Le titre choc qui choque : « Que faire de la police ? »
Un titre lourd de sens et de sous-entendus qui fait la une de Libé, ce mardi 4 juillet.
On y voit un policier casqué, armé de sa matraque avec, en arrière-plan, un feu de poubelle. Pas lui qui l'a allumé... « Que faire de la police ? » Ça fait penser à cette question que posent ces parents démunis face à leur gamin qu’ils n’arrivent pas à canaliser : « Mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire de toi ? » La question, d’emblée, place la police sur le banc des accusés. Suit, en sous-titre, une seconde question : « La mort de Nahel, il y a une semaine, et les émeutes qui ont suivi reposent la question d’une réforme de l’institution. Une autre police est-elle possible ? »
🔴 Que faire de la police ? C'est la une de @Libe mardi
— Libération (@libe) July 3, 2023
La mort de Nahel et les émeutes qui ont suivi reposent la question d’une réforme de l’institution. Une autre police est-elle possible ?
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Que la mort de Nahel repose la question d’une réforme de l’institution, peut-être. Ou, plutôt, que la mort de Nahel pose certaines questions très concrètes, moins idéologiques, moins « systémiques », oui, sans doute. D’un drame, on doit toujours tirer les enseignements : ce qu’on appelle aujourd’hui le retour d’expérience (RETEX). Comme, par exemple, la question fondamentale du recrutement, dont la qualité ne cesse de baisser, souligne Libé, ainsi que celle de la formation des policiers.
À ce titre, Libé évoque très justement un rapport de la Cour des comptes de février 2022 dans lequel, notamment, était visé le non-respect des obligations d’entraînement annuel (par exemple, « le pourcentage de personnels actifs ayant réalisé trois séances de tirs à l’arme individuelle s’élevait à 62 % au niveau national… »).Mais peut-on dire et écrire, comme le fait Libé, que « les émeutes |…] reposent la question d’une réforme de l’institution » ? Non. Non, car les forces de l’ordre, notamment la police nationale, durant ces longues nuits d’émeute, ont montré à l’évidence un professionnalisme et un sang-froid remarquables et ont sans doute évité le pire. Combien de morts, durant ces émeutes ? Zéro ! Alors que 45.000 agents ont été engagés sur le terrain, dans un climat insurrectionnel éprouvant, face à des barbares haineux et d’une extrême violence, combien de « bavures » ont été rapportées, durant ces folles nuits ? Soyons certains qu’elles n’auraient pas manqué de l’être par les relais anti-flics très actifs sur les réseaux sociaux et dans le microcosme d’extrême gauche.
Objectivement, cet article mérite d’être lu, même s’il peut parfois prêter à sourire, sur un sujet pourtant si grave. « Les gens qui ont le plus tendance à apprécier la police sont les personnes qui ont le moins affaire à elle », nous apprend un chercheur au CNRS… Ah bon ? Ils sont nombreux, les criminels et délinquants qui apprécient la police ? Aussi nombreux que les poissons volants « qui ne constituent pas la majorité du genre », pour reprendre les mots de Gabin dans le film Le Président. Mais avouons que dans le contexte actuel, le titre de cet article ne passe pas.
Alors, que faire de la police ? La soutenir. Pas aveuglément, certes. Mais la soutenir. Et, surtout, lui demander de continuer à faire la police dans ce pays…
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