On en viendrait presque à regretter l’innocente vulgarité des cortèges de mariage d’autrefois, les nôtres – ceux d’avant que l’on ne vive « côte à côte ».
Vous vous rappelez ces files de voiture qui klaxonnaient sur la route, avec des nœuds de tulle accrochés aux essuie-glaces, des mariés hilares et insouciants… une longue suite de véhicules « milieu de gamme », comme on dit chez les concessionnaires, qui n’embêtaient pas grand monde, sauf quelques vieux ronchons.
On se rendait alors au vin d’honneur, à la sortie de la mairie, une salle plus ou moins polyvalente dans laquelle, avant un dîner plus plantureux, on commençait à s’arsouiller au kir et à manger des petits fours.
Aujourd’hui, on est passé à autre chose. Chaque semaine apporte son lot de cortèges matrimoniaux 2.0. Il y a quinze jours, les invités de la noce, bloquant le village de Méry-sur-Oise, avaient lancé des chaises, volées à la terrasse d’un café, à la figure des forces de l’ordre venues les déloger. Le week-end dernier, c’était la rocade de Lyon, embouteillée sur toutes ses voies par des voitures au luxe tapageur, qui recevait à son tour une injection de vivre ensemble.
C’est qu’en effet tous ces mariages, les élus en conviennent dans Le Figaro de ce lundi, ont un point commun : ils sont « communautaires ». Vous m’en direz tant. Certains, d’un courage presque insensé, dénoncent des communautés maghrébine ou turque. Ils ajoutent que la plupart de ces braves citoyens, qui ont le goût de la fête, sont, très souvent, déjà connus des services de police pour des « rodéos urbains ».
Face à cette déferlante festive « communautaire », donc, certaines municipalités ont pris des mesures. Ainsi de Nice, qui fait signer à ses futurs mariés une « charte de convivialité » depuis 2012. Y sont notamment proscrits l’utilisation des voies de tramway pour rouler, le fait de s’asseoir sur les portières, la trop grande vitesse, etc.
Il n’est, en fait, que de regarder les vidéos de ces mariages qui circulent vite, elles, sur les réseaux sociaux pour s’apercevoir que le problème ne réside pas tant dans les symptômes que dans la racine du mal : il s’agit, pour ces cortèges, d’occuper l’espace, de faire du bruit, de gêner et de provoquer. On est loin d’une démonstration conviviale. Jusqu’à leur interdiction, des drapeaux étrangers étaient – sont encore, parfois – exhibés aux fenêtres. Le mariage n’est qu’un prétexte. C’est du défilé d’une armée d’occupation, braillarde, hétéroclite et violente comme les « grandes compagnies » ou les bandes de lansquenets d’autrefois, qu’il s’agit. C’est une énième façon de confirmer le diagnostic clinique d’Éric Zemmour sur l’existence « de concessions étrangères » sur le sol français.
Alors, les cortèges de limousines de location, de 4×4 jaunes et de scooters hurlants, les violences, la provocation, une nouvelle tradition française ? Les années qui viennent nous le diront.
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