pour vos proches et pour vous-même.
Les malfrats repartent et vous êtes condamné à ne plus jamais dormir que d’un œil.
« Mes enfants sont traumatisés », déclare le père de famille de Gignac-la-Nerthe.
Les agresseurs ont passé un couteau sous la gorge de sa fille de quatre ans.
Monsieur Cazeneuve, pendant ce temps, triomphe.
Le plan inauguré par M. Valls porte ses fruits, annonce-t-il : le nombre des cambriolages a baissé lors du premier semestre 2014.
Quelques pourcentages trafiqués font le bonheur des énarques ; s’ils écoutaient les témoignages des victimes, et non pas seulement leurs mensongers « indicateurs », ils verseraient des larmes de compassion et de honte.
Il n’est pas certain que les survivants d’un « home-jacking » se sentent rassurés par les rodomontades ministérielles.
C’est que les statistiques ne mesurent pas l’évolution qualitative de la violence et ses effets sur le « sentiment d’insécurité ».
Ainsi sommes-nous gagnés par une appréhension quand vient le soir, et qu’un bruit inhabituel se fait entendre dans le jardin.
Sommes-nous bien protégés ?
La porte est-elle fermée à double tour ?
Une angoisse insidieuse nous étreint : nous savons que, dans ce pays où les crimes les plus abjects ne dérangent pas un instant la quiétude de Beauvau, tout peut arriver.
Nous sommes livrés pieds et poing liés à nos bourreaux ; et quelle que soit l’ignominie de leurs actes, ils en seront quittes pour une garde à vue – si jamais ils sont pris.
Quant à nous, la justice ne nous pardonnera pas une seule velléité d’autodéfense…
« Car-jacking », « scoot-jacking », « bike-jacking » : le Français moyen serait bien en mal de dire exactement de quoi il s’agit, et s’il le sait, il ignore souvent la gravité de ces nuisances.
Ce ne sont pas d’ineptes « défis Facebook » lancés par des « teenagers », mais des vols de véhicules assortis de violence et parfois d’assassinat.
Je me demande bien ce qui peut traverser l’esprit d’un ministre de l’Intérieur, théoriquement chargé de notre sécurité, lorsqu’il entend parler de l’augmentation des « home-jacking », jeu dangereux fort divertissant que nous pourrions décrire en français comme un « cambriolage avec séquestration ».
Durant ce mois d’août, plusieurs familles de France ont vécu cette effrayante épreuve : à Gignac-la-Nerthe, à Saint-Sébastien-sur-Loire, à Pierrelatte, à Narbonne, à Wissant…
Des hommes masqués et armés font irruption dans votre maison, la nuit tombée.
Vous dormiez déjà.
Ils vous sortent brutalement du sommeil, vous rouent de coups, vous ligotent, puis ils menacent votre femme, vos enfants.
Ils veulent vos clés de voiture, vos bijoux, vos cartes bancaires.
Vous devez tout leur donner, tout de suite, réduit à l’impuissance, mourant de peur pour vos proches et pour vous-même.
Les malfrats repartent et vous êtes condamné à ne plus jamais dormir que d’un œil.
« Mes enfants sont traumatisés », déclare le père de famille de Gignac-la-Nerthe.
Les agresseurs ont passé un couteau sous la gorge de sa fille de quatre ans.
Monsieur Cazeneuve, pendant ce temps, triomphe.
Le plan inauguré par M. Valls porte ses fruits, annonce-t-il : le nombre des cambriolages a baissé lors du premier semestre 2014.
Quelques pourcentages trafiqués font le bonheur des énarques ; s’ils écoutaient les témoignages des victimes, et non pas seulement leurs mensongers « indicateurs », ils verseraient des larmes de compassion et de honte.
Il n’est pas certain que les survivants d’un « home-jacking » se sentent rassurés par les rodomontades ministérielles.
C’est que les statistiques ne mesurent pas l’évolution qualitative de la violence et ses effets sur le « sentiment d’insécurité ».
Ainsi sommes-nous gagnés par une appréhension quand vient le soir, et qu’un bruit inhabituel se fait entendre dans le jardin.
Sommes-nous bien protégés ?
La porte est-elle fermée à double tour ?
Une angoisse insidieuse nous étreint : nous savons que, dans ce pays où les crimes les plus abjects ne dérangent pas un instant la quiétude de Beauvau, tout peut arriver.
Nous sommes livrés pieds et poing liés à nos bourreaux ; et quelle que soit l’ignominie de leurs actes, ils en seront quittes pour une garde à vue – si jamais ils sont pris.
Quant à nous, la justice ne nous pardonnera pas une seule velléité d’autodéfense…
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