Michel Lhomme, politologue
La France dépouillée : plus de balles dans les fusils
Récemment, les grands médias nous ont fait part de la grogne des généraux dans l’armée française, une armée française sollicitée de toutes parts alors qu’on n’a pas cessé de réduire ses effectifs depuis des décennies où elle a servi en permanence de variable d’ajustement budgétaire à tous les gouvernement successifs.
Mais il pèse sur l’armée française bien d’autres menaces : une cinquième colonne musulmane dans ses rangs, un commandement direct de l’Otan et situation peut-être encore plus préoccupante, un manque de munitions, en tout cas le démantèlement de son industrie d’armement.
Dans un rapport d’information remis à l’Assemblée nationale le 16 décembre dernier, les députés Nicolas Bays et Nicolas Dhuicq ont en effet dressé l’état des lieux de la filière munitions en France, de la production à son utilisation et ils jugent plus que préoccupante l’absence d’industrie munitionnaire de petit calibre en France, bien que le savoir faire et les outils de production des dites munitions aient été conservés.
Les deux députés ont ainsi mis le doigt sur un problème majeur pour la sécurité nationale qui ne rencontre pourtant aucun écho dans la presse y compris spécialisée.
En fait, depuis 1999, et la fin de la production des munitions de petit calibre par Giat Industries, face à sa pénurie, le Ministère de la Défense lance un appel d’offres tous les trois ans.
Pourquoi ?
Parce que le calibre standard de l’Otan ne convient pas au Famas, le fusil d’assaut de l’armée française.
Ce dernier a recours à des munitions en acier tubé non standards qui sont coûteuses car nécessitant de fait une production à la demande.
Or cette difficulté pour le Famas de se procurer des munitions compatibles n’est pas sans conséquences.
Tout d’abord, cela oblige la France à contracter avec des entreprises privées internationales, ce qui complexifie la démarche de souveraineté et questionne surtout quant à la marge d’autonomie de la politique étrangère française.
Ensuite, cela nous contraint à importer nos munitions par voies maritimes, le marché européen étant réduit et régulièrement saturé par la demande américaine, civile et militaire.
Or, un tel approvisionnement si elle est une démarche peu risquée en temps de paix, pourrait bien représenter une menace considérable en cas de guerre.
Rappelons que l’État islamique contrôle actuellement plusieurs ports et serait en mesure peut-être de rapidement mener des opérations de piraterie en mer Méditerranée.
La réindustrialisation de la France dans le domaine de la production des armes est une nécessité.
Cela ne saurait attendre l’avènement d’un conflit où en l’espace de trois mois, la même quantité de munitions que celle consommée actuellement en trois ans partirait en fumée.
Alors qu’attend-on ?
En fait, le manque de rentabilité d’une production française de munitions de petits calibres est un obstacle.
En effet, le format actuel de l’armée française ne permet pas de consommer l’intégralité d’une production annuelle d’environ cent millions de cartouches, en deçà de laquelle une industrie de ce type ne saurait être rentable.
De plus, la particularité des munitions de calibre 5,56 utilisées par l’actuel Famas est un frein considérable à leur exportation.
Cependant, la solution nationale est envisageable et facile à trouver : il faudrait développer le marché civil de l’armement en France et ce d’autant plus que nous en avons grandement besoin pour faire face aux menaces à venir et surtout afin de contrer le marché noir des armes que la police française semble incapable justement de contrôler.
En favorisant l’émergence nécessaire d’une véritable garde nationale ou en facilitant les démarches d’acquisition d’armes, la France serait effectivement en mesure non seulement d’écouler une production annuelle honorable de munitions, mais en plus de créer une filière industrielle rentable dont l’État a cruellement besoin en cette période de récession économique.
Une fois de plus, comme pour la réforme sur le droit du travail contesté, le frein à la réindustrialisation militaire est idéologique et non matériel. La drauche est anti-armes.
Il ne s’agit donc plus seulement de désarmer le pays moralement (objectif atteint par le service commandé de l’Education Nationale), il s’agit aussi de le désarmer physiquement en le privant en soi de toute formation militaire.
C’est donc sans chemise mais aussi sans pantalon que la France se prépare à la guerre civile à venir, à la grande sauvagerie.
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