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mardi 20 mai 2014

Le directeur de l'IUT de Saint-Denis visé par des menaces de mort à caractère islamiste.


L'Institut universitaire de technologie de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis
Crédit : Raphaël Vantard
 
L'IUT de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) est au cœur d'une affaire inquiétante.
Selon nos informations, le directeur de l'IUT a reçu quinze lettres de menaces de mort depuis le 4 février dernier.
 Des avertissements anonymes et directs.
 "Tu vas mourir, toi et tes enfants", dit l'une des premières, écrite avec des caractères découpés dans des journaux.

Une autre comporte une photo du directeur, imprimée en noir et blanc, avec une croix tracée sur le front et le mot "mort". Les dernières, adressées à son domicile, sont écrites en arabe : "J'appelle tous les musulmans à te punir.
 Tu dois payer, toi, tes proches, tes enfants".
 
Des soupçons d'emplois fictifs

Ces menaces s'inscrivent dans un contexte de crise au sein de l'IUT, l'un des plus gros établissements de ce genre en France.
 Rachid Zouhhad, le chef du département Techniques commerciales, a été destitué au mois d'avril pour dysfonctionnements majeurs et soupçons d'emplois fictifs.
 Ce sont les étudiants qui ont alerté le directeur à la fin du mois de septembre, surpris par les absences de certains professeurs et la présence au programme de matière non prévues par l'Éducation nationale.

Le directeur, Samuel Mayol, a mis au jour un système de contrats signés avec des vacataires (juristes, comptables...) qui n'ont jamais donné de cours.
 D'autres ont été embauché pour des matières qui n'étaient tout simplement pas au programme, comme la fiscalité.
 Autre découverte accablante, un professeur de l'IUT qui demandait 200 heures supplémentaires alors qu'il n'avait pas atteint son quota annuel.

Au total, Rachid Zouhhad, nommé en septembre 2012, aurait changé à la rentrée 2013 60 des 120 vacataires habituels de l'année précédente, certains remplacés par des proches.

 4.800 heures seraient concernées, selon la direction de l'IUT, pour un montant de 200.000 euros.
Tous les contrats ont été gelés en novembre dernier avant un quelconque paiement.
 Le conseil d'administration a ensuite été saisi et a prononcé la destitution de Rachid Zouhhad, finalement entérinée par le tribunal administratif de Montreuil.
 
Des tapis de prière dans le local associatif

Le directeur a par ailleurs engagé un bras de fer avec une association étudiante soupçonnée de prosélytisme.
 Nommée "L'ouverture", l'association s'occupait officiellement de sorties et de voyages.
 Au début de l'année, une vente de sandwiches halal dans le hall de l'IUT a ému le directeur, qui l'a rapidement interrompue.

En février, la direction s'est heurtée au refus de l'association de rendre le local associatif, le seul de l'établissement, pour qu'il soit partagé avec d'autres
La direction est déroutée

Aujourd'hui, le directeur vit dans la peur et pense constamment à sa sécurité.
Les lettres sont arrivées d'abord à son bureau avant d'être expédiées directement à son domicile, où il vit avec sa femme et ses enfants.
Il s'est rendu à 15 reprises, à chaque lettre, au commissariat de Saint-Denis pour porter plainte. Pour l'instant, l'enquête n'a pas abouti.

La direction a saisi la justice.
 Mais elle se dit déroutée par le caractère islamiste des menaces.
À ce stade, ni elle ni le conseil d'administration n'ont pu établir un lien entre les événements, de la destitution du chef de département, à l'alerte à la bombe.

Face à ces éléments troublants, un climat de tension s'est installé à l'IUT.
Les professeurs soutiennent massivement leur directeur.

 Ils ont cosigné une pétition de soutien et se réuniront en assemblée générale mardi 20 mai pour exprimer leur solidarité.

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