Charles Demassieux
Les journalistes de France Télévisions ont voté à 84 % une motion de défiance à l’encontre de Delphine Ernotte
Delphine Ernotte, actuelle présidente du groupe France Télévisions, c’est d’abord ça :
« On a une télévision d’hommes blancs de plus de 50 ans, et ça, il va falloir que cela change. »
”Comme elle le déclarait peu après sa prise de fonction en 2015.
Et l’on peut dire que l’entreprise multiculturelle de rajeunissement de cette « Tata flingueuse » (dixit Valeurs actuelles) tourne à plein régime depuis qu’elle est aux commandes du service public.
Exit les émissions « ringardes » – « 30 millions d’amis » – ou non conformes à la nouvelle ligne idéologique – « Ce soir (ou jamais !) ».
Exit, aussi, les présentateurs trop blancs et trop vieux, dont Georges Pernoud – à la tête de l’émission « Thalassa » depuis quarante ans, qui a préféré « prendre les devants » et partir, tout en déplorant l’ambiance de France 3, aux mains de Dana Hastier, directrice des programmes, autre flingueuse du service public – et Frédéric Taddeï, lequel, lapidaire, « estime que Delphine Ernotte “ne connaît rien à la télé et est en train de casser le groupe” » (Le Figaro).
Certes, l’intéressée doit faire face à des coupes budgétaires drastiques – le 21 décembre, elle présentera un vaste plan de réduction des dépenses au conseil d’administration –, mais cela ne saurait expliquer entièrement que « les journalistes de France Télévisions [aient] voté à 84 % une motion de défiance à l’encontre de Delphine Ernotte, avec un taux de participation de 69 % sur environ 700 journalistes » (Le Point).
Les salariés du groupe devaient donc se prononcer sur la question suivante : « Faites-vous confiance à Delphine Ernotte pour préserver la qualité et les moyens de l’information à France Télévisions ? »
Une motion de défiance à laquelle la présidente de France Télévisions – ainsi que Michel Field, qui démissionna alors de son poste de directeur de l’information du groupe – avait échappé de justesse après l’éviction de David Pujadas.
Car si les journalistes protestent effectivement « contre une baisse, en 2018, des moyens et des effectifs alloués à l’information sur les chaînes du service public » (Le Monde), l’atmosphère distillée par Delphine Ernotte depuis son arrivée a sans doute contribué à ce résultat de 84 %.
Même Emmanuel Macron, selon des propos rapportés dans la presse, serait excédé par la tournure que prend le groupe France Télévisions.
Elle semble vouloir en effet transformer le paquebot France Télévisions – indéniablement compliqué à manœuvrer – en un nouveau Canal+, avec la démagogie bien-pensante et progressiste qui va avec. Autrement dit, la télévision publique doit avoir une saveur germanopratine et être expurgée de la plus petite velléité traditionnelle.
Un membre éminent du groupe France Télévisions, interrogé par Valeurs actuelles, résumait ainsi l’action de Delphine Ernotte :
« C’est une idéologue, elle représente cette gauche culturelle de l’entre-soi qui pense que la télé doit être sympa et bobo […] Ça ne la dérange pas de s’adresser à un petit milieu parisien : tant que ça plaît à 10.000 “twittos”, elle est heureuse. »
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