Décidément, je ne regrette pas un seul instant mon soutien aux gilets jaunes.
Quand, il y a quinze jours, en faisant le tour du rond-point, j’ai vu prendre forme cette réplique de l’Arc de Triomphe, je me suis dit : « Trop forts, ces gilets jaunes ! »
Quel humour, quel sens du symbole, de la mémoire de l’Histoire qu’ils sont en train d’écrire.
Quel clin d’œil bien appuyé, depuis ce coin reculé et paisible du Sud-Ouest, à Paris, à l’Élysée bunkerisé du 10 décembre.
Là où Emmanuel Macron s’ingénie à gommer toutes ces séquences qui ont profondément montré sa faiblesse et dégradé son image, en décembre et en mars, les gilets jaunes viennent les lui rappeler.
Il y a une forme de défi, mais aussi une espérance dans la victoire, dans cette construction.
Une forme de naïveté enfantine, aussi, qui ne devrait laisser personne indifférent.
Le symbole est puissant, sur ce rond-point de l’Olivier – du nom d’Olivier Daurelle, gilet jaune villeneuvois décédé en décembre.
Et, face à cela, la seule réponse de l’État est la destruction, pour des raisons techniques et de sécurité, selon la préfecture.
On ne dira jamais assez à quel point l’État macronien est, plus que jamais, un monstre froid qui n’a rien compris à la nature profonde de cette révolte, qui révèle, une fois de plus, sa soif de reconnaissance et son inventivité.
Pour défendre leur arc de triomphe, les gilets jaunes ont mis en avant l’aspect créatif et artistique de l’œuvre.
Extraordinaire !
Et c’est ce préfet, cet État, qui subventionne par ailleurs à coups de millions d’euros des « installations » dont on peine souvent à déceler la puissance symbolique ou artistique, cet État qui nous demande de nous extasier devant des horreurs, ce même État qui s’était scandalisé de l’incendie de la Main jaune sur l’un des ronds-points les plus laids de France, qui, là, dénie aux gilets jaunes tout sens artistique ?
C’est un mépris et un deux poids deux mesures supplémentaire.
L’événement n’a pas échappé au député de La France insoumise François Ruffin qui, sur son site, a apporté son soutien à l’arc de triomphe de Villeneuve-sur-Lot dans un texte intitulé « Monsieur le Ministre, allez-vous détruire les Champs-Élysées ? »
Il est également venu sur le plateau de Frédéric Taddeï (qui a, lui-même, fait un détour par ce rond-point en passe de devenir un symbole national des gilets jaunes) rendre compte de son courrier au ministère de la Culture – aujourd’hui sans réponse.
Pour le moment, le pouvoir n’a trouvé comme réponse à cette soif symbolique que la destruction et l’installation de radars “tourelles”, encore plus performants et indestructibles, eux.
Décidément, Emmanuel Macron et les gilets jaunes ne parlent pas le même langage.
Dominique Monthus
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