par Laurent Lagneau
Le 19-07-2017
« Quand on veut faire quelque chose, on trouve les moyens. Quand on ne veut pas, on trouve des excuses », dit un proverbe arabe.
Et lors de sa visite aux aviateurs déployés sur la base H5, en Jordanie, dans le cadre de la coalition anti-jihadiste, la ministre des Armées, Florence Parly, a donné le sentiment de chercher des excuses pour justifier les coupes budgétaires de 850 millions d’euros dans les dépenses militaires du pays.
Pour les Armées, dont le budget représente 1,7% de PIB alors que la dépense publique totale s’élève à 56% du PIB, doivent faire plus d’efforts que les autres?
« Certains ministères comportent un budget axé sur de fortes masses salariales et peuvent donc être moins sollicités », a justifié Mme Parly dans les colonnes du Figaro (édition du 19 juillet).
D’où la ponction opérée sur l’équipement des Forces, traditionnelle variable d’ajustement budgétaire. « Nous ferons porter ces réductions sur les programmes d’investissement sur le long terme. Cela n’aura donc pas d’impact sur le budget d’intervention en 2017 et en 2018 et sera géré dans le cadre de la Loi de programmation militaire 2019-2025 », a ajouté Mme Parly.
Et encore, d’après la ministre, les coupes exigées par Bercy auraient être plus importantes encore.
Et cela, alors qu’elle a souligné l’importance de la mission des aviateurs de base H5 pour « pour la sécurité de nos concitoyens ».
Quant aux 50 milliards d’euros d’ici 2025 (hors pensions et surcoûts liés aux opérations intérieures et extérieures) promis aux armées par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentiel, bien malin qui peut dire comme le gouvernement va s’y prendre pour atteindre cet objectif.
La ministre parle d’une hausse de 5% du budget en 2018, mais avec 650 millions d’euros prévus pour financer les OPEX.
Clairement, le compte n’y est pas, à moins de mettre le turbo les années suivantes.
« Je garantis que nous nous donnerons tous les moyens d’organiser de façon maîtrisée et raisonnable une montée en puissance vers les 2% », a-t-elle toutefois assurée.
En attendant, le général Pierre de Villiers, sévèrement tancé par le président Macron devant le front des troupes, la veille du 14-Juillet, pour avoir simplement défendu le budget des armées pour permettre à ces dernières d’accomplir les missions décidées par l’exécutif, ne croit pas aux lendemains qui chantent.
« C’est un grand soldat, c’est un homme d’une très grande intégrité, d’une très grande exigence avec qui j’ai eu des relations extrêmement fortes. […] Il a toujours eu une clarté du verbe qui lui appartient », a dit de lui Jean-Yves Le Drian, l’ex-ministre de la Défense et soutien de poids du président Macron.
Mais malgré le soutien moral de M. Le Drian, le général de Villiers a remis sa démission au président Macron, qui l’a acceptée alors qu’il venait de le prolonger dans ses fonctions jusqu’au 31 juillet 2018.
« J’assume les responsabilités de chef d’état-major des armées depuis trois ans et demi. Je suis pleinement conscient de l’honneur qui m’est fait, de la confiance qui m’a été accordée et des devoirs qui sont attachés à cette fonction. J’ai toujours veillé, depuis ma nomination, à maintenir un modèle d’armée qui garantisse la cohérence entre les menaces qui pèsent sur la France et sur l’Europe, les missions de nos armées qui ne cessent d’augmenter et les moyens capacitaires et budgétaires nécessaires pour les remplir », a commencé par souligné le général de Villiers, via un communiqué.
« Dans le plus strict respect de la loyauté, qui n’a jamais cessé d’être le fondement de ma relation avec l’autorité politique et la représentation nationale, j’ai estimé qu’il était de mon devoir de leur faire part de mes réserves, à plusieurs reprises, à huis clos, en toute transparence et vérité », a rappelé le CEMA.
Aussi, a continué le général de Villiers, « dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays. »
« J’éprouve une vraie reconnaissance envers nos soldats, nos marins et nos aviateurs avec lesquels j’ai partagé ma vie, pendant quarante-trois années, au service de la nation, en toute sincérité. Je sais pour les connaître qu’ils continueront à assurer la mission aux ordres de mon successeur avec autant de détermination et de fidélité », a ajouté le CEMA.
Et de conclure : « Je reste indéfectiblement attaché à mon pays et à ses armées. Ce qui m’importera, jusqu’à mon dernier souffle, c’est le succès des armes de la France. »
Dans sa dernière lettre à un jeune engagé, le général de Villiers avait réservé le thème de la prochaine, contrairement à ses habitudes.
À la lecture de son communiqué, l’on peut supposer que son texte aurait porté sur la « Dignité ».
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