Publié le | Le Point.fr
Hommage aux victimes à Nice. © Pascal Rossignol/ Reuters
Ne nous voilons plus la face, nous sommes incapables de lutter contre le terrorisme. On abdique ou on se révolte ?
La France est en alerte maximum contre le terrorisme.
L'état d'urgence s'accompagne d'un contrôle accru aux frontières, d'une mise en alerte de tous les services de renseignements, d'opérations préventives contre des individus suspects, de milliers d'hommes envoyés pour lutter contre l'État islamique et, maintenant, d'un rappel de la réserve opérationnelle pour épauler des forces de l'ordre saturées et épuisées de patrouiller des heures durant dans les rues de nos villes.
Un État de droit et une démocratie comme la France ne peuvent pas lutter à armes égales avec des États terroristes dont le but est de déstabiliser l'Occident, quels que soient les conséquences et les moyens utilisés.
Daech peut mobiliser en permanence des milliers de fanatiques prêts à perdre la vie, et réveiller en Europe d'autres milliers de consciences disposées à jouer les bombes humaines et les kamikazes.
Notre tolérance les galvanise
Face à cela, nous faisons des moulinets avec un sabre de bois : les gardes à vue en matière de terrorisme ont été portées à quatre-vingt-seize heures, la belle affaire.
Les Français ont compris qu'ils n'étaient pas protégés
Les écoutes ou rétentions administratives sont très sévèrement encadrées par le juge, qui limite trop volontiers leur portée...
Nous accordons une place centrale aux libertés individuelles, devenues l'alpha et l'oméga de notre droit, des associations éructent chaque semaine contre certaines inégalités de traitement, des partis politiques s'insurgent contre l'usage de l'état d'urgence...
Il a fallu un an pour que le pouvoir parle enfin de terrorisme islamique, que l'on ne mette pas au panier les témoignages de profs ou d'élus de banlieue qui s'inquiètent que certaines classes et certains quartiers soient aux mains d'extrémistes religieux ou d'associations troubles.
Pendant ce temps-là, des chaînes de télévision et des sites internet qui ont pignon sur rue clament leur haine de l'Occident, appellent au djihad, sanctifient les fous de Dieu meurtriers, justifient l'innommable et donnent du carburant aux malades mentaux de toutes obédiences.
Le combat est trop inégal.
Notre tolérance nous paralyse, mais les galvanise ; nos pudeurs nous inhibent, leur propagande lève une armée ; notre démocratie nous impose des règles, leur fascisme autorise tous les forfaits.
Si, au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo, on pouvait conserver les yeux clos – ou mi-clos –, ce 15 juillet, l'aveuglement n'est plus permis.
Nous devrons changer le rapport que nous entretenons avec nos valeurs et nos exigences.
Que le débat commence enfin !
Annoncer la fin de l'état d'urgence à l'heure du déjeuner pour le prolonger de trois mois la nuit suivante, se présenter comme un chef d'État protecteur le 14 juillet pour confesser, penaud, le lendemain qu'une attaque terroriste vient de tuer plus de 80 innocents, faire valoir des succès militaires en Syrie ou en Irak le jour même où l'on subit un revers meurtrier, c'est révéler publiquement que la France est historiquement à côté de la plaque.
Ce 15 juillet, les Français ont compris qu'ils n'étaient pas protégés.
Le médecin n'a pas encore diagnostiqué la bonne maladie et les médicaments administrés par la politique pénale de Christiane Taubira sont à des années-lumière du traitement de choc qu'il faudrait prodiguer.
Le renseignement en prison n'est qu'embryonnaire, on sait que de dangereux condamnés peuvent communiquer constamment avec l'extérieur, que la clémence sans cesse réclamée à la justice aboutit à remettre en liberté des terroristes assoiffés de vengeance et que la porosité de nos frontières autorise l'internationalisation des atrocités.
Jusqu'à ce matin, il n'était pas convenable d'en parler ni de mettre les pieds dans le plat...
Kamikazes, commandos très bien préparés, véhicules fous, sacs à dos piégés, avion détourné, prise d'otages et, pourquoi pas, demain attaque informatique massive, virus mortel...
Les armées de Daesh ne reculeront devant rien.
Il faudra leur opposer une résistance autrement plus efficace que notre esprit des Lumières, notre société de consommation, notre laïcité, nos valeurs, notre modèle français...
Des mots répétés comme un mantra qui sont la source des maux dont nous sommes la victime...
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