Les Anglais ont mal voté et cela ne doit pas se produire en Suisse : c’est ce que pense, assurément, la conseillère d’État et conseillère nationale zurichoise Jacqueline Fehr à propos du « oui » au Brexit pour lancer semblable proposition !
Les « vieux » seraient, selon les derniers sondages anglais, responsables du « oui » au Brexit ? Salauds de vieux !
Les voix de ces abrutis soi-disant « de facto moins concernés » que les jeunes – qui auraient plébiscité le maintien de leur pays dans l’Union européenne – n’ont qu’à compter deux fois moins !
 Et toc !
 C’est ce qu’on apprend de l’interview de ladite conseillère accordée au Tages-Anzeiger.
En voilà une idée qu’elle est bonne, aurait dit Coluche !
La dame se montre même plus précise : si chaque voix des 18 à 40 ans devrait compter double, celle des 40 à 65 se réduirait à 1,5 et les plus de 65 ans à 1.
À ce rythme-là, peut-être bien qu’à 80 ou 70 ans (pourquoi pas) il deviendrait interdit de voter. Remarquez, en France, nous avons bien un Jacques Attali qui préconisait une méthode radicale : l’euthanasie à 65 ans…

« Un malus vieillesse », en quelque sorte, en opposition à un « bonus jeunesse » à l’argumentaire complètement fallacieux.
Selon la socialiste Fehr – qui se targue, sans état d’âme, de décréter pourtant « équivalentes » les visions du monde de l’une et de l’autre -, si la démocratie ne peut plus s’exprimer correctement, c’est donc à cause d’un trop-plein de « vieux » dont les voix « étouffent » celles des jeunes, les seuls (paraît-il) à apporter « des objectifs, des aspirations ».
Quelle avancée par rapport au suffrage censitaire, en 1789, qui n’autorisait à voter que les chefs de famille de plus de 25 ans payant l’impôt !
Mais la socialiste Fehr a plus d’un tour dans son sac.
Comme elle doute – quand même un peu – de la mise en pratique de cette idée, elle émet celle d’accorder le droit de vote à 16 ans et de l’ouvrir aux étrangers.
Tiens donc, on a déjà entendu ça chez nous !
Qui finirait par compter double, aussi ?
Et le vote des femmes, des homosexuels, des écolos, des journalistes, des enseignants, ils ne pourraient pas compter triple, quadruple, pendant qu’on y est ?
 Et comment savoir, lors du dépouillement, qui est quoi, dans cette histoire ?
 Peut-être bien qu’un jour, voter ne sera plus anonyme ; peut-être bien qu’un jour, voter sera devenu obsolète ou plutôt transformé en une grande farce.

Vous croyez que je délire ?
Pas du tout !
 D’ailleurs, Jacqueline Fehr s’est certainement inspirée d’Avenir suisse, un think tank comme on les aime.
 Pour Avenir suisse, la solution est simple.

Sous couvert de défendre « une démocratie directe » prétendument déséquilibrée à cause, donc, du nombre croissant de « vieux » par rapport au nombre de jeunes, « les analystes libéraux » plaident pour « une plus grande éducation civique » et l’idée d’un droit de vote… des enfants dès leur naissance, qui serait exercé par leurs parents !
On ne s’esclaffe pas !
Créer des citoyens de seconde et troisième zone : c’est beau, le socialisme suisse !

 On ne ferait pas ça chez nous…