L’information a été révélée ces derniers jours.
Le 22 mars, la Sûreté du Nord et le GIR (groupe d’intervention régional) ont mené un coup de filet visant les activités troubles de Prestige Autos, une société de location de voitures de luxe implantée à Lille-Sud.
Quatre personnes ont été mises en examen.
Deux ont été libérées, sous contrôle judiciaire.
Les deux autres ont été placées en détention provisoire : le directeur de Prestige Autos et sa mère, Fadila Bilem.
Celle-ci est conseillère municipale (PS) de Villeneuve-d’Ascq, où elle préside une amicale de locataires de la Confédération nationale du logement.
Et elle travaille au CCAS de Tourcoing, comme chef de service.
Fadila Bilem est soupçonnée de « blanchiment aggravé », précise le parquet de Lille.
Mais on ignore son rôle précis, peu d’éléments ont filtré.
D’après nos informations, Prestige Autos était dans le collimateur des enquêteurs pour blanchiment, abus de confiance, banqueroute, faux et usage de faux, et abus de biens sociaux.
Créé en 2012, ce loueur de voitures haut de gamme a vite attiré l’attention de la police.
« Des véhicules ont été impliqués dans des trafics de stupéfiants, des délits routiers, des violences et une tentative de meurtre », affirme un proche de l’affaire.
Embarras du PS local
Le maire : « Si je l’avais su… »
Une cinquantaine de voitures (Bentley, BMW X 6, Ferrari 458…) auraient été louées par la société.
Certaines auraient été revendues.
Malgré une liquidation judiciaire en 2015, Prestige Autos aurait continué d’exercer.
Les policiers ont saisi des véhicules, comme une Porsche Macan.
Mais aussi des biens immobiliers appartenant aux deux dirigeants, dont l’un est en fuite, à Lens, Roubaix, Wattignies et Hellemmes.
Et enfin de l’argent liquide, ainsi que des comptes bancaires.
Ces confiscations sont évaluées à 1,8 million d’euros.
Didier Manier, conseiller métropolitain et départemental PS, et Victor Burette, secrétaire de la section socialiste villeneuvoise s’avouent eux aussi surpris par la nouvelle.
Pour l’instant, la section locale du PS n’envisage pas de mesures particulières à son encontre.
Si Didier Manier avait eu vent de démêlés judiciaires en 2002, il pensait que c’était une rumeur.
Quant à Victor Burette, il prétend n’avoir jamais eu connaissance de cette affaire de corruption active dans le cadre d’attributions de logements HLM.
Le maire de Villeneuve-d’Ascq avoue avoir été surpris par la mise en détention provisoire de Fadila Bilem, conseillère municipale de sa majorité.
Militante PS depuis quelques années, mais élue de fraîche date sur la liste commune emmenée par Gérard Caudron (divers gauche), lors des dernières municipales de 2014, Fadila Bilem était particulièrement investie au sein d’une Amicale CNL (Confédération nationale du logement) à Villeneuve-d’Ascq.
« Elle m’avait semblé très hostile à LMH, et à son ancien président, Alain Cacheux. Lorsque nous avons constitué la liste des municipales, je me suis étonné de la voir sur la liste présentée par le Parti socialiste. Non pas par rapport à des soupçons vis-à-vis d’elle, mais elle s’était surtout fait connaître par les conflits qu’elle a eus avec le Parti socialiste. C’est quelqu’un qui est apprécié, une élue de terrain. Je n’avais aucune raison de la suspecter », confie Gérard Caudron, le maire de Villeneuve-d’Ascq.
Ce dernier précise qu’il ne compte pas prendre de mesures particulières, car il n’a pas le pouvoir de la démettre de son mandat.
Il affirme par ailleurs ignorer la condamnation de Fadila Bilem dans une précédente affaire d’attribution de logement HLM en 2002.
« Si je l’avais su au moment de la constitution de la liste, ça m’aurait posé problème. »
Fabien Podsiadlo-Regnier, président régional de la CNL est lui aussi tombé des nues en apprenant l’incarcération de Fadila Bilem, qui préside l’amicale des locataires du secteur du Château, à Villeneuve-d’Ascq.
« Fadila a toujours fait un travail incroyable, elle a défendu sans concessions la cause des locataires. »
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